20e anniversaire de l'Institut de Locarn : la Bretagne peut demander ce qu'elle veut

Reportage publié le 30/08/14 19:40 dans Economie par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Environ 400 personnes ont assisté hier, sous un chapiteau dressé pour l'occasion sur la pelouse de l'Institut devenu trop petit, au 20e anniversaire de l'Institut de Locarn. Parmi eux, des success stories comme [[Louis Le Duff]], créateur des Brioches Dorées, et du groupe Le Duff, Jean-Jacques Hénaff et beaucoup d'autres...[[Patrick Le Lay]] est aussi venu pour présider le club Erispoé (étudiants bretons) et l'université d'été de l'institut. La chanteuse [[Gwennyn]] est aussi attendue pour clôturer les festivités.

Fondé en 1994 par Joseph Le Bihan, professeur à HEC, et par Jean-Pierre Le Roch, décédé en 2006, créateur de l'enseigne de grande distribution « Les Mousquetaires », l'Institut de Locarn s'est affirmé en 20 ans, comme le think tank de référence en Bretagne. L'institut se définit lui-même comme un «centre de prospective économique oeuvrant pour le développement économique et culturel de la Bretagne et la formation des entreprenants». Locarn, au fil des ans a su allier volonté de changer les choses et partage des connaissances acquises. L'Institut croit au futur de la Bretagne et aux potentiels de la culture entrepreneuriale bretonne.

Ceux qui vont gagner la guerre économique sont ceux qui auront le meilleur logiciel culturel. C 'est l'aptitude d'une culture à créer, à décider, à réagir, qui sera déterminante

Au début décrié, voire diffamé par la presse régionale, l'Institut a fini par s'imposer. Hier, Le Bihan n'a pas mâché ses mots «j'ai été agressé d'une façon ignominieuse par la presse bretonne qui n'est qu'un échelon d'une presse nationale subversive». Le ton était donné.

L'institut est co-fondateur de nombreux projets comme TV Breizh, Produit en Bretagne, l'Institut Technologique de Vannes ou même la Vallée des Saints. Joseph Le Bihan a rappelé ce que lui avait dit un des leaders du miracle japonais plusieurs années avant la fondation de l'Institut «Ceux qui vont gagner la guerre économique sont ceux qui auront le meilleur logiciel culturel. C'est l'aptitude d'une culture à créer, à décider, à réagir, qui sera déterminante». L'étonnante capacité du prof de HEC de voir, d'entrevoir et de prévoir est même documentée par une transparence de «l'homme de l'enseignement et du renseignement» comme l'a défini Gilbert Jaffrelot qui animait la journée, faisant allusion aux activités de Joseph pendant la guerre froide. Joseph Le Bihan avait prédit l'effondrement du système soviétique grâce à ses rencontres avec le conseiller de Mikhaïl Gorbatchev, Alexandre Yakovlev. En juin 2001, Joseph Le Bihan annonçait quelques mois avant, l'attentat du 11 septembre sur les tours jumelles de New-York. C'était le titre d'une de ses diapositives de conférence: «L'aéronef au dessus de New-York». Joseph Le Bihan est une sorte de Nostradamus breton, il en a la culture extensive et la capacité de vision. Sauf que Le Bihan ne se sert pas de ritournelles ou d'anagrammes en alexandrins. Il dit la vérité sans ménage, une qualité bretonne bien connue et pas limitée aux Léonards.

Aujourd'hui, la renommée du think tank breton a dépassé son cadre régional. Pendant la révolte des Bonnets Rouges, les chaînes de France Télévisions et de nombreux médias parisiens sont venus à Locarn «enquêter» sur ce «mystérieux Institut». Ils ont largement divulgué le mythe, à tort ou à raison, du rôle que pouvait jouer le think tank dans la révolte... La presse parisienne, médusée devant l'ampleur d'un mouvement qu'ils n'avaient pas vu venir, et qui ne sortait pas d'une organisation syndicale, cherchait des responsables, des gens qui tiraient des ficelles. La théorie de la conspiration battait son plein et faisait vendre. La réalité est bien plus simple : un des membres de l'Institut, Jean Pierre Le Mat, fait aussi parti du collectif des Bonnets Rouges.

Si vous pensez que vous êtes trop petit pour changer quelque chose, essayez donc de dormir avec un moustique dans votre chambre !.__Le Dalaï Lama cité par Gilbet Jaffrelot

Plus important, le think tank a acquis une renommée internationale, grâce, bien sûr, à la diaspora bretonne, inventoriée et souvent invitée à témoigner, mais grâce aussi aux activités du président de l'Institut, Alain Glon, qui, tout au long de sa longue carrière dans l'agro-alimentaire, a établi des contacts commerciaux, du Vietnam à la Russie, de l'Indonésie au Canada. Sans oublier le formidable réseau de Joseph Le Bihan, issu principalement des liens qu'il a tissés avec tous ses étudiants d'HEC. Ces anciens élèves, devenus aujourd'hui chef d'entreprises ou professeurs eux-même, et pas uniquement en France, sont reconnaissants. Ils n'hésitent pas à venir au fin fond de la Bretagne partager leurs expériences et leur savoir. En guise de remerciements au professeur visionnaire qui leur a appris à réfléchir et à comprendre les mutations profondes du monde dans lequel nous vivons, ils répondent régulièrement à l'appel pour participer aux nombreuses conférences organisées par l'Institut.

Toute la matinée, les témoignages se sont succédés avec plusieurs interventions remarquées comme celles du britto-savoyard [[Xavier Fontanet]], ancien PDG d'Essilor, qui a présenté l'ossature de son prochain livre. Le livre propose une solution chiffrée dans les détails, basée sur des comparaisons avec des démocraties qui réussissent, afin de réformer ce que beaucoup pensent irréformable : La France. En gros, au risque de caricaturer, la France doit régionaliser comme en Suisse, travailler comme en Allemagne (adopter le code du travail et la fiscalité allemands), adopter le système de santé et de retraite de la Nouvelle-Zélande et réduire l'Etat central comme au Canada.

Partout où je vais en France, je ne sais plus très bien ce que signifie être Français, mais quand je viens ici, je sais ce que signifie être Breton__Hervé Juvin

Jean-Yves Le Drian, invité d'honneur, avait cédé la place à Jean-Michel Le Boulanger. Brillant orateur et analyste, auteur de «Etre Breton», Le Boulanger a présenté la Bretagne comme une solution aux problèmes existentiels, égotiques et speedy de l'homme du XXI siècle. Il y a une réponse spécifique de la Bretagne au monde a réaffirmé le vice-président de la Région Bretagne, délégué à la culture.

La conclusion, brillamment envoyée par [[Hervé Juvin]], un essayiste et économiste breton, auteur d'une dizaine d'ouvrages et de nombreuses chroniques dans Le Monde et L'Expansion, a terminé la journée sur une note optimiste avec l'affirmation que la Bretagne, forte de son identité retrouvée, face à «un système jacobin vermoulu», «[...]peut demander ce qu'elle veut». «Partout où je vais en France, je ne sais plus très bien ce que signifie être Français, mais quand je viens ici, je sais ce que signifie être Breton [...] ce que je ressens aujourd'hui c'est la magie des recommencements» a déclaré le brillant économiste sous des applaudissements. La journée s'est terminée par un bro-gozh, l'hymne national breton.

Philippe Argouarch


Vos commentaires :
Yannig Baron
Jeudi 14 novembre 2024
Très belle journée avec le soleil...Très belle journée car pleine d'optimisme et d'enthousiasme... et d'exposés de haut niveau... très belle journée car avec un suivi plein de jeunes.

Très beau final avec les jeunes filles et le Bro Goz...

Tous à Nantes le 27 de ce mois pour gagner.

Ce qui est en jeu c'est la réunification, c'est l'emploi et l'économie, c'est la culture. Bref, c'est l'avenir de la Bretagne.

En septembre 2014, ce qui est en jeu c'est l'avenir de la Bretagne et nous allons gagner !

Yannig Baron


Alwenn
Jeudi 14 novembre 2024
«peut demander ce qu'elle veut» ?

Comment ça ??


LHERITIER Jakez
Jeudi 14 novembre 2024
Article très intéréssant.
MAIS que pensent les Bretons entassés dans les cités ghettos,qui ne lisent,plus,qui ne connaissent pas les réseaux d'informations bretons et autres?
Comment peut on être breton dans un HLM avec 50 à 60% de chômeurs?
L'institut de Locarn peut il les aider et comment?
Les silences des politiques bretons au 1er septembre est très inquiétant!

P. Argouarch
Jeudi 14 novembre 2024
@alwenn: La Bretagne a demandé de ne pas avoir d'écotaxe. Elle n'aura pas d'écotaxe.

Fabrice Loussouarn
Jeudi 14 novembre 2024
Réponse à Alwenn. Je n'étais pas à Locarn je ne peux que supputer ce qu'à voulu dire Hervé Juvin; «La Bretagne peut demander ce qu'elle veut...si elle se montre unie.» Le problème des bretons est toujours le même depuis... très longtemps. Chercher un homme politique Breton rassembleur et authentique défenseur des intérêts bretons semble bien difficile par les temps qui courent. Les Bretons aiment par nature les «grandes gueules». Mais le problème est qu'une grande gueule est souvent, pour ne pas dire toujours en Bretagne un «gros ego» qui défend sa corporation politique ou économique en «chiant» pardonnez-moi l'expression sur tous ceux qui ne pensent pas comme lui.Ce n'est pas comme cela que l'on rassemble. Écouter, comprendre, rassembler au delà des différences, cela demande de la MATURITÉ .Tant que cet homme ou cette femme ne sera pas présente sur le « domaine public national Breton», la Bretagne risque de ramer encore longtemps.
Ker Âbime

Ronan KERGUELEN
Jeudi 14 novembre 2024
Très belle initiative que cet institut dont la création par des visionnaires nous permet de réfléchir sur un avenir commun face à cette mondialisation qui galope ...Tous à Nantes le 27 septembre. Et je suis totalement d'accord avec Jakez LHERITIER sur le silence d'une imposante majorité de nos élus ... J'oubliais ! LA ROCHELLE doit sans nul doute être un sujet tellement important pour l'avenir des bretons et des bretonnes et l'avenir de notre terre. Le PS est pitoyable...

Job LE GAC
Jeudi 14 novembre 2024
@LHERITIER: L'Institut tire tout un chacun vers le haut, et c'est bien ce qui faut faire !

Avant l'Institut, il n'y avait rien ! on ne va tout de même pas faire comme en France, rester là à se plaindre en regardant son nombril !!

Magnifique journée en effet que celle de ces 20 ans d'existence !

Mesdames, Messieurs les entrepreneurs, qui étiez galvanisés par les paroles notamment de Joseph LE BIHAN, d'Alain GLON et des autres, rendez vous avec l'Histoire, celle qui sera écrite le 27 septembre prochain à Nantes !

Après les paroles, des actes ! et l'Institut de Locarn en est capable !!


Ed du
Jeudi 14 novembre 2024
@ P. Argouarc'h:
«La France doit régionaliser comme en Suisse». ??? Chaque Canton en Suisse est un ETAT! et non pas une région.
«Travailler comme en Allemagne». !!! Travailler comme en Suisse cela suffit amplement. Vraiment.

Alwenn
Jeudi 14 novembre 2024
«La Bretagne a demandé de ne pas avoir d'écotaxe. Elle n'aura pas d'écotaxe.»

Mouais. Ce n'est pas «la» Bretagne, mais les Bonnêts Rouges, et dans quelles conditions et avec quels conséquences : une main arrachée, un agriculteur à qui l'Etat demande plus de 1.000.000 d'euros. Et tout ça juste pour ne pas avoir ce qu'on n'avait pas demandé ! Et qu'on aura quand même un peu, entre Rennes et Nantes !

Pour ce qui est des autres revendications : Rien !

On n'a pas encore trouvé le bon moyen pour avoir ce qu'on veut.

Les Bonnêts rouges nous ont réappris, si on l'avait oublié, que seuls des moyens de pressions, et la «violence» en est, peut amener quelque chose à la Bretagne, qui n'obtiendra rien par les moyens démocratiques.


Ed du
Jeudi 14 novembre 2024
La Bretagne peut demander ce qu'elle veut: sa REUNIFICATION .

LHERITIER Jakez
Jeudi 14 novembre 2024
A Job Le Gac:que vous tiriez vers le haut,vous êtes dans votre rôle et vos objectifs.
Je demande comment faire pour le peuple breton,dans ses ghettos urbains,et qui ne regarde que «les émissions poubelles parisiennes»et qui est déculturisé sur son histoire et qui ne peut pas faire de projets:pas de boulots et avec des familles cassées ?
Chacun son rôle?

Pour le 27 septembre,j'attends un plan d'action sur le terrain,construit avec les organisations bretonnes:AVANT LA MANIFESTATION.Défiler seulement,ne suffit plus!
je ne vois rien venir encore!On cause,on cause....!

L'institut de Locarn avec ses adhérents de hauts niveaux,ses dirigeants-certains très fortunés devraient créer une «agence bretonne de l'emploi»en régie et favoriser nos jeunes de préférence.Les partis politiques français pratiquent ces embauches clientélistes depuis toujours?


Alan PRYTGWENN
Jeudi 14 novembre 2024
Je ne connaissais pas mais cet institut me paraît une excellente initiative !

Au XXIème siècle, la plus grande richesse économique d'une Nation, c'est sa matière grise et son système scolaire et éducatif.


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