Co-organisé par le Conseil démocratique kurde en France, la Représentation internationale du Mouvement des Femmes kurdes et la Coordination nationale Solidarité Kurdistan, ce colloque s'est tenu à Paris le 28 janvier dernier, sous le haut patronage de Marie-George Buffet, députée et ancien Ministre, avec la participation d'éminentes personnalités dont Selahattin Demirtaş co-président du HDP?, Parti de la Démocratie des peuples.
En marge du colloque, La délégation du HDP conduite par Selahattin Demirtaş a été reçue par Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du Parti socialiste, député, vice-président du Parti socialiste européen, Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français, député européen et président du Parti de la Gauche européenne (PGE), et Jean-Christophe Lagarde, député, Président de l'Union des démocrates et indépendants (U.D.I.).
Ce mercredi 9 janvier 2013 est gravé à tout jamais comme un jour noir dans l’histoire kurde, mais aussi dans la nôtre, amis du peuple kurde. Ce jour-là, trois militantes kurdes, Sakine, Rojbîn, Leyla, étaient froidement assassinées à Paris. C’étaient nos amies, nous partagions avec elles, dans l’action militante, cet amour de la liberté, cette envie de vivre heureux dans l’égalité des droits et dans la fraternité des peuples. Nous demandons pour elles « Vérité et Justice ». Les intérêts économiques, financiers, stratégiques et diplomatiques de la France et des pays européens, ou toute autre raison d’Etat, ne peuvent être opposés à la transparence et au droit international. Il y va de l’honneur de la France.
Ce triple assassinat exécuté sur le sol français a été commandité par une puissance étrangère membre de l’OTAN, amie de la France. Nous le savons, la justice française le sait, les officines, les chancelleries de par le monde le savent. Le gouvernement français ne peut l’ignorer, ne peut le nier.
A l’occasion de ce colloque, rappelons les paroles de M. le Ministre de l’Intérieur, aujourd’hui Premier Ministre, au lendemain de l’assassinat : « Soyez assurés de la détermination des autorités françaises à faire la lumière sur cet acte». Soyez assuré, Monsieur le Premier Ministre, de notre détermination à exiger des autorités françaises qu’elles fassent toute la lumière sur cet horrible forfait. Elles devraient, comme l’a souligné Selahattin Demirtaş co-président du HDP?, Parti de la Démocratie des peuples, faire pression sur le gouvernement turc pour reprendre le processus de paix engagé avec la communauté kurde élargie. Le retour à la paix civile en Turquie aurait une influence considérable dans leurs relations mutuelles avec les pays voisins et particulièrement avec la Syrie et l’Irak. Une coopération réelle entre la France et la Turquie pour trouver les responsables du meurtre des 3 militantes kurdes permettrait la reprise du processus de paix. Elle contribuerait à stopper l’invasion du prétendu Etat Islamique (Daesh) au Moyen Orient et à éloigner la menace terroriste des pays européens. La Turquie serait contrainte à ne plus jouer double jeu.
Ces trois femmes militaient pour la paix et pour les droits des femmes. C’est pourquoi il nous est particulièrement insupportable que la presse turque ait pu titrer au lendemain des assassinats : « Trois femmes terroristes assassinées à Paris ».
Défendre la mémoire de Sakine, Rojbîn et Leyla est une cause citoyenne et nous demandons une autre politique de la France et de l’Europe que celle de soutien et de compromis avec la Turquie d’Erdogan.
Quand le président Erdogan cite comme référence « l’Allemagne d’Hitler », cela devrait ouvrir les yeux de tous les gouvernements démocrates et dissuader le gouvernement français de passer de nouveaux accords sécuritaires avec la Turquie.
Les peuples ne font jamais le choix de la guerre. C’est quand il n’existe pas d’autres voies pour s’opposer aux politiques de domination qu’ils ont recours aux armes pour défendre leur liberté, leurs droits, leur sol, leur dignité.
Au cours du deuxième semestre 2016, aura lieu le procès de l’accusé. L’instruction est close et l’affaire renvoyée devant la Cour d’assises de Paris, spécialement composée en matière terroriste. Le procès permettra-t-il de démasquer les commanditaires ? Le Parquet, suivi par le juge d’instruction, estime que de nombreux éléments de la procédure permettent de suspecter l’implication d’un service secret d’un Etat étranger, en l’occurrence le MIT? turc, dans l’instigation et la préparation des assassinats. C’est une première ! Il est établi, en effet, que l’accusé avait une activité d’espionnage avérée. Mais il reste à établir à quel niveau de la hiérarchie l’ordre de tuer a été donné. Reste également à établir le rôle des services français. Ont-ils été abusés ? passifs ? ou actifs ?
Dans le dossier des militantes kurdes, comme dans celui de Dulcie September, de Mehdi Ben Barka, ou celui des militants tamouls, algériens, tchadiens, palestiniens, basques… la France s’honorerait de faire toute la lumière pour établir toutes les responsabilités et condamner les coupables, commanditaires, exécutants et complices. Faudra-t-il, pour faire éclater la vérité, créer un nouveau «Tribunal Russell» ? La question est posée.
• Pour honorer la mémoire des victimes,
• Pour permettre aux proches de faire le deuil,
• Pour donner un signe fort à tout un peuple
Non, Sakine, Rojbîn, Leyla ne sont pas mortes pour rien !
Oui, le combat pour la liberté continue !
Paris, 28 janvier 2016
■