En réaction au meurtre odieux de Samuel Paty, on entend les forces de l’establishment faire feu de tout bois contre les rayons communautaires, les prénoms régionaux. Un député va même jusqu’à solliciter le placement des enfants des fondamentalistes religieux dans les foyers… On invoque les mannes de l’universalisme républicain.
Ces réactions d’homme blessé voilent une réalité de plus en plus évidente pour tous : l’échec de « l’universalisme républicain » face à la résistance d’une communauté musulmane confiante dans la supériorité de ses valeurs et forte du soutien d’une grande partie du monde musulman.
Dans la tourmente accentuée par la commission d’un nouvel attentat dans une Eglise à Nice, le Président Macron réaffirme le droit au blasphème tout en recherchant l’apaisement avec le monde musulman.
En réalité, c’est une victoire pour la communauté musulmane. On voit mal comment nos enseignants oseront à nouveau présenter en classe d’instruction civique les fameuses caricatures de Mahomet comme symbole de la liberté d’expression menacée. Vont-ils risquer une décapitation, une manifestation monstre à Islamabad, sous le regard distancié de leur hiérarchie ?
La République a peur. Elle prend des gants et aménage le deux poids deux mesures. Si le droit au blasphème trouvera toujours à s’appliquer à l’égard des autres religions, il sera en quelque sorte suspendu au regard de la « fraternité due au monde musulman », pour reprendre l’expression du président du Conseil français du culte musulman.
La République se montre tellement soucieuse de donner des gages de bonne volonté aux musulmans qu’elle annonce qu’elle fera un effort sans précédent pour que l’école de la République enseigne la langue arabe aux jeunes de confession musulmane.
Je m’interroge sur ce qui reste aujourd’hui de « l’universalisme républicain », dans ce « deux poids deux mesures ».
La République est un principe émancipateur qui relie tous les hommes, mais à condition de ne pas être dévoyée dans son principe même. Pour libérer les hommes et les peuples, la République ne saurait s’abîmer dans la discrimination.
En tant que Breton, je ne peux comprendre ce « deux poids deux mesures ».
Si je reconnais le droit pour chaque individu d’accéder à sa langue et sa culture d’origine, je ne peux comprendre que la République consacre des moyens considérables à l’enseignement de la langue arabe, y compris en Bretagne, tout en s’opposant farouchement à l’enseignement de la langue bretonne à nos jeunes (moins de 4% des jeunes de Bretagne reçoivent aujourd’hui un enseignement bilingue).
La réforme Blanquer, loin de favoriser l’enseignement de nos « langues régionales », leur a asséné un coup de massue, en les assimilant à des langues mortes dont le choix ne présente plus d’utilité pour nos jeunes lycéens.
Que reste-t-il de « l’universalisme républicain » dans ces conditions ?
A partir du moment où « l’universalisme républicain » ne s’impose plus à la communauté musulmane, dont on ménage les intérêts, pourquoi s’imposerait-il aux autres communautés ?
Après avoir faire disparaître l’usage courant de nos langues du pays, la République française s’apprêterait ainsi à promouvoir l’apprentissage et l’usage d’une langue exogène sur le territoire national ?
Ceux qui luttent pour l’enseignement de la langue bretonne ne peuvent qu’être favorables à l’enseignement de la langue arabe, car il faut savoir être cohérent et universaliser son combat. L’accès à la langue de ses origines est un droit fondamental pour tous les enfants, conformément à la convention des Nations-Unies sur les droits de l’enfant.
Pour surmonter ces difficultés, il n’y a qu’un seul chemin à suivre, celui de l’universel. La République doit s’ouvrir à ses territoires historiques et à ses langues minoritaires qui méritent autant de respect que la langue française.
Compte tenu de la gravité de la crise actuelle et du risque encouru de sombrer dans l’extrémisme, la nation doit se réconcilier avec sa propre diversité, c’est-à-dire avec elle-même. Nos langues minoritaires sont autant de sources de bien-être, de lien social et d’égalité des chances.
La France tournée contre elle-même ne réussira jamais à surmonter l’écueil musulman et sombrera dans l’anarchie. Il est temps de refaire société avec l’autre et non plus contre l’autre, sous l’égide de valeurs universelles retrouvées.
« L’universalisme républicain » dans le rejet d’autrui n’est qu’une imposture. Il serait temps de s’en apercevoir.
Yvon Ollivier
Auteur
■En ce qui concerne le droit au blasphème, il semblerait acceptable tant qu'il touche aux croyances des autres, il me sembhe que la loi puni toute attaque contre le drapeau et autres. La France n'est pas un pays laïc, il a aussi sa religion, son totem et ses curés, suffit de d'observer les choses interdites de remettre en question.
Quelques petites remarques, si tu veux bien:
- oui, la liberté d'expression est un bien précieux à défendre, mais fallait-il pour autant passer par la présentation, en classe, devant des enfants, de caricatures grotesques et obscènes? Sincèrement, n'y avait-il pas d'autre moyen de présenter ce principe fondateur ? Evoquer peut-être des philosophes français du 18eme siècle, par exemple, plutôt qu'offrir cette outrance facile et, au demeurant, très «vendeuse»?
- Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a récemment déclaré que la liberté d'expression est à défendre, certes, mais «qu'elle n'est pas sans limite.» Sages paroles, loin des rodomontades guerrières d'un Maron arc-bouté sur ses principes laïcards. Oui, on peut blasphémer en France, blessant par là-même des croyants dans leur foi et leurs convictions. Mais ça sert à quoi? A vivifier le vivre-ensemble, sans doute? Oui on peut blasphémer et rire de tout en France - encore que... - mais personne n'y est obligé. Cette espèce de
jusqu'au boutisme posé comme principe qui exclue toute crtitque - «j'ai le droit, donc je le fais, et je vous emmerde (sic) - relève selon moi de l'attitude infantile du sale gosse qui se croit tout permis.
- j'ai enseigné pendant des années le breton comme instituteur bilingue dans une école catholique (Ma Doue benniget, houmañ ne oa ket b'ar skol an diaol, credabl! - parce que je voulais, à ma mesure, tenter de sauver une langue en réel danger de mort. L'arabe est parlé par des millions de personnes, et c'est tant mieux. Je pense donc être cohérent en te disant que je ne suis pas d'accord avec toi et que je ne suis pas favorable à l'enseignement de l'arabe à l'école. Cette proposition - et là je suis d'accord avec toi - n'est qu'un petit hochet concédé par une »république« français aux abois, quine sait plus comment faire pour se dépêtrer de son laïcisme ringard. Et surtout, qui a peur.
- Tu parles de prendre le chemin de l'universel? Mais la »république" française en est bien incapable, car elle ne l'a jamais cherché, ce chemin. Vaut mieux la quitter, cette France arrogante qui se croit encore la lumière du monde (défense de rire!). Bien à toi, Michel
Ce qui me sidere quand je viens en Bretagne, c est l absence de connaissance pratique sur le monde. A l international, si j adopte des ideaux ci-dessus, je me fais escroquer, je meure ou je ne parle que le francais.
Le meilleur conseil prive qu un professeur de langue (Rennes) m a donne : «tu n apprendras jamais une langue a l ecole ici».
Il y a quelques mois je prends un bus a la gare de Rennes. Personne parmi le chauffeur, passagers ... ne fut capable de parler avec une Roumaine en anglais. Je l ai aide quand j ai vu que personne ne pouvait converser en anglais.
En plus d un metier, l apprentissage d une langue demande des annees d effort, des heures par jour pendant 5-10 ans. Quelques exceptions peuvent etre polyglottes, surtout quand ils sont a des carrefours linguistiques. Les budgets en temps et argent affectes a une matiere seront toujours au detriment des autres.
La mission primordiale de l'école devrait être le respect de soi-même et de l'autre.
Sans ce changement de mentalité la liberté d'expression est inconcevable face à la réalité : l'autre est différent de moi.
Apprendre plusieurs langues c'est très bien. Mais quand on parle devant vous en arabe ou en breton pour que vous ne compreniez pas.....