"Depuis huit ans vous osez l'imaginaire à nos côtés"

Chronique publié le 24/08/16 19:06 dans Festivals par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin
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Le discours inaugural, devant l'Isole

Le co-directeur du Fourneau utilisait ces termes pour remercier Quimperlé Communauté qui a continué la belle énergie de ce festival, qui concernait en 2008 les seules communes littorales de Moëlan, Clohars-Carnoët et Riec-sur-Belon.

Le fait que la Communauté de communes de Quimperlé soit une des rares collectivités territoriales ayant la compétence culturelle, facilite les choses : la coordination est assurée par des salariés, la mise en commun des moyens techniques est facilitée pour les 34 troupes, les 26 spectacles ayant lieu dans la ville centre, Quimperlé, et les 36 ayant lieu dans neuf autres communes qui changent tous les ans pour les communes rurales.

La salle du Koad Kaer devient alors une ruche où une cinquantaine de salariés et bénévoles s'activent à la bonne marche des spectacles (matériel, presse, accueil des artistes, restauration, etc.).

Le discours des deux co-directeurs est clair : en ces temps troublés, «l'espace public est un enjeu majeur. La liberté de circulation dans l'espace public est primordiale. Les Rias sont devenus une référence nationale. Et les Rias représentent une co-écriture originale faite avec les forces vives d'un pays. Les artistes nous interpellent avec force sur notre quotidien, par leur impertinence et la force de leurs imaginaires».

L'acte inaugural est chaque fois une surprise pour les spectateurs. Deux rescapés en gilet de sauvetage imitent les Bretons qui dansent et invitent les festivaliers à écouter, de l'autre côté de l'Isole, les élus en t-shirt rose (les couleurs de cette année, avec un poisson à tête de chat) qui parlent au micro, avant de traverser la rivière et d'arriver mouillés sur le podium.

Le temps de l'apéritif et voilà un immense camion blanc qui arrive, ressemblant étrangement à celui de Nice, curieux clin d'oeil, involontaire certainement, mais surprenant, précédé d'une partie du bagad Kemperle.

Alors commence le premier «vrai» spectacle : Origami, une danseuse qui évolue au gré des transformation de la remorque du camion tantôt maison, tantôt colonne, à la façon des origamis...


Vos commentaires :
yann le meur
Dimanche 22 décembre 2024
Plutôt que répondre à ces arguments du fourneau, relisons le regretté Philippe MURAY qui écrivait en 2003 lors de la grève des intermittents.. Comprenne qui voudra ou qui pourra !

"Quand le monde festif est-il devenu le système même, autrement dit le monde tout court? Il y a bien longtemps, mais personne ne voulait le voir. On essayait, et on essaie toujours, de dissocier l’art de l’économie et la création du marché. On essayait, et on essaie toujours, de différencier les hôteliers des artistes, les artistes des touristes et les commerçants des intermittents (mais un des slogans de ces derniers était: «Commerçants avec nous, votre fonds de commerce est dans la rue»; ce qui ne les empêchait pas dans le même mouvement de dénoncer la «marchandisation des esprits»), alors que ces catégories se confondent et sont complices sous le signe du festif généralisé.

Ce festif généralisé lui-même s’exprime essentiellement par le théâtre de rue, dont toutes les formes de théâtre ou de «spectacle vivant» ne sont plus que des aspects partiels. On peut aussi en conclure que, même si tant de festivals ont décidé de baisser le rideau, ils ont néanmoins eu lieu. Depuis que le théâtre, en abolissant la rampe, c’est-à-dire la séparation de la scène et de la salle qui donnait au spectateur l’illusion qu’il était au théâtre, a retiré aussi à ce dernier l’illusion qu’il vit quand il n’y est pas, le théâtre est en quelque sorte aboli, comme la plupart des autres arts, et il n’y a plus que ceux qui se prétendent artistes qui ne veulent pas le reconnaître. Ils ont accompli le dépassement définitif de leur pratique dans l’hyperfestivisation, et en ont ainsi fini avec l’art, mais plus que jamais ils veulent qu’on les dise artistes et qu’on les respecte à ce titre.

Mais lorsque les auditeurs d’un festival de jazz doivent enjamber des intermittents couchés, quelle différence cela fait-il avec tant de spectacles où les mêmes intermittents se roulent par terre en vociférant leur indispensable engagement pour les droits de l’homme et contre la guerre?

Il n’y a plus que les artistes qui ne savent pas qu’ils ne sont plus des artistes et exigent le maintien de l’art qu’ils ont liquidé. Mais durant toutes leurs journées de «révolte», il n’y a eu aucune différence entre leur protestation théâtralisée à outrance et ce qu’ils font lorsqu’ils croient faire du théâtre. Se prétendant «debout contre la France totalitaire», se promenant avec autour du cou des pancartes sur lesquelles était écrit «condamné à mort», dénonçant un «massacre des innocents», ils n’ont rien fait d’autre que ce qu’ils font dans l’étalage de leurs «arts de la rue». Ils ont tenu leurs discours moraux habituels et, en bonnes victimes de notre temps, donné toutes les leçons de vertu qui constituent l’ordinaire de leurs fastidieuses «créations». Ils se sont même surpassés (mais surtout dans l’ignominie) lorsque, vers la fin du mouvement, on les a vus défiler derrière un intermittent attaché christiquement sur une croix et fouetté par un compère incarnant le Medef. Oui, les festivals ont bien eu lieu. Qu’auraient-ils été de plus si on ne les avait pas interrompus pour mieux les continuer partout?


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