Avec l'arrivée du porte-avion Clemenceau au port de Brest le 17 mai 2006, voilà 2 ans, de nombreux Brestois souhaitaient voir se créer un chantier de démolition navale dans le port du Ponant, d' autant que d' autres vieilles coques encombraient déjà le fond de la rade et qu' un certain nombre n' allait pas tarder à venir s' ajouter à cette liste : le Colbert, la Jeanne d' Arc ( prévu pour 2010 ), les anciens brise-lames du port du château, des navires civils…..
Ce souhait était conforté par la création d' un groupement d' intérêt dénommé « Brest Force Plus » constitué sur l' initiative de la SIB (désamiantage) et de Brest Récupération (recyclage de métaux) aux fins de créer une filière industrielle de démantèlement de navires dans le port de Brest avec le concours d' une vingtaine d' autres PME locales .
Quelques mois plus tard, cet espoir s'est vite envolé avec la parution du rapport de la MIDN (Mission Interministérielle portant sur le démantèlement des navires civils et militaires en fin de vie). On peut notamment y lire page 11 :
« Dans la mesure où , en Europe, les notions de filière ne concerneront que des navires étatiques et quelques rares navires marchands de gros tonnages, la MIDN recommande de ne pas subventionner la création de nouvelles infrastructures de démantèlement, mais plutôt d' optimiser le jeu de la concurrence entre chantiers . en effet, ceux qui existent déjà ont globalement la capacité d' adaptation pour traiter le volume européen concerné dans les dix prochaines années … »
et pour bien clôturer le dossier brestois, la MIDN écrit :
« la CCI de Brest gestionnaire des bassins du port de commerce , souhaite les utiliser en priorité pour la réparation navale . »
Après l'échec cuisant de la passerelle Ro-Ro du port de Brest, la CCI semble ne pas vouloir soutenir la création d' un site de démantèlement qui soulève, selon elle, « des problèmes d' image et dont la rentabilité reste à démontrer . »
Ainsi, la création d'un chantier de démantèlement de navires à la pointe de Bretagne employant entre 100 et 225 personnes (cas des chantiers américains) ne semble d' aucun intérêt du point de vue économique pour les représentants de l' Etat français et de la CCI brestoise .
Il est préférable, selon la MIDN, d' inciter l' Union Européenne à financer les chantiers internationaux pour devenir des sites propres ( support technique , formation, labellisation). On préconise également d'accorder des aides financières pour inciter les opérateurs à diriger les navires vers les chantiers déjà labellisés.
Il est clair que l' Etat français « en situation de faillite » (dixit François Fillon ) ne subventionnera ni ne favorisera la création d' un site de démantèlement de vieux navires à Brest ; ceci au détriment des emplois qu' aurait amené ce chantier dans un bassin où les menaces se font plus pressantes du fait des restrictions budgétaires imposées au Ministère de la Défense ; établissant ainsi l' échec de la politique économique du Tout Militaire vouée à la Rade de Brest depuis des lustres par les différents gouvernements de droite ou de gauche.
Le silence des élus locaux et leur manque de combattivité à défendre ce dossier, notamment de la part de Mme Marguerite Lamour, députée et membre de la Commission Défense à l'Assemblée nationale de Paris, prouvent une fois de plus que le destin de Brest ne se joue malheureusement pas sur place.
Pour le Parti Breton, la seule réponse à apporter à ce genre de situation est la construction d'institutions politiques et démocratiques autonomes (à l'image de qui existe à travers l'Europe , de l'Ecosse au Pays Basque, etc..) seul gage d' un réel développement économique de la Bretagne et de l' épanouissement des Bretons dans leur vie quotidienne .
Pour le Parti Breton,
Dominique Le Gall
Secrétaire de la Fédération du Finistère
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