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publié le 1/01/70 1:00 dans par pour
t:14

Un beau succès, un goût de trop peu


Un beau succès, certainement, par l'affluence du public et par la richesse des exposés et débats. Un goût de trop peu, certainement aussi, car l'assistance a bien senti, malgré plus de deux heures d'échanges, qu'il reste encore beaucoup à dire, à approfondir et même à découvrir sur ce Nantais. La lecture ou la relecture des livres évoqués ici compensera partiellement ce goût de trop peu, en attendant peut-être un autre débat, une journée d'étude...

Venues de Nantes et des environs, de Saint-Nazaire, de Pornichet, ou encore de Baden, en Morbihan, de Vannes, de Rennes et même du Finistère, pour celles qui ont pu être ‹identifiées›, près de 100 personnes ont assisté samedi à la conférence-débat « Morvan Lebesque, les paradoxes d'un intellectuel breton » qui s'est tenue à Nantes dans l'auditorium Jules Vallès de l'espace Jacques Demy, un amphi convivial de... 80 places.

« Bretagne Plus-Culture et débats Nantes » organisait cette réunion en partenariat avec l'« Institut culturel de Bretagne » à l'occasion de la publication récente, à la Coop Breizh, du livre de Erwan Chartier « Morvan Lebesque, le masque et la plume d'un intellectuel en quête de Bretagne ».

Rappelons que le livre de Erwan Chartier a reçu deux prix en 2007.
— Le prix du Conseil général d'Ille-et-Vilaine, dans le cadre de l'Association des Écrivains de l'Ouest
— Le prix Camille Le Mercier d'Erm décerné par l'Association des Écrivains bretons - Unvaniezh Skrivagnerien Breizh.


Les intervenants étaient Erwan Chartier, journaliste à la revue ArMen et Ronan Leprohon, directeur du mensuel Le Peuple breton.

Pierre Nogues, président de Bretagne Plus, a introduit la conférence en citant un passage du livre de 1970 de Morvan Lebesque : « Français sans problème, il me faut donc vivre la Bretagne en surplus, ou, pour mieux dire, en conscience : si je perds cette conscience la Bretagne cesse d'être en moi ; si tous les Bretons la perdent, elle cesse absolument d'être. » (*).

Yvonig Gicquel, président de l'Institut culturel de Bretagne, présent aux côtés des intervenants, a rappelé, avant d'introduire les acteurs de cette communication, combien ce livre, Comment peut-on être breton ? Essai sur la démocratie française a été important pour les Bretons dans les années 70 et comment il a contribué à éveiller ou réveiller bien des consciences bretonnes. Sans lui le militantisme breton d'aujourd'hui, qui y a pris beaucoup de ses sources et de son énergie, ne serait probablement pas ce qu'il est.

Erwan Chartier a fait là œuvre de journaliste mais aussi d'historien. Il nous a raconté ses recherches, la perception qu'il a eue de la personnalité de Morvan Lebesque, « un pauvre garçon nantais au destin flamboyant », et à la vie bien remplie, ses errements avant et pendant la guerre avec sa brève participation à L'Heure bretonne, où il n'aurait écrit que trois articles, son amitié pour Albert Camus, qu'il tenait en si haute estime qu'il a écrit « Camus par lui-même » en 1963. Erwan Chartier raconte aussi les années de Morvan Lebesque au Canard enchaîné de 1952 à 1970, dont il fut une vedette et l'enfant chéri, et dont les chroniques ont été rassemblées dans le livre « Les Chroniques du Canard enchaîné» publié en 1968.

Complexe, multiple car aussi passionné de théâtre, Morvan Lebesque a écrit quatre pièces, montées par la Comédie de l'Ouest. Les textes en ont été publiés dans la revue spécialisée L'Avant scène. Il a aussi été un pilier de l'émission « Le Masque et la plume » sur France Inter, l'émission culturelle du dimanche soir, ce qui inspira à Erwan Chartier le sous titre de son livre. Il est mort trop tôt, au Brésil au cours d'une tournée de conférences qu'il faisait en Amérique du sud, sur le théâtre et pas sur la Bretagne, comme on a pu le croire, tournée qui s'est révélée épuisante...

La densité de la vie de Morvan Lebesque est impossible à dire en une page ou même en deux heures. Le livre de Erwan Chartier est sans nul doute l'ouvrage de référence incontournable à lire pour toutes les précisions tant chronologiques que bibliographiques qu'il peut contenir.

Ronan Leprohon prend la parole ensuite. Il a connu Morvan Lebesque personnellement, par une rencontre inattendue chez Christiane Rochefort à Paris, alors qu'il le connaissait déjà par ses chroniques du Canard, comme beaucoup de gens en France. Les deux hommes restent en contact et Ronan Leprohon découvre qu'il écrivait déjà dans Ar Vro sous un pseudonyme, Lescop, la forme bretonne de son nom.
Ronan Leprohon nous conte, avec sérieux dans les propos mais verve et humour dans la forme, bien des souvenirs qu'il a de Morvan Lebesque, certains tenant de l'anecdote, d'autres de l'Histoire.
Il précise que « son livre, on ne s'est pas précipité dessus, il s'est vendu à 30 000 exemplaires, et cela grâce aux conférences et promotions personnelles de Morvan Lebesque, ce qui a contribué à l'épuiser avant son départ en Amérique du sud... »
Ajoutant « C'était un OVNI littéraire au début des années 70, ce livre. Il a eu la chance tout de même d'être publié dans la collection Histoire immédiate dirigée par Jean Lacouture, un des rares, un des premiers à s'intéresser au régionalisme ».

L'assistance ensuite est conviée à intervenir. Échanges très vivants et apportant tous d'utiles compléments d'informations ou permettant des précisions de la part des intervenants.
De nombreuses questions et sujets variés sont évoqués. Par exemple, « Lors de la fondation de l'OBE (organisation de Bretons émigrés) en 1976, un prix Morvan Lebesque avait été créé », nous rappelle Jean Cevaër, à l'origine de l'OBE et vice-président de l'Institut Culturel de Bretagne. « Ce prix a été décerné une seule fois, en 1976, la famille s'y étant opposée ensuite ». Un neveu et deux nièces de Morvan Lebesque, étant dans la salle, demandèrent des précisions, qui seront données en coulisses bien certainement. Sa nièce raconte la blessure de la sœur cadette - la préférée de 'Tonton Maurice', sa propre mère, "lorsqu'elle apprit par la presse la mort de son frère..." Son enterrement et surtout la veillée mortuaire, où il aurait été littéralement kidnappé par l'équipe du Canard enchaîné à Paris, furent évoqués, avec mises au point par la famille sur les thèses émises à ce sujet...

Une double question est venue « Ce livre a 37 ans. Serait-il possible de le réécrire maintenant en tenant compte de l'évolution de la Bretagne et du monde, un livre qui aurait un impact équivalent ? Nous avons eu Xavier Grall, Glenmor et Morvan Lebesque. Ils sont morts trop tôt. Ne constatons-nous pas une absence - et un besoin - de voix de cette sorte en Bretagne ? »
Réponse partielle, à compléter un jour : « On ne peut pas réécrire un tel livre. Morvan Lebesque avait une telle force dans l'écriture, une telle rage, que c'est impossible » répond Ronan Leprohon.
Une sorte de conclusion à ces débats qui ont été passionnants, très riches d'échanges à la suite des communications officielles, avec grande convivialité de la part de ceux qui ont été sous l'effet de ce livre en 1970 ou plus tard.

(voir le site) de Bretagne Plus.
(voir le site) de l'Institut Culturel de Bretagne-Skol Uhel ar Vro.

(*) In : Comment peut-on être breton ? Essai sur la démocratie française, Morvan Lebesque, Seuil, 1970, p. 18.

MY Cadiou / ABP


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Samedi 4 mai 2024

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