La montagne balisienne a donc accouchée d'une souris. Comment s'en étonner quand on sait que la plupart des délégués n'ont même pas daigné ôter leur cravate, histoire qu'on puisse couper la climatisation et éviter de déverser dans l'atmosphère quelque mètres cubes de CO2 supplémentaires ? Peut-on sérieusement attendre de ces « élites » autre chose que des gesticulations grenellesques dont le coût retombera, comme par hasard, sur les plus pauvres d'entre nous ?
Certains n'en sont d'ailleurs même pas là. Ne voit-on pas ressurgir toute une cohorte d'endormeurs sortis tout droit des caves du Comité Amiante ou des bureaux d'Exxon qui nous répètent à longueur de livres et d'articles que tout ira bien et qu'il ne faut surtout pas toucher ni à leurs subventions ni à leurs profits ?
Que tout ira bien pour eux, c'est certain, du moins sur le court terme. Pour nous, qui n'avons pas nos entrées dans les ministères, c'est une autre histoire. Quoi que nous fassions, quoi que nous disions, la température moyenne du globe augmentera de deux degrés d'ici à la fin du siècle et comme nos médias semblent accorder plus d'importance aux exploits horizontaux de notre président qu'aux problèmes de la planète, cela a toutes les chances de n'être qu'un début.
Deux degrés, ça n'a pas l'air beaucoup, mais c'est plus que suffisant pour envoyer le désert jusqu'au cœur de nos meilleures terres agricoles. Le processus a déjà commencé, en Australie et ailleurs, et nous en subissons tous les effets, au quotidien, sur les étals et dans notre porte-monnaie.
Il y a pire. Les grands glaciers continentaux, ceux du Groenland ou de l'Antarctique oriental, on commencé à fondre. De l'eau liquide a commencé à se former à leur base, prélude à un possible effondrement et à une augmentation aussi rapide que drastique du niveau des océans. Que celui-ci monte de quelque mètres et ce sont des nations entières qui seront effacées de la surface de la terre, des peuples entiers qui seront jetés sur les routes.
A cause de l'inconscience, de l'inconséquence et de l'incurie de ceux qui nous dirigent, il est probablement impossible de faire autre chose que limiter les dégâts et préparer, dans l'effort et la douleur, les mondes soutenables d'après demain. Il faudra un jour en tirer les conséquences mais au delà de la nécessaire rétribution, ce à quoi il faut nous préparer aujourd'hui, c'est à faire face et à veiller, sans haine mais sans concessions ni illusions, à ce que ceux dont l'incompétence est à l'origine du désastre n'en tirent pas de nouveaux prétextes pour s'accaparer encore plus de richesses.
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