Après une décennie avec des résultats au sommet, le SNP vient de connaître une sévère défaite électorale lors des élections législatives qui ont eu lieu au Royaume Uni le 5 juillet 2024. Il ne gardera que 9 sièges de députés au sein du prochain Parlement à Westminster, contre 48 dans le Parlement sortant. A contrario, les travaillistes, grands vainqueurs du scrutin dans tout le Royaume Uni, passent en Ecosse de un siège à 37 sièges.
Le mode de scrutin britannique est coutumier de ces spectaculaires écarts. En fait le SNP a obtenu 29,9% des voix, perdant un tiers de son pourcentage de voix par rapport à 2019. Mais en nombre de sièges la chute est de 80% ! Le Labour, cette fois en tête avec 35,6%, double son score par rapport à 2019, mais il multiplie ses sièges par 37 !
En effet, dans chaque circonscription, c’est le candidat qui sort en tête qui emporte le siège. Comme le parti qui fait le score général le plus élevé sort mécaniquement en tête dans le plus grand nombre de circonscriptions, on obtient des résultats en forme de montagnes russes, dont le SNP avait largement profité en 2015, 2017 et 2019, avant d’en être victime cette fois.
Cependant cette défaite électorale est une nouvelle déconvenue. Parti de six députés en 2010, le SNP avait raflé 56 des 59 sièges en 2015, au lendemain du referendum manqué de 2014 sur l’indépendance, ne laissant qu’un siège aux travaillistes, un aux conservateurs et un aux libéraux. Cette domination s’est confirmé en 2017, même si elle a été moins écrasante, au lendemain du vote sur le Brexit que les Ecossais ont combattu très majoritairement, s’opposant frontalement au reste du Royaume Uni en votant « no » à 62%. Aux législatives qui ont suivi, les nationalistes écossais ont gardé 35 circonscriptions, et sont largement restés la principale force écossaise au sein du Parlement britannique, devançant largement les 13 conservateurs, les 7 travaillistes et les 4 libéraux.
Puis en 2019, à l’apogée de la période durant laquelle Nicola Sturgeon a dirigé les institutions écossaises et connu une grande popularité, les résultats ont été à nouveau exceptionnels : 48 députés SNP, 6 conservateurs, un travailliste et 4 libéraux.
Jusqu’à la démission de la dirigeante charismatique de l’indépendantisme écossais, d’abord remplacée par Humza Yusaf, puis par John Swinney plus récemment, le SNP avait caracolé en tête de toutes les élections. Cette élection législative est donc le premier revers d’importance depuis cette crise politique à la tête du parti.
Mais les difficultés politiques vont au-delà des problèmes de gouvernance interne. La stratégie indépendantiste du SNP est en panne de perspectives depuis que la demande de tenir un nouveau referendum a été écartée par Londres, malgré l’argument du Brexit effectué contre la volonté du peuple écossais et qui a modifié radicalement les conditions politiques dans lesquelles l’Ecosse évolue désormais, en étant placée contre son gré en dehors de l’Union Européenne.
John Swinney a déclaré que le SNP « devait tirer les leçons de ce revers, écouter le peuple et se relever ». En ayant gardé 30% des voix le SNP a quand même bien résisté. Et la victoire du Labour est moins décisive qu’il n’y parait, avec 35,6% des voix, dont une bonne partie pourraient revenir au SNP une fois l’euphorie de l’instant passée. Jusqu’aux prochaines élections au Parlement autonome d’Edimbourg, en Mai 2026, le SNP a deux ans pour repartir de l’avant.
Plaid Cymru est le parti gallois membre de l’Alliance Libre Européenne. Trois de ses élus siégeaient au sein du Parlement britannique en coalition avec les 48 députés écossais. Dans le prochain Parlement à Westminster, alors que la représentation du Pays de Galles dans son ensemble est tombée de 40 députés à 32, le nombre d’élus nationalistes gallois est passé de trois à quatre.
Ce bon résultat dans un territoire où les travaillistes dominent de loin les autres forces politiques met le Plaid Cymru en seconde position et sa nette progression représente un message fort à destination des travaillistes première force du Pays de Galles, mais aussi envers ceux qui, à Londres, sont la nouvelle majorité.
Ce communiqué est paru sur François Alfonsi
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