On a beaucoup glosé sur l’étrange décision de dissolution du Président Macron qui nous ouvre les portes du chaos. Je n’y vois que l’évolution naturelle d’un système au bout du rouleau, menacé par la faillite financière mais encore morale. Le Président Macron n’avait plus la moindre marge de manœuvre politique et budgétaire, d’où la grande fuite en avant. Peut-être même était-il impatient de laisser le pouvoir à d’autres alors que la grande catastrophe menace.
Est-il naïf de penser qu’un nouveau Premier Ministre RN ou LFI (puisque l’accord du Front populaire accorde la part belle à LFI), retrouvera une marge de manœuvre ? Nous courons à la catastrophe et nous sommes dans l’œil du Cyclone.
J’ai toujours dit qu’une société républicaniste fondée sur le déni des peuples ne pouvait qu’accoucher d’un pouvoir extrémiste et autoritaire. La venue du RN ou de LFI au pouvoir est l’aboutissement logique du principe constitutionnel de « l’unicité du peuple français ». La polarisation des extrêmes fera monter les haines à un niveau inégalé.
La crise de la dette souveraine, liée à la mise en œuvre de l’un des nouveaux programmes et qui s’annonce avec la montée des taux d’intérêt, risque d’attiser la fureur du nouveau pouvoir dans ses réformes sociétales. Ceux qui dérogent, comme nous, en paient toujours le prix fort.
Mais ce qui m’étonne le plus, c’est le silence de la Bretagne aujourd’hui. Alors que le péril menace, les forces bretonnes sont dans l’incapacité de réagir. La Bretagne n’existe plus. Elle est comme absente ou quasiment absente du débat des législatives, comme absorbée par l’hégémonie du système politique français. Nous disparaissons dans les grands débats franco-français, incapables de porter notre voix singulière. La société civile bretonne se montre attentiste.
Se réfugier dans les bras de LFI pour se soustraire au RN me semble très aventureux pour ceux qui connaissent la tradition politique robespierriste de ses principaux responsables.
Qui défend la Bretagne aujourd’hui ? Celui qui devrait le faire, le Président de la région Loïg Chesnais-Girard, est aux abonnés absent comme le prouve son inaction dans l’affaire de la destruction du manoir de Bouvron, des Menhirs à Carnac ou encore de la toponymie bretonne. On parlerait longtemps de l’échec de la politique linguistique.
Dans ce contexte difficile, il faut saluer l’abnégation de ceux qui se porteront candidats aux législatives au nom de la Bretagne et soutenir ceux qui défendent habituellement notre pays. Nous les connaissons bien : Molac, Le Fur, Troadec et quelques autres.
Demain, nous connaîtrons l’épreuve de vérité, à laquelle nous ne pourrons nous soustraire. Lorsque le nouveau pouvoir remettra en cause les quelques acquis que la Bretagne, avec le temps, a su obtenir, et notre mode de vie, comment réagirons-nous ?
Lorsque le nouveau pouvoir, persuadé de la justesse de sa cause, ira encore plus loin dans le nivellement culturel, que nos enfants porteront tous un uniforme à l’école et chanteront tous la Marseillaise à tue-tête, comment réagirons-nous ?
Lorsque le nouveau pouvoir mettra un terme aux contrats d’association reliant l’Etat à Diwan pour se conformer à la décision du Conseil constitutionnel en date du 21 mai 2021, comment réagirons-nous ?
L’Histoire est terrifiante pour ceux qui se taisent. Plus que jamais, soyons vigilants !
Yvon Ollivier
auteur
■