Toponymie bretonne : La déclaration de Vannes

Compte rendu publié le 2/06/24 17:26 dans Langues de Bretagne par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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la déclaration du 1er juin, au 1er rang au micro : Nadège Raimbault - Koun Breizh, de g à d : Caroline Glon - VigiBreizh, Dider ar Gov - Koun Breizh, Jakez de Poulpiquet - Association bretonne et Tudjentil Breizh, Yvon Ollivier - Koun Breizh, Bertrand Nicolas - Breizh 5/5, Jacky Flippot, président de l'Institut culturel de Bretagne, Yann-Bêr Kemener de EOST (derrière Nadège Raimbault) , Yannig Baron - Breizh Impacte
La déclaration de Vannes (242 vues)
Yvon Ollivier en appelle à un moratoire de la loi 3DS (118 vues)
L'intervention remarquée du géographe Yves Lebahy (356 vues)
Intervention du représentant de La Poste (71 vues)
Intervention de Alan Ar Gall for Kevre Breizh (84 vues)
L'adressage, le patrimoine toponymique et la langue bretonne (275 vues)
Le nouveau cadre réglementaire de puis la loi 3DS (83 vues)
Noms des communes : État des lieux (45 vues)

L'Association bretonne (fondée en 1843 à Vannes), Koun Breizh, Breizh 5/5, Breizh ImPacte, Bretagne Majeure, Bretagne Réunie, Eost, l'ICB SUAV, Kevre Breizh (une fédération d'une trentaine d'associations culturelles), l'Office public de la Langue Bretonne (OPAB), Tudjentil Breizh, VigiBreizh, et des géographes comme Yves Lebahy (Skol Vreizh) ou Mikael Bodlore-Penlaez (excusé), se sont réunis ce 1er juin 2024 à Ti ar Vro Gwened pour, in fine, créer le collectif du 1er juin, lire une déclaration finale (voir en PJ), et se donner rendez-vous dans six mois.

Ces associations étaient aussi présentes le matin devant la préfecture, pour le rassemblement en faveur des langues devant toutes les préfectures de Bretagne et d'ailleurs en France où les langues minoritaires sont menacées. On vit aussi quelques drapeaux du Parti Breton.

Aussi invités : le délégué territorial de la Poste, Alan Kaci, et Paul Molac en tant que représentant du président du Conseil régional de Bretagne, Loïc Chesnais-Girard et l'AIFT (Association des Ingénieurs Territoriaux de France).

Les 150 personnes ont suivi les débats avec attention, sont intervenues dans la partie échanges avec la salle, et beaucoup sont restées pour le verre de l'amitié afin d'échanger avec les intervenants. Ces débats ont été animés sous la houlette de Sten Charbonneau, toujours aussi solide.

La toponymie aux mains des communes

Comme expliqué par le représentant des ingénieurs territoriaux (AITF) Maël Reboux, toute la toponymie est dorénavant dans les mains des communes, ce sont elles qui décident des noms des rues et des lieux-dits et en informent la base de données nationale des adresses ou BAN. Maël Reboux d'insister sur le caractère non contraignant de la loi 3DS, et que la limite du 1er juin pour les petites communes n'est pas rédhibitoire. C'est aux citoyens de faire pression pour que les communes réfléchissent plus longtemps avant de se lancer dans un renommage à l'encontre du breton. Le représentant de la Poste, délégué territorial du groupe La Poste pour le Morbihan, Alan Kaci, s'est aussi lavé les mains en indiquant qu'en aucun cas la Poste donnait des directives aux communes quant à l'adressage. Des personnes sont malgré tout intervenues pour signaler avoir vu leurs lettres adressées en breton renvoyées à l'expéditeur.

Toute adresse doit avoir un numéro y compris les lieux-dits, c'est la seule directive nationale issue de la loi 3DS. Le nom de la voirie doit être en français mais le toponyme peut être dans n'importe quelle langue régionale. Le terme lieu-dit est un type de voirie et n'a aucunement besoin d'un nom de rue. Est-ce que le mot lieu-dit est même nécessaire ? Pour l'ingénieur territorial Mael Reboux, le terme lieu-dit n'est plus nécessaire devant un toponyme. Si il y a une seule adresse au lieu-dit Kermagon, à Landudec, ca peut s'écrire : 1, Kermagon, 29700 Landudec.

La responsabilité qui incombe aux communes est très lourde. Devant les solutions de facilités, les incompétences, la douzaine d'associations réunies aujourd'hui à Vannes ont exprimé leur peur que les petites communes ne francisent pas tout au moment de créer leur base d'adresses locales. Des cas d'abus ont été rapportés. D'autres communes comme Spezet ont fait un travail remarquable

Dider ar Gov, statisticien, a relevé le nombre de mouvements dans la vie des communes (création des communes nouvelles, fusions...) lesquels impliquent des changements de noms. On en dénombre près de 350 en Bretagne depuis 1946, dont 30 % dans les Côtes d'Armor. Il en juge 240 néfastes quant à la toponymie bretonne, dont le fameux Beaussais-sur-Mer, regroupant les anciennes Plessix-Balisson, Ploubalay, Tregon. Il relève et félicite a contrario que six communes ont fait un mouvement inverse, revenant à une graphie bretonne, tel Plouezoc'h qui a retrouvé son «c'h» final en 2002.

L'Office Public de la Langue Bretonne (OPAB) peut aider

Hervé Gueguen, de l'OPAB, a commencé son intervention en se moquant d'une francisation outrancière qui frise le ridicule : nous connaissons tous les hameaux du nom de Croissant qui s'appelaient à l'origine Croaz Hent (croisement des chemins en breton). Plus ridicule encore : «Sant Rion» devenue «Cendrillon». Il a indiqué, cartes à l'appui, comment on pourrait numéroter les maisons dans leurs villages, donc en gardant la toponymie actuelle, plutôt que de la remplacer par des noms de rues.

Paul Molac, en tant que représentant du Conseil régional, n'a fait qu'annoncer l'impuissance du Conseil régional dans un domaine où seules les communes sont responsables. Tout en rappelant que l'OPAB fait ici son boulot de conseil. Mais ne pourrait-on pas créer au niveau de la Région une force ponctuelle («task force») afin d'aider les communes démunies dans ce domaine ? La question a été posée.

Des communes ont créé des rues et des numéros sans imaginer le ridicule qui peut être généré. Ainsi, dans telle commune, Yann Bêr Kemener (le sonneur d'alerte lors de l'affaire de Telgruc), note une «rue Sam Suffit», avec un seul numéro, le 1, pour nommer une voie avec une seule résidence qui avait ledit sobriquet. Il note que souvent la francisation a consisté à ajouter un article : «le» ou «la» devant le nom breton, aboutissant à des résultats risibles : mélange des genres ou confusion singulier-pluriel.

La carte de la honte

Yann Bêr s'est attelé à un travail de fourmi, catégorisant les communes de la zone bretonnante de Bretagne en sept catégories : de Gwenn kann pour les plus vertueuses, à Du pot pour les plus mauvaises élèves. Vannes se retrouve dans la dernière catégorie, mais comme l'a relevé un auditeur, Vannes a depuis très longtemps parlé français, et il n'y a pas eu débretonnisation, mais francisation directe. D'ailleurs, un autre spectateur a signalé que le ministère de l'Intérieur envoyait tous les ans aux communes une liste d'une centaine de noms pour les nouvelles voiries, ou pour des renommages, dans l'air du temps de la bien-pensance française. Ainsi, l'année dernière, les femmes scientifiques étaient à l'honneur. Ceci n'est que de l'incitation, bien entendu, mais bien forte !

Jacky Flippot, adjoint au maire de Blain, qui fait fait beaucoup pour la rebretonnisation de sa commune de Loire-Atlantique, a noté qu'il y avait peu d'élus dans la salle et qu'il y a peu de militants bretons dans les conseils municipaux. A noter toutefois la présence d'Aziliz Gouez, vice-présidente de Nantes Métropole et militante des causes bretonnes. Yannig Baron note lui que bien souvent, même le français disparaît, ainsi, dans les rues très commerciales de Vannes, les noms de boutiques sont de plus en plus en anglais. Tandis que que Caroline Glon de la Baule, note que 63 % des villages de sa commune viennent du breton.

Des normes basées sur les travaux d'une commission, sans fondement juridique

La salle a interrogé le représentant de la Poste sur le fondement juridique des normes concernant les types de voies, en français. Alan Kaci a rapidement montré un extrait d'un document de la Commission nationale de toponymie (CNT), mais Yvon Ollivier, un juriste, président de Koun Breizh a démontré en quelques mots que ce texte n'avait pas de fondement juridique. Il prête de plus à confusion. Retour à la case départ. Il demande en tout cas un moratoire.

Dider ar Gov, ancien responsable des envois courriers d'une grande institution française, a aussi interpellé le représentant de la Poste sur l'obligation faite aux clients bénéficiant du tarif industriel en nombre d'appliquer des normes de graphie, lesquelles éliminent par exemple le «c'h» même si le nom est officiel. Ainsi, les clients sont obligés de supprimer cette apostrophe au risque sinon de se voir déclasser toute la «caissette» de 5000 courriers, et donc payer un supplément d'environ 50 centimes par courrier. Alain Kaci Kaci a admis ne pas connaître cette règle et qu'il se renseignerait.

Pêr Vari Kerloc'h, de la Gorsedd Breizh et ancien postier, souhaite qu'il y ait plus de sensibilisation à la chose bretonne pour les agent(e)s de la Poste. Alan Kaci lui répond qu'à Carhaix, il y a un affichage bilingue, ainsi que sur leurs tenues. La Poste par ailleurs accepte que ses commerciaux soient formés par l'OPAB. A noter que Koun Breizh rencontrera à Paris Philippe Wahl, P-DG de la Poste le 11 juin.

La loi, c'est quand on ne peut plus se parler entre soi

En conclusion des débats, Yves Lebahy a ravi l'auditoire dans une intervention synthétique rappelant d'entrée que «la loi, c'est quand on ne peut plus se parler entre soi, et qu'il vous manque le bon sens.» Il note aussi que les employé(e)s de la Poste, du fait du management, sont dorénavant totalement déconnecté(e)s du territoire. Et les communes devraient par ailleurs discuter avec leurs populations sur ce genre de question. Pourquoi tel lieu a tel nom ?

Pour terminer, Yvon Ollivier, a retracé l'histoire, de la saisine de l'Unesco et a proposé une approche avec la Daolenn Zu , un tableau noir montrant village par village l'évolution de la toponymie de 1946 à aujourd'hui. Il s'agit d'un travail titanesque auquel tous les militants bretons sont invités à participer en faisant des relevés et à les envoyer à l'adresse suivante : contact_toponymie-bretonne@kmel.bzh . un simple tableau suffit : ma commune, puis la liste des villages aujourd'hui. Les militants de Koun Breizh, aidés par qui veut, créeront le tableau, en se basant sur le recensement exhaustif de 1946. Koun Breizh contactera les communes pour lesquelles il y a des problèmes.

En attendant, Yvon Ollivier appelle à un moratoire. Que les communes ne fassent rien en attendant que les choses bougent.

Nadège Rambault de Koun Breizh, a lu la déclaration finale, lançant le collectif du 1er juin (voir en PJ), Pour finir Michel Chauvin a lancé un Bro Gozh bien repris.

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Vos commentaires :
Le webmaster
Lundi 25 novembre 2024
D'autres vidéos des intervenants sont en cours de montage

Jean BOIDRON
Lundi 25 novembre 2024
DREIST ?

Anne Merrien
Lundi 25 novembre 2024
La toponymie est entre les mains des communes. L'organisation d'un vote consultatif de la population au sujet de sa région de rattachement est de la seule compétence des départements. L'autonomie locale est loin d'être une panacée !

Anne Merrien
Lundi 25 novembre 2024
En Guiclan, le toponyme Roc'hérou est subitement devenu Roc Hérou. Et la Poste soi-disant n'y serait strictement pour rien ??

Anne Merrien
Lundi 25 novembre 2024
Adresser une brochure à chaque municipalité ne semble pas être très productif. La personne chargée du courrier peut, au pire, la jeter directement à la poubelle, au mieux, la ranger à un endroit où personne n'aura l'idée de la trouver. Peut-être faudrait-il transmettre l'information directement à chaque conseiller municipal (en indiquant un site internet où lire la brochure).

Alain É. VALLÉE
Lundi 25 novembre 2024
Voici un rare domaine dans lequel «seules les communes sont responsables» et peut-être coupables ...
Mais elles sont souvent sous influence ou incitation ou du moins, ambiance bureaucratique interprétée comme injonction venant de plus haut. Et puis, il y a la mode, ... et tant de faits inattendus.
En 1776, Benjamin FRANKLIN voit son arrivée prévue à Nantes interrompue par le mauvais temps. Son bateau doit faire escale. L'ambassadeur passe la nuit à St Goustan dans une maison qui porte une plaque commémorative et où, désormais, un quai porte son nom.
C'est une toute autre problématique que l'inénarrable mais paresseuse appellation : «Allée des mésanges» ...!
Le fait est que les communes sont de plus en plus entre les mains d'élus venus de loin qui ne connaissent rien ou presque à l'histoire de ce dont ils ont la charge ou même, pire, qui le revendiquent au nom d'une funeste idée de l'égalité pour mieux uniformiser selon les canons du jacobinisme.
Au lieu de quoi, le pouvoir, y compris municipal, est d'abord une dette tant envers les gens ordinaires qu'envers la collectivité incluse dans, au moins, des les siècles de son patrimoine. Il devrait imposer d'abord un travail pour humblement savoir, comprendre et respecter, pour être ensuite transmis aux générations futures.
AV

Anne Merrien
Lundi 25 novembre 2024
Affubler les rues de noms insipides, c'est la déclinaison toponymique de «la France moche».

Anne Merrien
Lundi 25 novembre 2024
Il est des rues des pélicans qu'aucun pélican n'a jamais survolées. Il est des rues des peupliers où il est écologiquement impossible qu'il ait poussé un jour le moindre peuplier. Quel étonnement d'apprendre qu'il se trouvait effectivement une fontaine dans le prolongement de la rue de la fontaine à Santec ! «se trouvait» car la pauvre fontaine, dissimulée parmi les ronces, a été détruite lors de travaux en forêt. Une remise en l'état est prévue.

Rafig 44 e Breizh
Lundi 25 novembre 2024
En ce lundi 10 juin 2024 avec une extrême droite française à 38 % dans 3 semaines ... il faut se dépêcher avant que le Président Macron mettre le RN au pouvoir.

Là on va manger notre Bretagne. :-(


gg
Lundi 25 novembre 2024
Perso j'étais content d'apprendre que mes parents qui vivent dans un lieu dit du finistère ont reçu leur adresse avec le numéro de la poste: le nom du lieu-dit (en breton bien sûr) suivi du numéro. simple et efficace.
par contre à côté ils construisent des nouveaux lotissement, et vazy les rues des lilas et autres c**neries du style qui apparaissent.

gg
Lundi 25 novembre 2024
Mais parfois on se dit que c'est l'electrochoc dont ont besoin beaucoup de bretons pour s'éloigner des partis parisiens. Au moins le RN a le mérite d'exprimer clairement son mépris du peuple breton. Et ses mesures vis à vis de la dévolution des pouvoirs et du respect des cultures «régionales» seront radicales.
Donc la question est: au final qui est plus dandereux, les internationalistes et mondialistes qui depuis des décennies étouffent à petit feu les cultures autochtones? ou des nationalistes jacobins qui vont foncer dans le tas ? Pas si évident...

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