L'UNESCO ouvre une procédure au sujet de la destruction de la toponymie bretonne

Chronique publié le 15/05/24 21:42 dans Langues de Bretagne par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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La toponymie

La toponymie bretonne est menacée depuis des siècles. Sous la Révolution, les toponymes bretons avaient déjà subi des tentatives de francisation, ainsi Kemper était devenu Montagne-sur-Odet. Sous l'empire, Pontivy fut renommée Napoléonville, et ce nom ne fut abandonné définitivement qu'en 1870.

Depuis 2010, la débretonnisation de la toponymie a repris dans le contexte de la fusion des communes. Des communes avec des noms bretons se sont fusionnées et ont pris un nom français. Elles suivaient les directives du CNIG, le Conseil national de l'information géographique qui, dans ses directives envoyées à tous les élus, rappelait à la page 34 que même si les langues régionales font partie du patrimoine, la langue de la République est le français.

Plus récemment, la loi 3DS apparait comme une nouvelle menace. Selon Koun Breizh «elle conduit de manière silencieuse et insidieuse à la débretonnisation de nos campagnes.» L'article 169 de cette loi ne dit pas directement que toutes les adresses postales doivent être en français. Il dit que toute adresse postale doit avoir le nom d'une rue et un numéro. Les communes sont donc obligées de nommer des rues ou des routes même si vous pouvez gardez le lieu-dit, qui, vous l'imaginez, ne sera pas indispensable et donc tombera en désuétude à la longue, surtout dans les bases de données de l'État ou des entreprises qui n'auront pas d'espace pour ce genre d'information si ce n'est pas indispensable dans l'adressage. Pour rappel, il y aurait 24 000 lieux-dits en breton sur toute la Bretagne historique (voir les travaux de Jean-Yves Le Moing).

Le code général des collectivités territoriales est ainsi modifié

« II.- Le Conseil municipal procède à la dénomination des voies et lieux-dits, y compris les voies privées ouvertes à la circulation. Les communes mettent à disposition les données relatives à la dénomination des voies et la numérotation des maisons et autres constructions dans le cadre de la mise à disposition des données de référence prévue à l'article L. 321-4 du code des relations entre le public et l'administration.

« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret en Conseil d'Etat. __Article 169

Devant l'inaction du Conseil régional et des élus, l'association Koun Breizh a interpellé l'UNESCO sur ce problème. L'UNESCO vient de répondre favorablement à cette requête et a interpellé le gouvernement et ses représentant à l'Unesco.

Conformément à l’article 17.3 de la Convention et au paragraphe 32 des Directives opérationnelles de la Convention, le Secrétariat de la Convention a transmis votre demande aux autorités nationales françaises – la Délégation permanente de la République Française auprès de l’UNESCO et la Commission nationale française pour l’UNESCO – pour consultation.

Votre demande et les commentaires éventuels des autorités nationales françaises seront ensuite présentés au Bureau du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, lors de sa prochaine réunion. Au cours de cette réunion, le Bureau du Comité établira les étapes à suivre pour traiter votre demande. __ extrait de la réponse de l'UNESCO à KOUN BREIZH

Une conférence-débat organisée par une douzaine d'associations dont Koun Breizh , Kevre Breizh , une fédération regroupant 31 associations et 50 000 membres, Bretagne Majeure et l'Institut culturel de Bretagne - Skol Uhel ar Vro aura lieu le 1er juin à Ti ar Vro à Vannes.


Vos commentaires :
jakez Lhéritier de Sant Nazer
Jeudi 27 juin 2024
Beau boulot ,merci et au 1er Juin.

Yannig Coraud
Jeudi 27 juin 2024
Félicitations pour cette démarche auprès des instances internationales
Chañs vat
Justis evit at Pobl Breizh

Brocélbreizh
Jeudi 27 juin 2024
Excellente démarche de votre part et qui remet nos politiks à leur juste place: à l'arrière garde des démocraties occidentales européennes.
Chapeau bas pour votre travail et votre implication sincère qui transcende gauches et droites archaïques.

yvon ollivier
Jeudi 27 juin 2024
les communes ne sont pas obligées , bien sûr, le problème est qu'elles sont débordées et sous traitent avec la poste pour la mise aux normes de l'adressage. La Poste n'a pas pour intérêt et ambition de sauver nos langues. le fond du problème, il est là. Il va donc falloir tout reprendre. C'est l'objet du colloque du 1 juin à Vannes, dresser l'état des lieux et ce n'est pas simple, car l'atteinte à notre toponymie, elle date depuis très très longtemps. Nous essaierons de voir comment remettre les choses en l'état...

Alain E. VALLÉE
Jeudi 27 juin 2024
Peut-être que rêve des techno-jacobins est, contre toute Raison patrimoniale, d'obtenir que les gens soient contraints à ainsi se nommer et donner leur adresse :
Je me nomme comme l'indique mon NNI qui intégre les dernières réformes sur genre, soit : 3 53 278 153 18 et j'habite le «35000» dans le «9» - «9» , au 5e étage du «9» - «4» dans la rue 4527.
Dans un tel contexte, on imagine tout de même qu'il n'y aurait ni rue 845, ni 1488, ni 1532, ...
Enfin le vrai Bonheur radieux !
AV

Philippe Argouarch
Jeudi 27 juin 2024
Certes le nom de la voie ne remplace pas le nom du lieu dit mais celui devient facultatif, car si vous ne le mettez pas, la lettre arrivera quand même chez vous ! ce qui est sournois vous en conviendrez ... car à la longue il disparaitra de l'adresse. J'habite à Kermabec, Pouldreuzic. Si mon adresse devient : Philippe Argouarch, Kermabec 55 route de Landudec. Pouldreuzic 29710, On peut très bien ne pas mettre Kermabec et les bases de données de l'État ou des entreprises finiront par abandonner le nom du lieu-dit puisqu'il n'est pas indispensable.

Philippe Argouarch
Jeudi 27 juin 2024
Il y a des choses entendues à la TV jeune dont on se souvient toute sa vie. J'avais alors 15 ans , ca devait donc être en 1964. Comme j'étais en internat, je sortais tous les samedis pour aller chez ma Grand-mère et elle avait la télévision. Une découverte pour moi et donc je regardais Belphegor et les actualités. Un soir et je m'en souviens tres clairement, on nous présente une nouveauté sur les adresses : le code postal. ILS NOUS ON DIT DROIT DANS LES YEUX QUE LE CODE POSTAL NE SERAIT JAMAIS OBLIGATOIRE mais qu'il était recommandé. Depuis j'ai réalisé bien des choses au sujet des lois françaises et des mensonges manipulatoires de l'état. Elles commencent par des entourloupettes, des convolutions pour utiliser le mot de mon prof d'anthropologie américain quand il parlait de l'esprit français et finissent par des désastres comme en Calédonie aujourd'hui. La loi ou le règlement ne doivent pas être sournois mais aussi pédagogiques et devraient toujours invoquer les droits fondamentaux. Le devoir ne peut être dissocier du droit. Dans le cas contraire, la loi n'est que la loi du colonisateur.

Penn Kaled
Jeudi 27 juin 2024
Il va de soi que votre initiative est excellente, seulement le gros problème est, d'une part une population bretonne qui regarde ailleurs, qui de fait ne fait pas pression sur les élus et la poste. D'autre part l'arrivée de populations étrangère à la Bretagne prend de plus en plus d'importance et à part peut être une minorité, parfois plus Bretons que les Bretons, en général, ces nouveaux venus ne se sentent pas concernés et à la limite la francisation les arrangent bien. La minorité agissante qui défend l'identité bretonne a bien du mal à faire entendre sa voix quand elle n'est pas contrainte de raser murs.Pour ma part j'ai envoyé un de vos articles à quelques élus de mon secteur.

Alain É. VALLÉE
Jeudi 27 juin 2024
Édifiant article sous la plume de Émilie Cochaud-Kaminski, in : «Courrier International» (19 V 2024) : Voir le site
On y découvre que : «Le Conseil du Yorkshire du Nord va supprimer les apostrophes sur les panneaux». Il s'agit de réduire «l'utilisation de ponctuations et de caractères spéciaux pour éviter d'éventuels problèmes lors de recherches sur une base de données car ces signes possèdent un sens particulier en informatique.»
Et certains de se demander ce qui serait supprimé ensuite : «la virgule ? Le point ? On va juste utiliser des emojis ? »
Décidément, le rapport des forces entre technique et culture s'effectue à son détriment.
Pour plus de productivité, certains qui ne veulent pas dire leur essentielle hostilité aux cultures et langues des vaincus, sont bien satisfaits de mettre en avant les nécessités faussement neutres des techniques modernes pour les éliminer. En dénaturer et réduire l'usage est l'objectif et la technique le moyen. Ainsi, ce qui s'observe dans l'ile de Bretagne n'est pas différent de ce qui se constate en Bretagne continentale.
AV

Anne Merrien
Jeudi 27 juin 2024
Ce qui m'a toujours étonnée, c'est cette idée comme quoi, si on parlait breton, on devait être en mesure d'expliquer le sens des toponymes bretons. Alors que personne ne s'étonne que savoir le français ne suffise pas pour éclairer les toponymes français. Cette exigence portée uniquement sur la langue bretonne sert aussi d'argument pour bazarder les noms de lieux bretons : vous voyez bien que plus personne n'y comprend rien, les nouveaux arrivants comme les gens du coin.

Jean-Paul Touzalin
Jeudi 27 juin 2024
C'est aussi une question d'intelligence et de curiosité intellectuelle !
A mettre sur une courbe de Gauss ...
La paresse vient ensuite et la volonté éventuelle de destruction d'une identité semble réservée à des «connaisseurs» jacobins certainement minoritaires.

Léon-Paul Creton
Jeudi 27 juin 2024
Suivant que nous soyons puissants ou misérables, placés en haut ou au bas des rondeurs de la belle «Gauss», nous ne devons jamais nous priver de nous gausser du «jacobin» tordu!

Naon-e-dad
Jeudi 27 juin 2024
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A propos de l’article de «Courrier International» - Voir le site - signalé par Alain É. VALLÉE et classé dans la rubrique « insolite ! My dear !
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Un « honorable » professeur de linguistique, interrogé par un quotidien américain [l’article ne précise pas si le linguiste est british ou américain. Dommage, cela eût intéressé un lecteur continental, NDLR] se lâche :
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« les apostrophes../..on ne sait pas très bien comment les utiliser ; [parle-t-il pour lui ? NDLR].
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[C’est] une façon [au fait quand est-ce qu’on abandonne le « ç « , en français? Car trop compliqué, surtout en informatique. Pas universel du tout, çà !, NDLR] de plus de mépriser les personnes qui n’ont jamais vraiment maitrisé its [‘son’ ou ‘sa’] et it’s [‘c’est’]». .
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Well ! Sans blague ! Ce monsieur est-il en train de nous expliquer que l’enseignement britannique part à vau l’eau ? Comme le disait déjà ma grand’mère [l’apostrophe après le « d » final est là pour rappeler qu’il y a élision du « e », le libellé complet étant « grande mère , », NDLR) : « tout fout l’camp » !. Non, elle ne disait pas çà, « ma mamm-gozh garet ».
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Bien trop respectueuse ma grand’mère en coiffe et sabots, « ha brezhoneg ganti war ar pemdez ». Je l’imagine plutôt dire quelque chose comme: « Ma Doue benniget ! Petra din-me ? Peseurt bec’h zo etre an dud !» . E galleg flour : « Mon Dieu, comment dire ? Quelle chicanaille entre les gens ! »
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So long people ! « Deomp-ni da genderc’hel da zifenn hon yezh geltiek, kement a vraventez dezhi ». A nous de continuer à défendre notre si belle langue celtique.

Anne Merrien
Jeudi 27 juin 2024
On peut lire dans le Télégramme du jour que Spézet a revu toute sa toponymie en préservant le breton. Même les tildes auraient été acceptés dans les bases locale et nationale !

Anne Merrien
Jeudi 27 juin 2024
L'article ne précise pas ce qu'il en a été des C'H. Il ne faut pas trop en demander au Télégramme... déjà qu'ils traduisent stank par vallée et prat par champ !

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