06 juillet 2024

Communiqué de presse publié le 6/04/24 15:50 dans par pour CIRDoMoc
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La 35e journée d'étude annuelle aura lieu le samedi 6 juillet 2024 à l'abbaye de Landévennec en physique.

Nous vous proposons la possibilité de déjeuner sur place à l'abbaye contre une participation d'une vingtaine d'euros. Pour ceux qui sont intéressés, merci de confirmer votre présence au repas avant le 26 juin 2024 au plus tard par courriel secretaire@cirdomoc.org.

Programme de la journée : François Duine (1870-1924), cent ans après sa mort

horaireCommunicanttitre

10:00 - 10:40

André-Yves Bourgès (EPHE)

François Duine et les études hagiologiques bretonnes : programme, méthode et résultats

10:40 - 11:20

Karen Janlulak (FRHistS, Post Doctoral Research Assistant, Anglo-Norman Dictionary)

Citation biblique dans certaines vies de saints britanniques et bretons

11:20 - 11:40

questions / réponses

11:40 - 12:20

Jean-Luc Deuffic (Directeur de la collection périodique Pecia)

François Duine, moi, et les livres liturgiques de Bretagne

12:20 - 13:00

Philippe Guigon (Docteur en archéologie de l'université Rennes 1)

François Duine et l'archéologie de son temps

13:00 - 13:20

questions / réponses

12:20 - 14:50

repas

14:50 - 15:10

Philippe Lahellec (CIRDoMoC)

Décrypter le folklore vivant pour mieux comprendre la formation des récits hagiographiques : l'abbé Duine à Plougasnou (Cojou-Breiz, 1896)

15:10 - 15:50

Laurent Héry (CIRDoMoC)

Une lettre inédite de René Largillière évoquant l'abbé Duine : quand l'élève égratigne le maître

15:50 - 16:30

Erwan Le Gall (Docteur en histoire contemporaine de l'Université Rennes 2, chercheur associé CRBC, professeur-référent HEIP)

Faut-il croire François Duine quand il écrit sur 1914-1918 ? À propos de son ethnographie de la culture de guerre

16:30 - 16:50

questions / réponses

Résumés des communications :

  • André-Yves Bourgès (EPHE) François Duine et les études hagiologiques bretonnes : programme, méthode et résultats : Au début du XXe siècle, les études hagiologiques bretonnes ont bénéficié, avec François Duine, de la contribution d'un chercheur qui, au talent de l'écrivain, joignait les compétences de l'érudit et la sensibilité du critique littéraire ; historien sourcilleux, il s'est montré particulièrement attentif au traitement des sources écrites, qu'il s'agisse de « l'universel reportage » dont a parlé Mallarmé, ou bien de littérature à proprement parler, domaine auquel appartient définitivement l'hagiographie. En cette matière, Duine a poursuivi méthodiquement, jusqu'à sa mort prématurée en 1924, le programme de recherche qu'il avait élaboré pour son propre usage dans les premières années du XXe siècle. Des circonstances particulières, au premier chef la guerre de 1914-1918, n'ont pas permis sa relève du fait de la disparition précoce de ses principaux disciples (Jean Allenou, René Largillère, André Oheix) ; mais nombreux sont les spécialistes de la production hagiographique bretonne qui, aujourd'hui encore, continuent de revendiquer son héritage, considérant que les résultats de ses travaux, pourtant plus que centenaires, demeurent largement irremplacés et, à bien des égards, irremplaçables.
  • Karen Janlulak (FRHistS, Post Doctoral Research Assistant, Anglo-Norman Dictionary) Citation biblique dans certaines vies de saints britanniques et bretons
  • Jean-Luc Deuffic (Directeur de la collection périodique Pecia) François Duine, moi, et les livres liturgiques de Bretagne : Il y a 50 ans, à Landévennec, l'abbé François Duine entrait dans ma vie. C'est le jovial dom Grégoire Ollivier, gardien érudit de la bibliothèque bretonne qui me le fit alors connaître. Depuis, il ne m'a plus jamais quitté. C'est donc un peu de mon expérience personnelle que je dévoile dans ces quelques pages, le cheminement d'une passion commune avec le clericus dolensis, celle des livres liturgiques, qui pour lui était une voie toute tracée vers une étude renouvelée de nos saints bretons.
  • Philippe Guigon (Docteur en archéologie de l'université Rennes 1) François Duine et l'archéologie de son temps : Incollable sur l'hagiographie bretonne, dont il demeure, un siècle après sa mort, l'un des spécialistes incontournables, François Duine s'intéressa-t-il à l'archéologie, s'en servit-il, l'utilisa-t-il ? Il appréciait plusieurs ecclésiastiques de Haute-Bretagne qui ne négligeaient pas cette discipline, ainsi Louis Duchesne, qui fouilla en 1890 l'ancienne cathédrale d'Alet, ou son compatriote dolois Charles Robert, éphémère président de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine en 1900 ; par contre ses rapports furent plus tendus avec Louis Campion, qui reprit des fouilles à Alet en 1907, et surtout Pierre-Julien Hamard, vulgarisateur des explorations préhistoriques du Mont-Dol. Curieusement, et alors qu'il ne négligeait aucune tradition locale sur le culte de saints – ainsi les empreintes supposées des genoux de la Vierge – , qu'il connaissait fort bien la moindre statue de personnages totalement oubliés, Duine n'a guère laissé de textes prouvant chez lui une quelconque appétence pour l'archéologie, qui aurait pourtant pu fournir des réponses à ses interrogations hagiographiques : par exemple, il ne parle guère des travaux entrepris à l'île Lavret dans l'archipel de Bréhat pour le compte d'Arthur de La Borderie (1827-1902), qui entendait y retrouver le plus ancien monastère de l'Armorique (sic). Le clericus Dolensis n'évoque qu'en passant des lieux et monuments qu'il fréquentait assidument, dont l'immense menhir du Champ-Dolent en Dol ou le tertre du Mont-Dol, objet de fantasmes des antiquaires du début du XIXe siècle. À peine cite-t-il la « cuve baptismale du XIe siècle » conservée à Notre-Dame de Dol, qu'il appréciait cependant tant qu'il se fit photographier derrière elle, en soutane, en exécutant même des tirages sous forme de carte postale ! Mais, de surcroît mort jeune, il lui était difficile d'être à la fois omniscient à la fois en hagiographie, codicologie, liturgie et archéologie…
  • Philippe Lahellec (CIRDoMoC) Décrypter le folklore vivant pour mieux comprendre la formation des récits hagiographiques : l'abbé Duine à Plougasnou (Cojou-Breiz, 1896) : Mieux appréhender les traditions populaires pour mieux apprécier « la similitude qui existe entre la formation des légendes écrites et les données du folklore vivant ». Chez François Duine, rien ne distingue l'hagiologue du folkloriste car il s'agissait dans son esprit des deux faces d'une même pièce, étant « persuadé qu'on ne comprend pas la formation des anciennes vies de saints sans connaître le folklore vivant et la manière dont les mythes naissent et se transforment parmi les paysans ». Il adopta parfois un pseudonyme pour pouvoir publier le résultat de ses collectes autour de la matière folklorique et de la culture populaire. C'est sous le nom de Henri de Kerbeuzec, qu'il serait amené à remployer, que le jeune prêtre dolois publia dès 1896 un recueil consacré à la matière folklorique collectée à Plougasnou, intitulé Cojou-Breiz, manifestant son intérêt précoce pour la Basse-Bretagne, sa langue, sa culture. Nous tâcherons de cerner comment cet ouvrage rend déjà compte de cette démarche ambitieuse. Loin en apparence des archives et des bibliothèques de l'hagiologue, nous voyons François Duine éditer et commenter poèmes, contes, gwerzioù… recueillis auprès d'informateurs auxquels nous nous intéresserons également, dans l'espoir de préciser le cadre dans lequel il mena sur place son activité de collecteur.
  • Laurent Héry (CIRDoMoC) Une lettre inédite de René Largillière évoquant l'abbé Duine : quand l'élève égratigne le maître : A l'exemplaire des Six saints de la région de Plestin qu'il adresse en hommage à l'abbé Jean-Marie Perrot, directeur de la revue Feiz ha Breiz, René Largillière joint, le 8 mars 1923, une lettre de remerciement. Il exprime au recteur de Plouguerneau, auteur d'une nouvelle édition du Buhez ar Zent, sa reconnaissance pour les renseignements qu'il a bien voulu lui fournir sur saint Garan et le félicite d'en avoir exhumé la statue dans sa paroisse léonarde. René Largillière, dans cette lettre, assure que ses recherches le conduisent à ranger Garan parmi les personnages vénérables et fustige les auteurs qui rapportent son culte, comme ceux d'Édern et Néventer, au paganisme. Il égratigne au passage l'abbé François Duine, reprochant au clerc dolois de reproduire ces allégations dans son Inventaire liturgique. Cette pique lancée au grand hagiologue par celui qui se présentera plus tard comme son élève préféré n'est pas sans surprendre. Cette lettre inédite, où figure aussi le nom de Louis Le Guennec, témoigne de la densité des échanges animant les recherches en hagiographie bretonne au cours des premières décennies du XXe siècle.
  • Erwan Le Gall (Docteur en histoire contemporaine de l'Université Rennes 2, chercheur associé CRBC, professeur-référent HEIP) Faut-il croire François Duine quand il écrit sur 1914-1918 ? À propos de son ethnographie de la culture de guerre : Aujourd'hui connu de seulement quelques érudits et passionnés de patrimoine oral, François Duine est largement sorti des mémoires. À l'occasion du centenaire de sa mort, en 2024, de nombreuses initiatives viendront néanmoins mettre en lumière le parcours et l'abondante production du clericus dolensis, comme il aimait à se surnommer : un numéro spécial du Rouget, « magazine culturel » fondé en 1946 et édité depuis 1973 par l'association François Duine, un autre de la revue scientifique à comité de lecture Pecia, consacrée à l'étude des manuscrits médiévaux, mais aussi une exposition, des conférences, la publication d'une anthologie de « contes et notes de folklore », ainsi donc qu'une journée d'étude du Centre international de recherche et de documentation sur le monachisme celtique. Sans doute pourrait-on voir dans cette profusion d'initiatives la conséquence du véritable « appel d'air » que constitue la perspective commémorative. Mais la réalité est sans doute plus complexe puisqu'à bien y regarder François Duine revient régulièrement, et depuis plusieurs années, sous les projecteurs, y compris de celles et ceux travaillant sur la période contemporaine. La publication de ses Souvenirs et observations par les Presses universitaires de Rennes en 2009, texte librement disponible depuis janvier 2018 sur le portail OpenEdition, constitue à cet égard un moment assurément important. Mais on pourrait également citer les travaux, au cours des années 2010, de l'historien Laurent Le Gall sur la « galaxie folkloriste », ceux-ci accordant une large place à l'abbé dolois. Aussi est-ce pourquoi, bien que spécialisé dans l'étude du fait militaire et guerrier, je n'étais pas totalement en terrain inconnu lorsque j'ai été contacté par Jean-Pierre Mathias et Marie-Claire Morin, pour les éditions À l'Ombre des mots. Tous deux souhaitaient en effet me confier l'édition critique et commentée d'un inédit de François Duine portant sur la Grande Guerre. Ayant réalisé dans le cadre de ma thèse une prosopographie d'un régiment d'infanterie recrutant largement dans le nord de l'Ille-et-Vilaine, et donc dans le secteur de Dol, je me sentais spontanément en mesure de pouvoir apporter une valeur ajoutée à ce texte. C'était toutefois, et je le confesse aujourd'hui bien volontiers, faire peu de cas de la grande complexité de cette archive. Compilation de remarques personnelles, de témoignages saisis sur le vif et d'extraits de correspondance, ces Lettres et notes de la Grande Guerre intéressent nécessairement quiconque travaille sur la séquence 1914-1918, plus encore à l'échelle de la Bretagne, mais n'en posent pas moins un certain nombre de questions. Comme dans une sorte de mise en abîme, cette archive interroge quant à sa nature profonde et donc, in fine, quant à la fiabilité qu'il lui faut lui accorder en tant que source. Autrement dit, quel crédit accorder à François Duine quand il écrit sur la Première Guerre mondiale ? Après avoir tenté de mieux cerner cette archive pour le moins complexe, exercice qui n'est du reste pas sans faire penser à l'analyse critique des hagiographies du haut Moyen Âge, il s'agira de montrer que ces Lettres et notes constituent un excellent indice de la géographie ressentie des acteurs sociaux en 1914-1918, loin de la stricte dichotomie arrière-front. Ce faisant, c'est sur le statut de la source orale que porteront les réflexions. En effet, il apparaît que François Duine produit là moins une archive sur le conflit lui-même qu'une véritable, et précieuse, ethnographie de la culture de guerre.

Ce communiqué est paru sur CIRDoMoc


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Mardi 21 mai 2024

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