Le talon d'Achille de la démocratie est que les minorités nationales y seront toujours des minorités politiques. Par définition. Les meilleures constitutions, comme celle de la Suisse, sont donc celles qui protègent les droits de ces minorités dans des textes fondamentaux. Encore que, même inscrits dans la constitution, ces droits ne sont par forcement respectés par les gouvernements comme on l'a vu en Ukraine où la Constitution dit clairement dans l'article 53 -5 : «Les citoyens appartenant aux minorités nationales ont la garantie et le droit, conformément à la loi, de recevoir leur instruction dans leur langue maternelle ou d'étudier leur langue maternelle dans des établissements d'enseignement communs et publics et par des associations culturelles nationales». Il est établi que le gouvernement ukrainien a tenté, juste avant l'invasion russe, de rendre l'enseignement en ukrainien obligatoire dans les communautés russophones malgré ce droit constitutionnel (en aucun cas cette politique ne peut justifier l'invasion de la Russie, autant le dire clairement encore une fois). Les Constitutions de la République française sont à ce sujet les pires au monde car absentes comme celle de la Turquie de toutes ces protections. Au nom du principe d'égalité des droits. C'est bien pratique non ? Grand pays A conquiert ou achète (cas de la Corse) petit pays B, lui donne des députés et le tour est joué. La France avait même essayé ce tour de passe-passe grotesque, disons-le «impérialiste», car les empires ont souvent agi ainsi, en faisant de l'Algérie, trois départements français comme les autres. Vous êtes en démocratie, de quoi vous vous plaignez ? Vous êtes représentés au Parlement donc «fermez-la !» Albert Camus aurait alors écrit «la démocratie ce n'est pas la loi de la majorité mais la protection de la minorité».
Finalement la Corse va obtenir certaines protections comme l'ont déjà obtenu les départements d'outre-mer. Une preuve en soi que cette république hyper-centralisée est capable d'évoluer.
■On peut espérer mais ...
Toute la république ukrainienne était de langue ukrainienne, très majoritairement, un noyau dur de l'aire linguistique, y compris à l'Est (Donbass). Les russes ne font jamais de cadeau.
Cette république est née dans la continuité de celle qui avait pu s'affranchir de la Russie tsariste à la fin de l'Empire. Après la création de la RSS d'Ukraine, les bolcheviks ont commencé à rabioter le territoire de la RSS d'Ukraine à l'Est dans les années 1920, autour de Rostov sur le Don.
Mais le territoire de langue ukrainienne allait au-delà de la RSS d'Ukraine, dans la région de Rostov sur le Don, et dans le Kouban (région actuellement russe de la Mer Noire, anciennement peuplée de circassiens jusqu'à la fin XVIIIème avant génocide et déportations)...
La langue russe, c'est le résultat d'une colonisation et d'un génocide là-bas, bien plus même que de l'acculturation des locaux dans le système soviétique.
Même la Crimée n'a rien de russe culturellement historiquement, bien plus reliée aux Tatars déportés par Staline. Géographiquement son rattachement à l'Ukraine va de soi...la Crimée russe, c'est comme Koenigsberg russe, ni plus, ni moins.
Personnellement j'ai toujours trouvé étrange cette accointance d'une partie des régionalistes bretons avec ces revendications russes, notamment un cartographe souvent relayé ici, avec un positionnement plus que douteux.
D'autant plus étonnant que la Bretagne dans son périmètre culturel-linguistique différe très sensiblement de la Bretagne à 5 départements ! Les ukrainiens ont bien plus d'arguments à revendre sur la langue ukrainienne dans le Donbass que nous sur le breton à Loudéac (je ne parle même pas de Fougères).