EOLIEN EN MER, LA FOI OU LA RAISON

Lettre ouverte publié le 28/02/24 16:50 dans Énergie par Gérard Soufflet pour Gérard Soufflet
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EOLIEN EN MER, LA FOI OU LA RAISON

Lettre ouverte à Loïg Chesnais-Girard

Président du conseil régional de Bretagne,

Quiberon, le 25 février 2024

Monsieur le Président,

La presse européenne (site EURACTIV du 15 février) a rendu compte de votre prestation lors de la cérémonie des vœux aux Bretons de Bruxelles, le 23 janvier dernier.

Nous relevons que, comme il est constant dans vos déclarations, vous avez insisté sur les ambitions de la région Bretagne en matière d’énergie et plus particulièrement d’éolien en mer, secteur dont vous souhaiteriez être reconnu comme le leader en France.

Après la construction des parcs de Saint-Nazaire et de Saint-Brieuc où vous n’hésitez pas à voir des succès, malgré les déboires sérieux du parc de Saint-Nazaire dont la production 2023 a été très décevante, voilà que vous poussez à l’accélération de nouveaux projets, dont celle du parc flottant Bretagne-Sud au large de Groix et Belle-Île, localisé hâtivement en 2021 à la désolation de la présidente de la CNDP d’alors, Mme Chantal Jouanno.

Nous avions déjà noté vos vastes ambitions lors de vos déclarations à Lorient, le 8 juin 2023, où vous escomptiez l’équivalent de 10 EPR sur nos côtes.

Il est pourtant aujourd’hui courant d’anticiper la pléthore d’énergies renouvelables intermittentes en projet partout en Europe, dont les périodes incontrôlables de surproduction vont déstabiliser profondément les marchés de l’électricité.

Plus audacieux que la plupart des ingénieurs, vous faites fi des incertitudes techniques de l’éolien flottant (quels flotteurs, quels ancrages, quelle fiabilité, pour quels prix) ; alors que le premier parc flottant industriel (Hywind Ecosse) se prépare à remorquer ses machines à travers toute la mer du Nord pour aller les réparer en eaux profondes dans un port de fjord en Norvège, vous-même, sans idée de la disponibilité technique réelle de tels engins, ni de leurs coûts de maintenance, vous affirmez votre conviction : la France doit brûler les étapes vers l’éolien flottant, sans doute pour la gloire de la Bretagne et de son Président…

Pourtant les usines éoliennes en mer, comme l’ensemble des sources électriques aléatoires et intermittentes, à mesure que leur place croît dans le mix électrique national, se révèlent inadaptées à s’intégrer simplement dans notre système électrique, structuré autour des énergies concentrées, fiables et pilotables, que sont le nucléaire et l’hydraulique.

C’est au prix de centaines de milliards d’euros que leur insertion difficile dans l’existant se paye (restructuration des réseaux locaux, HT et THT, stabilité, nécessité de manipulations parfois autoritaires de la demande, back-up par des centrales pilotables en périodes non ventées, générant la redondance des puissances installées… à quoi s’ajoute aujourd’hui le coût de leur sécurisation par les forces de la défense nationale).

Prophète technique, mais financier imprévoyant, votre vision simpliste de la question énergétique vous conduit à programmer pour les entreprises et la population (vos électeurs) un doublement rapide des factures d’électricité.

Fier pour la Bretagne, vous n’hésitez pas à rêver de son indépendance électrique, évocation surannée des temps d’avant la solidarité technique des interconnections, et vous voyez probablement un moyen d’y parvenir dans ces projets fous d’éoliennes littorales (un autre visionnaire, le président Macron, rêve d’en installer cinquante parcs pour 45 GW dans les 25 ans à venir).

C’est compter sans le caractère têtu des électrons ; ceux des grandes éoliennes industrielles sont dirigés vers le réseau national 225-400 kV, qui fonctionne comme une gigantesque plaque de cuivre continentale. L’énergie produite, d’où qu’elle vienne, est attirée par les grands flux et s’en va aujourd’hui – quand il y a du vent - décarboner en priorité les centrales au gaz ou au charbon des pays voisins, voire perturber l’exploitation et la sûreté du parc nucléaire français.

L’habitant de Saint-Brieuc, de Brest ou de Saint-Nazaire n’en tirera rien, celui de la Ruhr, d’Italie du Nord ou de Silésie bénéficiera d’une amélioration de la qualité de l’air, payée par les Français, au prix du saccage de nos côtes, de la misère des professions de la mer, et surtout des subventions publiques sans fin, financées par vos électeurs et versées par la France aux industriels de l’éolien et à leurs actionnaires.

Le grand éolien industriel conduit bien à une spoliation sournoise du pays.

Monsieur le Président, vous vous trouvez face à un choix entre la foi et la raison.

A l’instar de l’évolution qu’est en train d’opérer le parti travailliste britannique de Keir Starmer, la Bretagne a besoin d’une profonde remise en question de ses options énergétiques ; nous vous souhaitons d’en être l’instigateur.

Les Gardiens du Large


Vos commentaires :
Alain E. VALLÉE
Vendredi 22 novembre 2024
Si l'on se donne la peine ou le vrai plaisir d'aller se promener le long de la mer à Pornichet ou Baz sur Mer, le fait est que la beauté du paysage marin n'est pas troublée par les éoliennes installées loin au large. Ceci est d'autant plus vérifié qu'il fait nuit la moitié du temps et que la brume opacifie souvent l'horizon même quand il fait beau.
Mais certains sont gênés par les éoliennes (surtout si elles se trouvent loin devant leur résidence secondaire). Mais ils ne trouvent rien à redire à la réelle destruction des paysages sur des centaines d'hectares par les centrales nucléaires et leurs énormes tours de refroidissement grisâtres bien visibles de très loin.
Il faut effectuer des choix. Contrairement aux centrales nucléaires qui produisent des déchet radioactifs des milliers d'années, les éoliennes n'en produisent aucun qui ne puisse être recyclé.
La centrale de Brennilis est à l'arrêt depuis des lustres et tout ce qui pouvait n'être pas irradié y a normalement été démantelé. Mais, sauf erreur ou omission, personne n'a encore osé, c'est-à-dire pris la décision morale et politique; d'ouvrir son coeur nucléaire. L'opérateur historique attend apparemment toujours le décret autorisant le démantèlement de la partie la plus irradiée. Compte tenu de l'enjeu, celui qui la prendra n'est probablement pas encore né !
AV

Rafig 44 e Breizh
Vendredi 22 novembre 2024
«la Bretagne a besoin d’une profonde remise en question de ses options énergétiques»

La Bretagne n'existe plus !
(Bretagne politique avec ses 5 départements)

Elle est maintenue séparée, découpée par l'État français et par ceux qui dirigent la région «bretagne» B4.

Cette situation entraine une IMPOSSIBILITÉ toutes options politiques bretonnes pour les habitants de Bretagne (B5) (bretons ou autres).

Donc commençons de la Réunification
puis l'autonomie avec un budget local
puis l'autonomie avec une politique locale
et vous allez voir que de très bonnes options seront prisent par nos élus de Bretagne,
Pour la Bretagne, la France, l'Europe et le monde.


Gisapeca
Vendredi 22 novembre 2024
Pour être crédible, n'utilisez pas d'arguments fallacieux. «les déboires sérieux du parc de Saint-Nazaire dont la production 2023 a été très décevante»... Ce n'est pas l'avis de Pierre-Emmanuel Guillot, directeur de l’exploitation et de la maintenance du parc éolien de Saint-Nazaire : production de 1,5 TW h en 2023 pour une production annuelle prévue de 1,7 TWh par an .

Rafig e 44
Vendredi 22 novembre 2024
Les éoliennes ont le méritent de faire voir à tous les énormes quantités d'énergie que notre civilisation «avancée» a obligatoirement besoin.

Les locataires précédents de l’Armorique nous ont légué les menhirs et dolmens, et nous qu'allons nous léguer à nos enfants ?


Gérard Soufflet
Vendredi 22 novembre 2024
Il n'est simplement pas très sérieux d'opposer ainsi centrales nucléaires et parcs éoliens, qui sont deux «outils» bien différents : le nucléaire est pilotable (il est mis en route, ralenti ou arrêté quand on en a besoin), les éoliennes sont aléatoires et intermittentes et dépendent de la météo, souvent absentes en hiver quand on en a besoin, ou bien en surproduction dans les périodes ventées, à ne plus savoir que faire de leur courant.
Bien sûr cela s'entend hors des indisponibilités (pannes ou révisions programmées) qui peuvent en plus affecter l'une ou l'autre.
Dans tout système électrique, les éoliennes (ou autres ENR intermittentes) ont besoin d'autres moyens de production pour les secourir quand le vent manque (plus de 60% de l'année). Les Allemands qui utilisent gaz et charbon ont un des plus forts taux d'émissions de CO2 d'Europe...
Sans détailler la suite (qui montrerait qu'au fond l'éolien ne sert à rien en France), disons simplement qu'ajouter des éoliennes comme aujourd'hui ne permettra pas de retirer une seule centrale nucléaire. Simplement on fait plaisir politiquement aux électeurs écolo, on remplit les poches du lobby éolien... et au passage on écrase les Français (consommateurs d'électricité et contribuables) du coût d'investissements énormes et superflus, doublons des centrales pilotables existantes.

Jean-Louis Pressensé
Vendredi 22 novembre 2024
C'est sûr, c'est le moment de ressortir le projet de centrale nucléaire à Plogoff...

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