Kevre Breizh, coordination culturelle associative de Bretagne, tient à exprimer sa profonde indignation face aux propos tenus par Béatrice Macé, vice-présidente déléguée à la Culture et aux droits culturels au Conseil régional de Bretagne, qualifiant les organisateurs et pratiquants de fest-noz « d’attardés » en déclarant : « Je dirais qu’on n’est plus en cercle celtique danse traditionnelle, on est chez les attardés ». Même si Mme Macé s’est excusée depuis de ses paroles jugées par elle-même « inappropriées », les termes utilisés n’en restent pas moins inacceptables de la part d’une élue en charge de la culture et des droits culturels.
Kevre Breizh défend les droits culturels dans le cadre plus général des droits humains et soutient les objectifs de parité femmes/hommes. Les mots ayant un sens, stigmatiser ainsi un secteur culturel relève de la violation d’autres droits.
Certes sur la scène des festoù-noz les femmes ne sont encore que 25% selon le dernier diagnostic de HF+ Bretagne. Mais les volontés existent, des progrès sont en cours et, d’après une étude du Centre National de la Musique, les femmes représentent seulement 10% des artistes dans le rap et 11% dans les musiques électroniques en France (17% en Bretagne) ! Si la prise de conscience des questions d’égalité de genre a peut-être été plus « tardive » sur les scènes de festoù-noz que pour certains genres musicaux, la part des femmes qui y sont programmées est équivalente à la moyenne bretonne toutes musiques confondues (25% selon ce même rapport HF+).
Kevre Breizh tient à rappeler que le fest-noz, loin d’être une pratique culturelle d’un autre âge, est un axe majeur de l’expression culturelle bretonne moderne, qui rassemble à longueur d’année des dizaines de milliers de personnes, sans aucune discrimination d’âge, d’origine, de sexe, d’opinion, de religion, ou autre, en Bretagne mais également partout à travers le monde (Paris, Berlin, New York, Tokyo…). C’est une pratique intergénérationnelle, ouverte à tous, qui est profondément créatrice de lien social et de bien vivre ensemble, basée sur une expression culturelle collective bien vivante, dynamique et foisonnante, ce qui est à remarquer dans un monde de plus en plus globalisant et individualiste.
Le fest-noz tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est nullement un reliquat de vieilles coutumes ancestrales « attardées ». Si la danse populaire collective a toujours été pratiquée en Bretagne depuis des siècles, le fest-noz moderne est le résultat de son adaptation récente aux conditions sociales et culturelles nouvelles apparues après la seconde guerre mondiale, et n’a jamais cessé de se renouveler depuis 70 ans. Cette pratique culturelle, unique à la Bretagne, a de plus été reconnue au niveau international avec son inscription au Patrimoine Culturel Immatériel par l’Unesco en 2013, au même titre que le flamenco ou le théâtre kabuki japonais.
■En 1799 : Joseph Fouché , ministre de la police (instructions aux administrations ) je cite : la Bretagne : « Il ne s'agit pas de faire le triage des bons et des méchants ; dans ce pays maudit , il n'y a , il ne peut y avoir que des coupables » .
Victor Hugo dans : Quatre -vint treize en 1874: « les Bretons ... parlent une langue morte qui fait habiter une tombe à leur pensée » ...
Jean Cau , 1963 France observateur : « Nous , jusqu'à présent , nous avions la Bretagne qui suffisait à nous fournir en putes et en bonnes . Mais voilà que les Bretonnes ne veulent plus être bonnes » .
Arlette Laguiller interview sur TV Breizh 2002 « : On est pas capable d'apprendre le breton la philosophie . il manque de mots... Le français est une langue bien plus riche , supérieure !
Oui , le breton n'est pas une langue écrite » ...
«Pour l'unité linguistique de la France , la langue bretonne doit disparaître » , Alfred de Monzie , ministre de l'instruction publique , (Discours d'inauguration du pavillon breton à l'exposition des arts décoratifs ) : à Paris ,1925 .
Dans un an , çà fera 100 ans , quelle consternation ce genre de florilège de jugements sur notre culture ! Nous sommes indignés et en droit de l'être !
Pebezh mez ! = Quelle honte !