Sommes-nous tous des attardés ?

Communiqué de presse publié le 19/01/24 17:12 dans Culture par Kevre Breizh pour Kevre Breizh
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Béatrice Macé (Clip Youtube)

Kevre Breizh, coordination culturelle associative de Bretagne, tient à exprimer sa profonde indignation face aux propos tenus par Béatrice Macé, vice-présidente déléguée à la Culture et aux droits culturels au Conseil régional de Bretagne, qualifiant les organisateurs et pratiquants de fest-noz « d’attardés » en déclarant : « Je dirais qu’on n’est plus en cercle celtique danse traditionnelle, on est chez les attardés ». Même si Mme Macé s’est excusée depuis de ses paroles jugées par elle-même « inappropriées », les termes utilisés n’en restent pas moins inacceptables de la part d’une élue en charge de la culture et des droits culturels.

Kevre Breizh défend les droits culturels dans le cadre plus général des droits humains et soutient les objectifs de parité femmes/hommes. Les mots ayant un sens, stigmatiser ainsi un secteur culturel relève de la violation d’autres droits.

Certes sur la scène des festoù-noz les femmes ne sont encore que 25% selon le dernier diagnostic de HF+ Bretagne. Mais les volontés existent, des progrès sont en cours et, d’après une étude du Centre National de la Musique, les femmes représentent seulement 10% des artistes dans le rap et 11% dans les musiques électroniques en France (17% en Bretagne) ! Si la prise de conscience des questions d’égalité de genre a peut-être été plus « tardive » sur les scènes de festoù-noz que pour certains genres musicaux, la part des femmes qui y sont programmées est équivalente à la moyenne bretonne toutes musiques confondues (25% selon ce même rapport HF+).

Kevre Breizh tient à rappeler que le fest-noz, loin d’être une pratique culturelle d’un autre âge, est un axe majeur de l’expression culturelle bretonne moderne, qui rassemble à longueur d’année des dizaines de milliers de personnes, sans aucune discrimination d’âge, d’origine, de sexe, d’opinion, de religion, ou autre, en Bretagne mais également partout à travers le monde (Paris, Berlin, New York, Tokyo…). C’est une pratique intergénérationnelle, ouverte à tous, qui est profondément créatrice de lien social et de bien vivre ensemble, basée sur une expression culturelle collective bien vivante, dynamique et foisonnante, ce qui est à remarquer dans un monde de plus en plus globalisant et individualiste.

Le fest-noz tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est nullement un reliquat de vieilles coutumes ancestrales « attardées ». Si la danse populaire collective a toujours été pratiquée en Bretagne depuis des siècles, le fest-noz moderne est le résultat de son adaptation récente aux conditions sociales et culturelles nouvelles apparues après la seconde guerre mondiale, et n’a jamais cessé de se renouveler depuis 70 ans. Cette pratique culturelle, unique à la Bretagne, a de plus été reconnue au niveau international avec son inscription au Patrimoine Culturel Immatériel par l’Unesco en 2013, au même titre que le flamenco ou le théâtre kabuki japonais.


Vos commentaires :
Jeudi 16 mai 2024
Si la cause de ce vocabulaire «attardés» est en rapport avec une prétendue misogynie ou un empêchement par le mouvement breton de voir plus de femmes sur scène ... ce procès est une falsification de l'histoire.
En effet, lorsque la Bretagne existait politiquement, une femme pouvait devenir chef d'état à la mort de son père le duc de Bretagne. Il y eu plusieurs duchesses en Bretagne avant qu'elle ne tombe dans le giron de la France.
Par contre dans le royaume de France, il était interdit que la fille du roi devienne reine de France.
Sans parler du code napoléon qui sont des exemples que c'est bien la France qui nous a appris la misogynie depuis l'école, le travail et la vie politique.
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