Ronan Le Coadic : Le peuple breton a été mutilé et est devenu subalterne

Chronique publié le 19/10/23 9:39 dans Politique par Ronan Le Coadic pour Ronan Le Coadic
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Ronan Le Coadic, né à Saint-Brieuc dans les Côtes-d'Armor le 9 février 1962, est sociologue. Professeur de langue et culture bretonnes à l'Université Rennes 2, ses travaux de recherche portent, notamment, sur la sociologie de la Bretagne contemporaine, la conceptualisation des situations minoritaires, l'analyse de cas concrets de minorités à travers le monde et le nationalisme. Ronan Le Coadic a reçu le collier de l'Hermine 2023 le 9 octobre à Dinan

En me décernant le Collier de l’Hermine aujourd’hui, vous m’accordez un honneur qui me touche au plus haut point — et dont je vous remercie vivement —, mais qui me dépasse. Je tiens donc à le partager explicitement.

Avec celles et ceux qui m’ont fait tel que je suis, en premier lieu. Mes grands parents, mon oncle, mes tantes et toute ma parentèle, qui m’ont légué une partie de leur immense richesse culturelle. Mes parents, qui m’ont transmis leur amour de la Bretagne et leur ouverture sur le large. J’aurais tant voulu que mon père (Doue d’e bardono !) puisse être des nôtres aujourd’hui. Mon frère, Erwan, aux côtés duquel j’ai combattu, qui a été emprisonné en raison de son engagement breton, et qui n’a jamais cessé d’œuvrer en faveur de la Bretagne. Mes guides : Jacques Legrée, mon sensei en karaté, qui m’a montré la voie du dépassement de soi ; et, bien sûr, Anjela Duval, dont la confiance m’a illuminé.

Trugarez vras da vezañ uhelaet ac’hanon da zinded urzh an Erminig. Un enor eo, hag un anaoudegezh eus al labour am eus bet graet  ’pad bloavezhioù.

Evel ma lâre Anjela Duval, gant he daoulagad lemm ha c’hwil : « Hiziv ne vo ket tout al lorc’h e Pariz ! »

Ma ! Daoust d’ar brezhoneg bezañ yezh karet Anjela ha yezh ma c’halon,  ’c’h an memestra da dremen d’ar galleg, bremañ ; evit bezañ sur da vezañ komprenet mat gant tout ar re zo er sal amañ hiziv.

Avec celles et ceux qui m’ont épaulé au fil de mon parcours, en second lieu. Celles et ceux qui ne sont, hélas, plus de ce monde, tout d’abord. Et celles et ceux qui sont, heureusement, toujours là et dont certaines et certains se trouvent, même, présents dans cette salle. Mes amis de Mignoned Anjela, d’une part : nous travaillons ensemble depuis vingt-cinq ans à publier l’œuvre de la poétesse-paysanne de langue bretonne. Mes collègues — et néanmoins amis — enseignants-chercheurs de l’université Rennes 2. Les participantes et participants au groupe de recherche Ermine (nom prédestiné !), avec lesquels j’ai étudié pendant près de quinze ans les minorités nationales (dont la Bretagne). Les membres de Kendeskiñ, l’association des étudiantes et étudiants du Diplôme d’études celtiques, dont beaucoup me font le plaisir d’être présents dans cette salle. Enfin, bien sûr (last but not least), ma femme, Laurence, et ma fille, Awena, qui me supportent au quotidien — dans tous les sens du terme.

Avec le peuple breton, enfin. Après l’annexion de la Bretagne, en effet — et des siècles de nationalisme étatique français, d’ethnocide et de négation —, ce groupe humain a, certes, considérablement perdu de ses attributs culturels. Toutefois, il continue, malgré tout, à entretenir et développer une individualité propre.

Mais pourquoi ? Pourquoi le fait-il ? Pourquoi nous trouvons-nous ici ? Que signifie être breton au XXIe siècle ? Selon moi, être breton consiste à appartenir à un groupe subalterne. Ce terme « subalterne » évoque toutes les formes de subordination, qu’elles s’expriment en matière nationale, bien sûr, mais aussi de classe, de caste, de genre, d’orientation sexuelle, de « race » présumée, d’ethnicité, de langue, de culture, de religion, etc.

Le peuple breton, pour sa part, a été symboliquement mutilé. Privé de langue par une politique d’acculturation forcée, son histoire a été occultée par l’Éducation « nationale ». Il a, de plus, été amputé d’une partie de sa population par la séparation administrative de la Loire-Atlantique du reste de la Bretagne.

Il est, en outre, minoré. Il est « mineur » sur le plan légal, puisqu’il ne peut pas (ou plus) se gouverner . Il est « mineur » au sens d’inférieur (ou supposé tel) puisque sa culture a été folklorisée. Il est « mineur », enfin, dans la mesure où il ne bénéficie d’aucune forme de reconnaissance ni d’aucun statut.

Tout cela s’inscrit dans une démarche ethnocidaire, c’est-à-dire une entreprise délibérée de destruction culturelle. Tous les États sont, certes, ethnocidaires ; mais la politique nationaliste de l’État français a constitué un modèle pour beaucoup d’autres. Malgré tous ces défis, cependant, la population bretonne a montré une remarquable capacité de résistance sur la longue durée.

La Bretagne a régulièrement été le théâtre d’importants mouvements sociaux. Elle a vu des luttes agraires égalitaristes se succéder tout au long de l’Ancien Régime, dont la célèbre révolte des Bonnets Rouges, en 1675. Plus récemment, la grève des sardinières de Douarnenez, celle du Joint français, la contestation du projet de centrale nucléaire de Plogoff et la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (notamment) ont marqué l’histoire.

À ces divers mouvements sociaux s’ajoute la persistance d’un vif sentiment d’appartenance à la Bretagne. Attesté dès le Moyen Âge, il se maintient aujourd’hui, comme le confirment régulièrement les sondages. Il s’y ajoute, depuis la renaissance culturelle des années 1970, un renforcement de l’estime de soi collective, voire un sentiment de fierté, qui reste cependant souvent cantonné à la sphère privée et au registre de l’émotion.

Il existe pourtant un noyau militant actif, depuis au moins la fin du XIXe siècle. Celui-ci s’est efforcé d’enrayer l’éradication de la culture bretonne, d’une part, et de formuler politiquement la contestation bretonne, d’autre part, avec des succès variables. Il est, notamment, parvenu à revaloriser l’identité bretonne, à rehausser le prestige de la langue bretonne et, tout récemment, à introduire la question de l’autonomie dans le débat institutionnel. Mais sur quoi repose la conscience bretonne ?

La population bretonne fonde son sentiment d’appartenance sur trois piliers : l’environnement naturel et les paysages, sources d’un fort attachement émotionnel ; la culture bretonne dans son acception étroite : la langue, la musique, la danse, la gastronomie, etc. ; et la « culture sociétale », c’est-à-dire un mode de vie, porteur de sens.

Cette « culture sociétale » bretonne, qui ne semble toujours pas s’étioler aujourd’hui, se caractérise, notamment, par un bonheur de vivre affirmé, diverses formes de solidarité, un tissu social dense, une relative aversion pour l’extrême droite, des valeurs cohésives (probablement en partie héritées de la religion) et ce fameux esprit de résistance que j’évoquais à l’instant. Elle a également pour particularité (attestée par sondage) d’être peu encline au rejet de l’Autre — qu’il s’agisse des étrangers ou des musulmans — et d’exprimer une vision inclusive et affective de l’intégration à la société bretonne.

Groupe subalterne, donc — minoré, mutilé et ethnocidé —, le peuple breton, qui sait faire preuve d’esprit de résistance, a réussi à préserver — et renouveler — sa culture. Tant sur les plans musical, linguistique ou gastronomique (etc.) que sur le plan sociétal. Il demeure néanmoins en proie à de graves périls : sa non reconnaissance en tant que peuple ; l’absence de pouvoir de décision ; l’accentuation des pertes linguistique et culturelle ; la détérioration de son environnement ; l’appauvrissement des générations futures en termes linguistique, culturel, écologique, etc. Comment affronter de tels périls ?

En fait, la subordination du peuple breton ne constitue nullement une exception. Nous pouvons, en effet, mettre le sort de ce peuple en perspective avec celui des autres minorités nationales de la planète et, plus largement, avec celui de tous les groupes subalternes.

On s’aperçoit alors que beaucoup de ces groupes subissent un sort bien plus tragique que celui du peuple breton. Toutefois, il existe des points communs, sinon dans le degré, du moins dans la nature des maux que les uns et les autres endurent.

Or, ce qui fait obstacle aux droits culturels, politiques, économiques, sociaux, éducatifs ou environnementaux de tous ces groupes, ce ne sont pas seulement les États, que j’ai évoqués jusqu’à présent. Ce sont aussi les firmes multinationales, ainsi que tous les pouvoirs hégémoniques, qui sont outrageusement centrés sur eux-mêmes, au lieu d’être tournés vers celles et ceux qu’ils sont censés servir.

Ces puissances poursuivent des objectifs de court terme. Les multinationales cherchent, sans relâche, à maximiser leurs profits. Les responsables étatiques consacrent l’essentiel de leur énergie à se maintenir au pouvoir, voire à accroître leur autorité. Les institutions, en général, travaillent surtout à se reproduire. Cette focalisation sur leurs propres appétits immédiats relègue au second plan non seulement les droits des divers groupes subalternes, mais les intérêts mêmes de la planète et des générations futures. Alors, que faire ?

La meilleure façon de défendre les droits collectifs des Bretonnes et Bretons, des minorités nationales, des groupes subalternes — mais aussi de la planète dans son ensemble et des générations à venir — ne serait-elle pas de bâtir une véritable démocratie ?

Selon son étymologie grecque, le mot démocratie, désigne l’« exercice du pouvoir par le peuple ». Admettons que le peuple soit l’ensemble des membres d’une société, sans exclusion. Que signifie, alors, « exercer le pouvoir » ? Sieyès — un des grands théoriciens de la Révolution française — déclarait, en 1789, qu’il existe « deux manières » pour le peuple d’exercer le pouvoir. Je le cite : le « concours immédiat est ce qui caractérise la véritable démocratie. Le concours médiat désigne le gouvernement représentatif. La différence entre ces deux systèmes politiques est énorme » .

La différence entre les deux étant « énorme », prétendre que le régime représentatif est démocratie revient à affirmer que « guerre est paix », ou que « liberté est servitude », comme dans 1984 de George Orwell : c’est manipuler le sens des mots.

Or, un peu partout dans le monde, des « peuples », se considérant dépossédés du pouvoir réel par les systèmes représentatifs, se laissent séduire par des démagogues qui leur promettent monts et merveilles, mais veulent, en réalité, instaurer un régime autoritaire à leur profit. De tels régimes constituent toutefois un péril majeur — entre autres — pour les minorités et les groupes subalternes, qu’ils ne supportent pas.

Outre la menace autoritaire, cependant, des obstacles majeurs se dressent sur la voie de la véritable démocratie : le manque de volonté politique, du fait du refus des élites de se dessaisir d’une partie de leur pouvoir, d’une part. Et, d’autre part, les inégalités sociales et éducatives générées par le développement inéquitable du capitalisme — qui réduisent considérablement la capacité délibérative des classes défavorisées.

Alors, est-il naïf de vouloir construire une véritable démocratie ? Peut-être un peu. Mais pas complètement. Car l’histoire de l’humanité est jalonnée d’expériences vraiment démocratiques, qu’il s’agisse des sociétés mésopotamiennes — 2 000 ans avant Athènes —, de la Confédération iroquoise, des Igbo du Nigeria, des zapatistes du Chiapas, des Kurdes du Rojava et de bien d’autres… Ces expériences démocratiques reposent sur :

- la libre association des populations (et non la conquête ou l’emprise d’un État) ;

- l’inclusion de toutes et tous au sein du « peuple » souverain ;

- la prise de décision consensuelle, respectueuse des minorités ;

- la limitation dans le temps du pouvoir des représentantes et représentants élus ;

- le mandat impératif ;

- la prise en compte de l’environnement naturel dans toutes les décisions ;

- et l’anticipation des effets des décisions prises sur les générations futures.

Or, avec les avancées technologiques actuelles, toutes ces pratiques démocratiques peuvent être techniquement mises en œuvre aujourd’hui, à tous les niveaux de la société. Mais il n’y a pas que la technique, bien sûr : y parvenir ne peut que relever d’un combat.

Permettez-moi de clore mon intervention par une petite leçon de démocratie iroquoise. Depuis le XIIe siècle, toutes les décisions politiques au sein de la Confédération iroquoise devaient être prises en gardant à l’esprit les générations à venir, « même celles dont les visages sont encore sous la surface du sol », c’est-à-dire les enfants à naître, jusqu’à la septième génération.

En effet, confiait le leader spirituel et politique iroquois Leon Shenandoah : « Pensez à la tristesse que vous éprouveriez si vous saviez que vos petits-enfants vont souffrir à cause de ce que vous avez fait ». Ou pas fait…

Ronan LE COADIC

Discours à la cérémonie de remise des Colliers de l’Hermine 2023


Vos commentaires :
Alain E. VALLÉE
Dimanche 24 novembre 2024
L'article 27 de la Constitution énonce que : «Tout mandat impératif est nul.» et que : « Le droit de vote des membres du Parlement est personnel.»
Et à juste raison car la démocratie représentative et le développement reposent sur la confiance.
A ce sujet, il faut se rappeler ce passage lumineux de Alain PEYREFITTE sur la «combinatoire du développement» et «l'échos de confiance», in : «La société de confiance » (O. JACOB - 1995)
« La société de défiance est une société frileuse, gagnant-perdant : une société où la vie commune est un jeu à somme nulle, voire à somme négative (« si tu gagnes, je perds); société propice à la lutte des classes, au mal-vivre national et international, à la jalousie sociale, à l’enfermement, à l’agressivité de la surveillance mutuelle. La société de confiance est une société en expansion, gagnant-gagnant (« si tu gagnes, je gagne »); société de solidarité, de projet commun, d’ouverture, d’échange, de communication ». (p. 10)
« Notre hypothèse est que le ressort du développement réside en définitive dans la confiance accordée à l’initiative personnelle, à la liberté exploratrice et inventive - à une liberté qui connaît ses contreparties, ses devoirs, ses limites, bref sa responsabilité, c’est-à-dire sa capacité à répondre d’elle-même ». (p. 15)
Alain PEYREFITTE cite Maurice ALLAIS (Prix Nobel d'Économie- 1988) (27 III 1990 à Lille)
« Que l’on considère la mise en place de la démocratie ou celle d’une économie de marché, le facteur majeur du succès, c’est l’établissement de la confiance, (...) ». (p. 401)
" Le développement enchaîne les caractéristiques suivantes :
1 - La mobilité sociale, l’évolution de la société civile, l’adaptation organique ;
2 - L’acceptation et la recherche de la nouveauté ; la prévision, l’anticipation, la valorisation de la recherche et du développement, l’innovation, l’initiative, sont des valeurs fécondes, non des menaces pour l’ordre social ;
3 - L’homogénéisation de la société par la circulation aisée des biens, des personnes, des informations ;
4 - La tolérance aux idées hétérodoxes, fondées sur l’attachement au pluralisme ;
5 - Le pari sur l’instruction, c’est-à-dire la confiance dans le développement intellectuel et la diffusion culturelle ;
6 - La recherche d’une organisation politique qui soit perçue comme légitime par le plus grand nombre ;
7 - L’autonomie de fonctionnement de la sphère économique ;
8 - Une économie qui repose sur la coopération du plus grand nombre ;
9 - La santé publique considérée comme une valeur essentielle : la mortalité y est énergiquement combattue (...) ;
10 - La natalité maîtrisée et responsable (...) ;
11 - Une organisation des ressources alimentaires rationnelle et quotidiennement négociée par un marché ouvert et concurrentiel ;
12 - Une violence maîtrisée par un pouvoir policier et judiciaire considéré comme légitime.
Tous ces traits ont une cohérence, dont le principe est l’éthos de confiance ; ils entrent en synergie. Ils forment une véritable combinatoire de développement. » (p. 406)

Naon-e-dad
Dimanche 24 novembre 2024
Il me semble que dans son paragraphe sur les différents critères qui convergent vers la cristallisation d'un peuple, Ronan Ar C'hoadig oublie un élément connu des sociologues et anthropologues: la structure familiale.
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Cet élément a été mis en évidence par Emmanuel Todd lorsqu’il a étudié l' « Origine des Systèmes familiaux « » (sur la planète et pas seulement en Europe). Voir par exemple la carte wikipedia Voir le site
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Pour ceux qui sont issus de la société rurale traditionnelle bretonne (et j'en suis), la perception de la famille est différente de ce que - selon Emmanuel Todd - l'on trouve dans le reste de la France
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En Bretagne, semblable en cela à certaines zones de l’Extrême Orient - le rôle de la mère, ou de la branche familiale maternelle, est dominant.
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Ce fait est tellement profond qu’il relève du domaine du semi-conscient ou du pré-conscient, et échappe à l’observateur ordinaire ou au voyageur pressé, mais est pourtant bien réel.
Et si je peux risquer un témoignage personnel, l'on s'en aperçoit au moment du décès des parents. Je me souviens de la question de cet homme (un politique breton) m’interrogeant brièvement à ce sujet. Quel avait été le moment important pour la fratrie, celui du départ de la mère ou celui du départ du père ? C’était bien évidemment le départ de la mère qui avait bousculé la fratrie, et j’ajoute, cela non pas pour une raison chronologique ou psychologique, mais pour une raison anthropologique. Tenter d’expliquer cela à quelqu’un d’extérieur à la Bretagne est évidemment inutile et peine perdue. C’est à coup sûr ne pas être compris.
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Pareille observation concerne le temps long, à échelle des sociétés, et va sans doute en s’amortissant doucement, avec la déstructuration progressive de la société bretonne ou son panachage graduel à l’époque contemporaine ?
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C’est sans doute pour cela que le discours ambiant féministe ne m’atteint pas beaucoup. Cela va faire grincer des dents. Mais expérimentalement, il est largement contredit par mon vécu, par ce que j’ai absorbé de mon entourage dans la ruralité bretonne. Précision : en Bretagne, j’ai vu une société vivante (en tout cas ses derniers feux). En ville, ce ne fut pas le cas.
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La chose devient plus difficile à analyser peut-être, si l’on tient compte de l’impact des guerres au XX° siècle. La saignée effectuée dans la population masculine, notamment en 14-18, a laissé toute une génération de femmes sans homme. Cette brèche, visible dans la pyramide des âges est moins prononcée pour 39-45. J’appartiens à une génération qui a connu des femmes en coiffe, mais pas vu d’homme (sauf rare exception) en chapeau. Néanmoins – à y réfléchir – j’ai bien envie de penser que le phénomène sociétal anthropologique – la structure de la société - l’emporte sur l’événement historique – les guerres.
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Emmanuel Todd –j’ai eu l’occasion un jour de l’entendre en public – pense même que la structure familiale l’emporte sur la langue (bretonne) pour expliquer l’originalité de la Bretagne. Peut-être ? Qu’en pensent les chercheurs bretons ?
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Doue d’o fardono d’an holl, Mamm ha Tad….Lorc’h a teu ennon pa soñjan en dra-se….Mersi bras da re a zo bet em-raok….

Emilie Le Berre
Dimanche 24 novembre 2024
Ossu ;-)

Kristof Bach-Bourdelier
Dimanche 24 novembre 2024
Merci a Ronan le Coadic et a ABP pour ces mots - Il est juste dommage de voir -une fois n'est pas coutume- le mot 'langue' au singulier - S'agissant des langues vernaculaires (autres que le Francais) de Bretagne, chacun.e sait aujourd'hui qu'il en existe -au moins- deux : le Breton, langue Celtique et le Gallo, langue Romane - Je n'arrive pas a comprendre pourquoi ce qui est compris en Moselle ( Voir le site et en Ecosse (« Voir le site alt=«scots_density»/> carte de 2013) -pour ne citer que ces deux exemples-la- est toujours un combat ... au sein meme de la Bretagne - Fort heureusement, une des 10 communes les plus peuplees de Bretagne montre l'exemple (« Voir le site alt=«À Saint-Brieuc, on a volé les panneaux d’entrée de ville côte de Gouët ...»/> image) - Gageons que d'autres villes (de Haute-Bretagne - Nantes, Rennes -si ce n'est pas deja le cas la-bas aussi- Saint-Nazaire, Saint-Herblain, Saint-Malo) suivront l'exemple de la signalisation trilingue - C'est a ce prix-la que nous avancerons d'un -autre- pas sur vers la Reunification de la Bretagne

Kerbarh
Dimanche 24 novembre 2024
Il oublie de mentionner la masse de petits entrepreneurs bretons attachés à la Bretagne et qui ont contribué à son développement extraordinaire depuis 1960. Dommage !!!

JJGOASDOUE
Dimanche 24 novembre 2024
Salut Ronan, très heureux de te relire .Pour Frère Marc de Landevennec : JJ , dans ton village de Quillien ( Argol ) vous en toujours au 6ème siècle. Merveilleux compliment . Nos braises sont la vibrantes , souffrons sur les cendres . A galon . JJ. djjgoasdoue [at] gmail.com .Nb - Beau texte aussi de Alain Vallée.

Burban xavier
Dimanche 24 novembre 2024
Le peuple breton existe , mais un peuple ne subsiste que par le biais d'une langue et le + souvent d'une religion .

Sans la langue bretonne , la Bretagne se diluera dans le panel de cultures interchangeables où tout se vaut , l'originalité c'est la langue ...

Les sociétés modernes font de nous des consommateurs sans racines , l'individu devient un agent économique , la société une marchandise ....la nomadisation des populations (malheureuses) vers les sites de productions qui profite pour le coup à une minorité de nantis .

Certes , ils se trouvent des gens qui disent NON à l'uniformisation préconisée par cette caste .

Où sont l'humanité et surtout les grands principes gravés dans le marbre par les institutions internationales pour les peuples ?


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