La décision est tombée cet été. Le manoir de Bouvron, logis médiéval situé au centre bourg, dont l’Inrap avait souligné l’intérêt architectural, va être rasé. Le terrain sera vendu à un promoteur, pour édifier une « supérette ».
La Drac des pays de la Loire ne s’était pas montrée favorable à la demande de classement formulée par les associations patrimoniales. Le préfet a suivi.
Il ne payait pas de mine, ce logis médiéval enchâssé dans une bâtisse du 19e siècle – ce qui avait permis de le préserver- mais il faisait lien avec notre histoire. Sa vieille cheminée porte encore le blason de Pierre Raboceau, secrétaire des deux derniers ducs de Bretagne.
Selon Mr le Préfet de la région des pays de la Loire, sa valeur historique n’apparaissait pas suffisamment établie. Il avait juste le mérite de nous rappeler que la Loire-Atlantique est historiquement bretonne, ce qui peut déplaire à un préfet des pays de la Loire.
Sommes-nous condamnés à voir disparaître tous les vestiges anciens qui pourraient fort bien être réhabilités, pour que toutes les bourgades n’expriment plus la moindre originalité, avec partout les mêmes supérettes ?
Sommes-nous condamnés à la destruction lente de notre histoire bretonne pour laisser place à celle que la technocratie parisienne a écrite pour nous, sans jamais nous consulter ? La ville de Bouvron doit son origine à une décision du duc de Bretagne ayant confié à des moines le soin d’y édifier une église. Les pouvoirs publics ne s’en soucient guère. Koun Breizh avait interpellé le président de la Région Bretagne pour qu’il intervienne dans ce dossier. Il avait botté en touche.
Ce désintérêt pour notre patrimoine, peu compréhensible à l’étranger, se retrouve dans le fonctionnement des instances en charge de la protection des menhirs. L’affaire de la destruction des menhirs, chemin de Montauban à Carnac, pour édifier un « Mr Bricolage », témoigne de l’incapacité de ces instances à assurer une protection efficace.
A ce jour, nous n’avons toujours pas de réponse à nos questions. Le ministère de la Culture n’a pas daigné s’interroger sur l’origine d’un dysfonctionnement ayant vu la destruction de vestiges archéologiques signalés par l’Inrap, figurant sur la carte archéologique et faisant l’objet d’un arrêté de fouilles préalables s’imposant au maire comme à l’aménageur.
Cette affaire a donné lieu, pour le maire de Carnac, à un exercice de communication politique sur les mauvais traitements endurés par les édiles pour refuser de répondre aux questions que nous lui posons. Sommes-nous assurés que des dispositions ont été prises par la mairie de Carnac pour que plus jamais nous n’assistions à de tels dévoiements ? Nous n’en savons rien.
Le commerce est aujourd’hui bien plus important que le patrimoine. Or le patrimoine est ce qui nous relie à notre communauté, ainsi qu’à notre terre. C’est pour ces raisons, qu’il est le parent pauvre des politiques publiques.
D’urgence, il faut simplifier et démocratiser les règles protectrices. Il n’est plus acceptable qu’un préfet assure librement la destruction de nos vestiges historiques bretons, sans rendre le moindre compte devant le peuple.
La protection du patrimoine est l’un des grands enjeux de l’autonomie d’une Bretagne réunifiée
Yvon Ollivier
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