Rapport sur l'autonomie : le grand renoncement !

Chronique publié le 20/09/23 20:53 dans Politique par Yvon Ollivier pour Yvon Ollivier
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L’absence de mention dans ce rapport de 29 pages du peuple breton symbolise l’incapacité de la Région Bretagne à sortir de l’étouffement centralisateur.

Comment peut-on s’efforcer de justifier l’autonomie en 29 pages sans jamais dire que le peuple breton existe, et légitime par là-même son autonomie ?

Comment s’étonner dès lors que le rapport du groupe de travail se borne à se complaire au sein de l’univers technocratique et spoliateur du centralisme français ? Un peu d’adaptation de pouvoir réglementaire, voire législatif dans le cadre de compétences dévolues ne changera rien au système en vigueur. Jamais l’Etat ne consentira à de telles habilitations. La différenciation n’est pas dans sa nature profonde. Comment peut-on faire fi de cette réalité connue de tous ?

L’octroi d’un peu d’autonomie fiscale ne changera rien au système centralisateur.

La Région Bretagne ne fait pas mystère de l’échec de la décentralisation française, mais n’imagine pas s’émanciper de ce monde sclérosant pour que nous puissions voler de nos propres ailes. Aussi, se complait-elle au sein d’une logique décentralisatrice, ce masque du centralisme, qui fait de la Bretagne et des Bretons les variables d’ajustement des politiques de grandeur que suit la France. Les hôpitaux ferment, nos langues s’éteignent, les jeunes Bretons ne peuvent plus se loger. Et nous continuons la descente aux enfers. Les choses n’iront qu’en s’empirant.

Et pourtant, nous leur avons dit qu’en matière de pouvoir normatif, il n’était pas de demi-mesure. Vous l’avez ou vous ne l’avez pas. Ce n’est pas de partage de pouvoir réglementaire ou législatif avec l’Etat dans le cadre de compétences dérisoires, ou de souplesse qui importent aujourd’hui, mais la dévolution Franche de pouvoir, de responsabilité et la pleine gestion du produit de nos impôts.

Au lieu d’exiger le titre spécial dans la Constitution pour la Bretagne qui lui donnera les coudées franches et lui permettra de déroger aux décisions du conseil constitutionnel hostiles à l’immersion et au tilde, le rapport se contente d’esquisser une réflexion sur un éventuel statut particulier lorsque les articles 72 et suivants de la Constitution pourront être revus.

Nos élus peinent encore à penser le changement d’univers qui redonnera au peuple breton la maîtrise de son destin.

Ce rapport fait fi de la réalité d’un système politico-administratif français qui court à sa faillite et qui, pour subsister, pressurisera chaque jour davantage la Bretagne, jusqu’à détruire tout ce qui fonctionne. Notre seul espoir est de s’en émanciper au plus vite pour forger un autre avenir qui restitue au peuple breton son autonomie pour renouer le lien avec son territoire.

Ce rapport évoque le rejet actuel de la politique mais n’aborde pas le risque majeur que constitue la venue de l’extrême droite au pouvoir, qui jettera la « région » dans les poubelles de l’histoire et tout ce que les Bretons ont réussi à construire. Avec ce rapport de pure convenance, le rejet du politique n’ira qu’en s’amplifiant, car nous ne déciderons rien de ce qui nous importe.

Ce rapport fait fi des grandes évolutions actuelles. Il symbolise de renoncement de la Bretagne.

Heureusement, Loïg Chesnais-Girard a écrit au chef de l’Etat pour demander si éventuellement, il y avait « une fenêtre d’opportunité pouvant aussi s’ouvrir pour la Bretagne » dans le cadre de la réforme constitutionnelle en cours. Je ne sais s’il est possible de faire preuve d’autant de manque de volonté politique.

Ce rapport pouvait marquer un tournant historique. Il nous tourne en ridicule. Le vœu voté en avril 2022 méritait beaucoup mieux que le maintien au sein d’une technostructure qui se moque bien des intérêts fondamentaux du peuple breton.

Yvon Ollivier


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