Patrimoine breton à Carnac, qu'en pense la Région Bretagne ?

Chronique publié le 23/06/23 8:12 dans Histoire de Bretagne par Yvon Ollivier pour Yvon Ollivier
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Ce qui reste du site archéologique dit Chemin de Montauban après sa destruction (photo Sites et Monuments) https://www.sitesetmonuments.org/dysfonctionnements-a-la-pelle-a-carnac

Cela fait maintenant trois semaines que l’affaire de la destruction de plus de 38 monolithes a été révélée par la presse, mettant à jour la légèreté coupable ou la désorganisation des instances en charge de la protection de nos Menhirs de Carnac.

Les défenseurs du patrimoine breton comme Koun Breizh, sites et patrimoine, des lanceurs d’alerte ont fait leur travail pour que ce scandale ne soit pas étouffé.

Comment imaginer le non respect par la mairie de Carnac et l’opérateur privé d’un arrêté prescriptif de fouilles préalables à toute construction dont ils avaient connaissance ?

L’une comme l’autre connaissaient le diagnostic effectué en 2015 en ce qu’il leur avait été notifié, établissant la présence de vestige archéologiques. Comment les services de la DRAC n’ont-ils pas été mis en mesure de réagir à la délivrance du permis de construire ? Comment le préfet ne s’est-il pas opposé à la délivrance du permis de construire alors qu’il représentait l’Etat, autorité émettrice de l’arrêté prescriptif de fouilles préalables ?

L’ensemble de ces dysfonctionnements devrait solliciter la réaction de la Région Bretagne, en charge principalement de la défense du patrimoine breton. Au lieu de cela, la seule réponse du Président Chesnais-Girard a été de dénoncer la haine en ligne et l’agitation des groupuscules sur la toile.

Le combat contre la haine en ligne et les menaces est une nécessité, mais il ne doit pas cacher la forêt d’un patacaisse administratif comme on n’en fait plus. Ce scandale nous interroge sur les pratiques en vigueur et doit inciter les pouvoirs publics à consolider les processus de protection pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus. Ce patacaisse est peut-être encore révélateur d’autres errements commis dans le passé et qui mériteraient d’être mis à jour.

A entendre Mr le Maire de Carnac, ce genre de problème se produirait « dix fois par an » !

C’est pour cette raison que Koun Breizh a déposé plainte, obtenu l’ouverture d’une enquête pénale, sollicité avec sites et Monuments une demande d’inspection administrative par la ministre de la Culture.

Mais comment faire bouger les choses si la Région Bretagne est absente du débat ? Comment retrouver confiance dans la solidité du projet d’inscription au Patrimoine de l’Unesco, si la Région Bretagne ne s’empare pas du sujet ?

Je suis sidéré de voir que l’ensemble des pouvoirs publics s’accordent aujourd’hui pour étouffer cette affaire. On a menti dans les communiqués officiels, entachant gravement la confiance que l’on doit à la parole publique. Une certaine presse semble avoir emboîté le pas et n’investigue plus sur les véritables raisons qui ont amené à la destruction de notre patrimoine commun, considérant qu’il ne s’agissait que de vulgaires « cailloux » !

Cette affaire est le moment pour solliciter l’autonomie de la Bretagne dans le domaine culturel et patrimonial, avec le contrôle de la DRAC, ce qui éloignerait des risques d’affairisme local. C’est aux Bretons de gérer leur patrimoine, de manière autonome et responsable.

C’est ce que Koun Breizh a demandé dans son dernier communiqué de presse commun avec sites et patrimoine.

L’autonomie de la Bretagne est une nécessité. Qu’en pense le Président de la région Chesnais-Girard ?

Yvon Ollivier

Auteur

Rener Koun Breizh


Vos commentaires :
jakez Lhéritier de Sant Nazer
Dimanche 22 décembre 2024
Ce désastre est bien l'occasion de poser le problème sur l'ensemble de la Bretagne .

En Loire Atlantique nous avons déjà signalé ce genre de «patacaisse»?
-l'affaire de la butte aux Clozeaux à St Lyphard,détruite et sans «responsables».
-les fouilles sur des vestiges médiévaux,faites aux P'tit Maroc fin 2022 par l'INRAP, avec un rapport de« la DRAC 44 non communiqué en Juin .Pourquoi ce silence de la DRAC;Alors que les résultats d'autres fouilles plus récentes sont connues???

D'après nos camarades, »l'Ouest «de la Loire Atlantique en Bretagne possèderait le second »gisement" de sites mégalithiques à protéger,à finir de fouiller...Seront ils classés par l'UNESCO?

Enfin l'affaire de Besné en Loire Atlantique ,aussi,avec la mobilisation avec l'appui de nos organisations bretonnes ,prouve qu'il faut accentuer un débat en publique. concernant l'ensemble de la Bretagne..
Bravo pour votre plainte.


jean-luc Laquittant
Dimanche 22 décembre 2024
Sous les fourches caudines de l'argent et des magouilles sous le manteau de nos élus, on ne peut malheureusement pas grand chose, quand on voit la mollesse des réactions bretonnes à ce genre de violations. Bravo à« Koun Breizh», ce lanceur d'alerte avec qui il faudra compter en Bretagne.

Jean BOIDRON
Dimanche 22 décembre 2024
On peut effectivement, Jean Luc, penser à Bolloré, notre «Breton» de façade qui est le véritable Président de la République du pognon & qui tire toutes les ficelles des marionettes de façade sur lesquelles on s'acharne en vain...
C'est lui le roi de la bricole ! Avec quelques autres, comme cet autre Breton Pinault. Complexe d'infériorité d'un peuple colonisé, dépassé & surpassé par compensation, peut-être... Vite un divan collectif !
Et du bulldozer pour araser les consciences collectives & les canaliser «plus», vers des mouvements de foule sans esprit, sur des pulsions hanounesques.
S'il y a bien un combat majeur à mener, dont l' «affaire» Carnac n'est que la partie émergée de l'iceberg, c'est bien celui de la «culture», au sens candide des «jardin partagés», qui allie mémoires, connaissance du «terrain», projection sur du long terme, de l'économie des échanges humaniste & non de la finance à visée de profits immédiats.
Cela passe par l'éducation de tous. Version IIIeme République malgré des erreurs jacobines où l'unique modèle prime sur le pluriel. Qui permettra sans doute d'éviter que l'on confonde un alignement mégalithique a découvrir avec un vulgaire «tas de cailloux» de réemploi.
Je reste profondément marri de cette indigence intellectuelle d'un édile en charge d'un tel «patrimoine» qui se montre incapable d'assumer ses «devoirs» intellectuels & simplement humains, en la matière. Face à l'argent à faire & défaire. C'est hélas le lot de notre système politique entier qui s'essouffle & promeut «par défaut» des ânes bâtés aux commandes. Retenir que l'âne est un animal très intelligent, mais peureux avant tout. Et la peur est une pulsion reptilienne. Donc on rampe plutôt que de ramer à contre sens nécessaire parfois. Quant à la «patate chaude» qu'on se renvoie d'un burlingue à l'autre, ce n'est de mise habituelle. L'irresponsabilité fonctionnelle, de gens qui acceptent d'être payés pour obéir avant de réfléchir, & qui a pu nous valoir les pires moments de l'Histoire...
Quant au «patrimoine», préciser que ce n'est pas une lubie de vieux cons au regard tourné vers l'arrière, mais bien un puits de réserve de cette de mémoire dont chacun a besoin pour s'abreuver & aller de l'avant. Non pas une image figée d'un passé révolu mais un long mouvement qui borne la ligne ou plutôt le cycle du Temps. Sans cesse renouvelée...

Alain E. VALLÉE
Dimanche 22 décembre 2024
On voit bien la limite de l'exercice que constitue la régionalisation administrative avec ses absurdes limites, minables pouvoirs et moyens fiscaux. Elle n'est qu'une une manière mineure de l'État. Les assemblées élues illusionnent les gens ordinaires. On pense naïvement à la Bretagne historique, réunie, dotée de compétences étendues, explicites, impératives et exclusives. Il ne s'agit que d'un rouage déconcentré de l'empilement administratif de l'État. C'est un mirage !
D'ailleurs, dans «Région Bretagne», Bretagne n'est pas un nom mais un adjectif comme on pourrait dire «région chaude», «neuve», ... Administrativement, la Bretagne n'est qu'une qualité de région. Mais elle n'est pas un être. Idem pour la Météo avec, répété en boucle, : «pointe bretonne» où bretonne est un qualificatif de ... pointe ! Dans leur passion anti - bretonne, les jacobins n'ont même pas l'idée que la France est ainsi défigurée imaginée avec une telle prothèse !
Alors si l'État qui on vient de le vérifier, s'intéresse peu et mal aux vestiges d'il y a 7.000 ans, surtout s'ils n'ont pas l'alignement qui plait, n'ont pas le bon look dans un endroit où ils ne déragent pas mais permettent tant l'économie, le tourisme que la spéculation immobilière, il est très probable que la région administrative, de plus peut-être même réglementairement incompétente et ipso facto taiseuse, n'en fera pas beaucoup plus.
Donc en l'état de l'État, c'est foutu et c'est bien triste !
AV

thomas
Dimanche 22 décembre 2024
«Pôle Développement territorial - DIRECTION DU TOURISME ET DU PATRIMOINE»
le chose est dite et bien dite...

Jean-Louis Pressensé
Dimanche 22 décembre 2024
L'affaire de la rangée de monolithes (plutôt des microlithes que d'imposants menhirs si j'ai bien compris - pour ne pas parler de l'autre rangée, pas plus patrimoniale que les 'menhirs' qui poussaient sur les gazons de nos belles maisons néo-bretonnes) ne doit pas être le doigt du sage qui éviterait de regarder la lune. S'il y a une enquête à faire, c'est sur la politique culturelle de la municipalité d'Auray, qui trouvant qu'un Musée de préhistoire municipal ça coûte cher, s'arrange à le refiler à la Caisse des monuments historiques. Du coup, c'est elle qui va déménager le plus riche musée du Néolithique au monde, restituant le local vidé... à la municipalité qui y installera ses services. Epatant, non ?

jean-luc Laquittant
Dimanche 22 décembre 2024
Vite un divan collectif ! J'adore

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