Lettre de l’UDB à Loïg Chesnais-Girard

Lettre ouverte publié le 9/05/23 14:45 dans Langues de Bretagne par pour

Monsieur le président de Région,

Même si le budget pour les langues de Bretagne nous semble encore insuffisant étant donné l’urgence, il est évident que c’est la Région Bretagne qui, aujourd’hui, porte la seule véritable politique linguistique légitime. Depuis 2004, des efforts ont été déployés pour valoriser le breton et le gallo dans l’espace public, notamment via la convention État-Région pour le développement de ces langues. Cependant, nous pensons que ce n’est toujours pas suffisant. Le budget alloué aux langues de Bretagne a d’ailleurs baissé de fait cette année, et ce alors que le breton et le gallo sont en grand danger de disparition et continuent d’être minorisées dans le système éducatif et le monde du travail.

Une langue se parle certes, mais elle doit aussi s’entendre. La demande d’entendre du breton et du gallo dans l’espace public se fait de plus en plus forte. Cela se fait déjà dans les trams et le téléphérique à Brest.

Comment comprendre alors que ces langues soient totalement inaudibles dans les TER, un endroit de passage pour des centaines de milliers de Bretons, et dont la Région Bretagne est pourtant en charge ?

Comment développer ces langues, donner envie de les apprendre et de les pratiquer, si nous n’avons pas l’occasion de les entendre ? Une langue se pratique. À la maison, dans les transports, au travail… L’entendre au quotidien, dans les lieux les plus banals, est une aide précieuse à l’apprentissage. Or, c’est justement dans le domaine de la formation que l’urgence est la plus forte. La Région Bretagne est engagée sur la question. Permettre à tous les apprenantes et apprenants d’entendre du breton et du gallo dans les trains serait un moyen de les encourager et – pourquoi pas ? – de donner envie à d’autres de s’y mettre !

Au-delà des enjeux d’apprentissage, donner au gallo et au breton toute la place qu’ils méritent dans les transports régionaux, c’est aussi faire connaître et rayonner les particularités linguistiques de notre région, qui font sa richesse et son attractivité. Qu’ils soient bretonnants ou non, gallésants ou non, une écrasante majorité de Bretons veut préserver et valoriser cette réalité culturelle unique. Le multilinguisme de la Bretagne est une force, un ancrage territorial autant qu’une ouverture sur le monde, sur l’avenir. C’est aussi un gage d’« attractivité », mot qui vous est cher !

C’est pourquoi nous sollicitons la mise en place d’annonces vocales en breton et en gallo dans les TER et dans les gares bretonnes. Il s’agit d’une mesure peu coûteuse et hautement symbolique. Si une mairie est capable de le faire, il nous semble tout à fait à la hauteur d’une institution comme la Région Bretagne de l’étendre. Ce serait la concrétisation logique de votre politique linguistique, et un premier pas fort vers l’autonomie, pour laquelle vous avez voté un vœu en avril 2022.

Ne nous contentons pas de lire nos langues. Faisons-les entendre, faisons-les vivre ! Dans l’attente de votre retour, nous vous prions de croire, monsieur le président de Région, à nos salutations les plus respectueuses.

Korentin Gaillard – Porte-parole de l’UDB Yaouank

 

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Ce communiqué est paru sur UDB


Vos commentaires :
Anne Merrien
Vendredi 15 novembre 2024
Dans les bus morlaisiens, non seulement il n'était pas envisagé de faire des annonces bilingues, mais les noms bretons étaient prononcés à la française par un automate. La place Traoulen rimait avec «lent» et non avec «laine». La rue Matilin An Dall pourtant écrite avec une orthographe bretonne n'était pas mieux lotie. Je ne sais pas si la situation s'est améliorée.

Naon-e-dad
Vendredi 15 novembre 2024
«une mesure peu coûteuse et hautement symbolique». Tout-à-fait d'accord.
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De même pourquoi ne trouve-t-on encore aucun logiciel GPS capable d'énoncer correctement les panneaux bilingues? Là aussi, une mesure peu coûteuse et hautement efficace pour une institution.
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Je rejoins Anne Merrien sur sa remarque. Combien s'imaginent - faute d'exemples ou de modèles sonores - que le breton pourrait se lire en s'appuyant sur la phonologie du français? La chose est impossible: toute langue dans ce vaste monde a sa propre phonologie...
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Brav eo lenn ar brezhoneg. Brav eo ivez klevout ar yezh. An daou dra zo ret da-geñver hon yezh.

Yann-Bêr Le Pallec
Vendredi 15 novembre 2024
Il en est de même dans les radios France Bleue locales où on préfère faire écouter des musiques et chansons en anglais à longueur de journée plutôt que des airs en breton ou gallo .

jakez Lhéritier de Sant Nazer
Vendredi 15 novembre 2024
Allons occuper FR3 à Rennes à Nantes ?
Allons occupé le parlement à Bruxelles
Organisons la celtavision culturelle.
Allons «badigeonne» les espaces abandonnés avec nos revendications sur des thèmes artistiques.

jojo
Vendredi 15 novembre 2024
C'est pas dur, tout est question de budget. Le budget de la région Bretagne est ridicule, mais vraiment ridicule.

Petite comparaison, la Galice (2,7 millions d'habitants) dépense plus de 100 millions d'euros simplement pour sa tv et radio publique (en galicien). La région Bretagne dépense 8 millions pour les langues bretonnes...


Jean-Louis Pressensé
Vendredi 15 novembre 2024
Bizarre : ce texte n'est pas assorti de sa version bretonne...

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