Yulia, Anna et Ekatarina sont trois femmes russes qui, chacune à leur façon, ont un jour vu leurs existences révolutionnées et magnifiées par la découverte de la Bretagne et de sa langue.
Ekaterina Balobanova (1847-1927), était une aristocrate désargentée du milieu du XIXe siècle qui a été la première femme à faire connaître les mondes celtiques en Russie. Elle a écrit un livre sur les légendes bretonnes qui n'existait qu'en russe mais que l'éditeur An Alarc'h vient de publier en français sous le titre Légendes des anciens châteaux de Bretagne. Ekaterina Balobanova a voyagé jusqu’en Bretagne, où elle avait de la famille. Ses souvenirs de voyages ont été édités en breton et traduit par Anna Mouradova, publiés également chez an Alarc’h : Ur Rusianez e Breizh. Elle y a fait plusieurs séjours entre 1856 et 1870, selon l'écrivaine brittophone Riwanon Kervella.
Yulia Borisova, une poétesse russe de Rostov, atteinte d’agoraphobie (la peur des foules et la peur des espaces ouverts) est parvenue grâce à la découverte du breton et de la danse bretonne à traverser l’Europe pour rejoindre des amis en Centre-Bretagne. Dans un article paru dans Ouest-France, elle a déclaré "« Il y a une dizaine d’années, j’ai entendu une chanson de Denez Prigent à la radio et j’ai eu un déclic. J’ai voulu apprendre le breton ». Elle a, depuis, écrit deux recueils de poèmes en breton, Ar priñs forbann et Spered lemm, publiés chez Al Lanv.
Anna Mouradova, est née à Moscou. Elle a, par son père, des origines assyro-iraniennes. Polyglotte, elle parle de nombreuses langues dont le russe, l'anglais, le français et... le breton ! Elle a appris le breton à l'âge de 15 ans et a fondé la chaire de breton à l’Université de Moscou. Elle a publié des poèmes et des romans en breton. Elle vit aujourd'hui en Géorgie d'où venait son grand-père mais rencontre des problèmes graves pour renouveler son titre de séjour. Elle est enseignante de français et d'anglais à Tbilissi et vient de traduire le fameux roman de Nicolas Gogol Le Nez en breton (voir notre article). Elle écrit des articles d'actualité en breton sur ABP. Elle a reçu le collier de l'Hermine en 2020 (voir notre article).
Tourné en Bretagne, en Géorgie et en Russie entre 2019 et 2022 par Bruno Deniel-Laurent avec la participation de France 3, de Breizhoweb, Tébéo, et le soutien de la région Bretagne, Teir flac'h deuet eus ar reter (en français Trois femmes venues de l'est) est un vibrant plaidoyer en faveur de la valeur de toutes les cultures et de toutes les langues comme patrimoine de l'humanité à sauvegarder. Les défenseurs de ce patrimoine surgissent aux quatre coins du monde et même en Russie où tant de minorités attendent une émancipation politique.
■Impossible de répondre a votre question ci dessous. Mon ordi refuse !