Non à la débretonnisation du collège de Kerhallet à Brest !

Lettre ouverte publié le 21/03/23 17:39 dans Langues de Bretagne par Yvon Ollivier pour Yvon Ollivier
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Collège de Kerhallet, Brest – photo Collège de Kerhallet

Lettre ouverte à Monsieur le Président du Conseil départemental du Finistère

Non à la débretonnisation du collège de Kerhallet à Brest !

Nous venons d’apprendre dans la presse l’intention du Conseil départemental du Finistère de débretonniser le collège de Kerhallet, à Brest, pour lui donner une nouvelle appellation conforme à ce qui se passe partout ailleurs en France. Un concours pour trouver une nouvelle appellation est lancé. Un vote est d’ores et déjà prévu pour la fin du mois de mars.

Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une manifestation supplémentaire de la débretonnisation larvée de notre territoire, sans que personne ou presque n’y trouve à redire. S’il importe de donner à nos écoles des noms de femmes célèbres, au nom de quoi faudrait-il le faire au préjudice d’une langue minoritaire en danger d’extinction ? On trouve toujours une bonne raison pour débretonniser !

Faut-il rappeler que l’urbanisation quand elle s'étend sur des parcelles agricoles portant encore des appellation bretonnes millénaires, engendre de nouveaux noms aussi significatifs que « rue des jonquilles » ?

Faut-il rappeler que suite à la loi 3DS relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale, toutes les communes de moins de 2000 habitants doivent désormais faciliter la tâche de la Poste en donnant une désignation à chaque voie et lieu-dit ?

Pour une commune comme Plouégat-Guérand qui souhaite conserver son patrimoine linguistique, combien d’autres communes bretonnes n’y trouvent rien à redire et débretonnisent à tout va, sans même voir le problème ?

C’est un véritable rouleau compresseur qui s’abat sur la Bretagne et nous trouvons fort dommageable que le Conseil départemental du Finistère emprunte le même chemin.

Vous ne pouvez d’un côté nous assurer de vos meilleures intentions à l’égard de la langue bretonne et de l’autre permettre à vos services de poursuivre la débretonnisation de notre vieux pays. Alors certes, il ne s’agit que d’un nom de collège mais ce nom-là a l’avantage d’être millénaire et de rappeler aux plus jeunes qu’ils ne viennent pas de nulle part ou de la banlieue parisienne, mais bien de Bretagne. Ce vocable est encore lié étroitement au territoire.

Au lieu de débretonniser ce collège, il faudrait au contraire que les enseignants ouvrent l’esprit des élèves à leur passé, à leur territoire ainsi qu’à l’existence de la langue bretonne. Ils pourraient même songer à l’enseigner dans le cadre d’une filière bilingue.

Notre patrimoine toponymique est en grand danger. Sa préservation rencontre les engagements internationaux de la France qui a signé la Convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Aussi, nous vous demandons, Monsieur le Président du Conseil départemental, de renoncer à la débretonnisation du collège de Kerhallet et d’envisager toute action qui permettrait de sauvegarder notre patrimoine toponymique et linguistique, gravement menacé.

Nous nous tenons à votre disposition pour échanger sur ce sujet et rechercher toute solution susceptible de protéger au mieux notre patrimoine culturel. Notre patrimoine toponymique doit être sacralisé aujourd’hui. Notre différence, ce qui nous relie, est le meilleur atout de la Bretagne.

Signé : les présidents de Koun Breizh, Sked, Skol-Uhel ar Vro

voir en PJ le communiqué en format PDF


Vos commentaires :
Thomas
Mercredi 25 décembre 2024
Evidemment dans la liste proposée, on ne va pas retrouver par exemple marie Le Gac-Salonne ou nathalie Le Mel. Ca aurait complétement étrange de trouver des finistériennes féministes(puisque c'est la mode), c'est bien mieux des franco-americaines ou un enième établissement marie curie (oui parce que evidemment on va pas mettre le nom d'origine Skłodowska, un siecle après la polémique curie n'est toujours pas finie)
Ca serait intéressant de savoir qui a pondu une telle liste

Krys 44
Mercredi 25 décembre 2024
Le nom actuel de ce collège de Kerhallet fait-il partie des choix possibles , ou est-ce un arbitraire absolu , une volonté délibérée d'uniformisation sur le «comme partout en France» ? Ce «comme partout en France » qui n'existe d'ailleurs pas, puisque toutes nos régions ont leurs différences , leurs spécificités linguistiques et culturelles ! Et c'est une richesse !
Quelle inculture affligeante !

Pascal Lafargue
Mercredi 25 décembre 2024
Jusqu'a recemment, les elus et autres decideurs locaux s'etaient contentes de baleariser certains noms de lieux avec des appendices du style : «-plage-avec-vendeurs-de-glaces-Miko», mais la, depuis quelques annees, ils depassent vraiment les bornes !!!

bruno le gras
Mercredi 25 décembre 2024
une fois de plus, nous nous laissons déposséder, nous nous laissons laver de notre identité particulière pour nous fondre _au sens littéral_ dans une culture francophone elle-même infectée d'une anglomanie galopante et malcomprise; ici, je me souviens d'un jeune brestois de vingt ans rencontré il y a deux ans et qui, non seulement m'avouait ne rien connaître de la culture bretonne ni de l'histoire de Bretagne (sa culture, son histoire quoi qu'il en pensât) mais n'en avait cure.
notre avenir est bien sombre en tant que peuple particulier parmi d'autres peuples particuliers tant que nous n'accepterons pas de passer sous le rouleau compresseur de la culture majoritaire

Alain E. VALLÉE
Mercredi 25 décembre 2024
Voici un exemple des prouesses faisant suite aux votes pour des partis hexagonaux, le plus souvent jacobins. Ceci se nomme habituellement : «épuration ethnique».
AV

Emilie Le Berre
Mercredi 25 décembre 2024
Évidemment cette invisibilisation est mortifère. Je me demande s'il n'y aurait pas moyen de faire intervenir la notion de patrimoine culturel immatériel dans cette affaire ?
Outre le nom du collège et surement plus grave est aussi ce qui est mis dans la tête des élèves dans les établissements scolaires. La photo en donne probablement une idée, j'y vois une cage pour une pensée encagée.

Didier Lefebvre
Mercredi 25 décembre 2024
Merci Emilie pour la correction de la coquie

Yann L
Mercredi 25 décembre 2024
Peut-être serait-il bon de voir ce problème avec les 2 élus de Carhaix classés dans un groupe «autonomistes et régionalistes»?

Anne Merrien
Mercredi 25 décembre 2024
La solution serait peut-être de juxtaposer les deux noms. Une école de Lannilis porte le nom de Mona Ozouf tout en gardant son nom de lieu en breton.

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