SAINT-NAZAIRE ou l'agonie du PS en Bretagne

Chronique publié le 25/12/22 19:49 dans Politique par Yvon Ollivier pour Yvon Ollivier
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mairie de Saint nazaire

La majorité PS à SAINT NAZAIRE vient de rejeter la proposition consistant à pavoiser la mairie d’un Gwenn-ha-du, comme c’était le cas avant 1984. Née de l’interpellation citoyenne signée par plusieurs milliers de Nazairiens, cette proposition n’avait d’autre objet que de mettre la réalité institutionnelle en phase avec le sentiment d’appartenance de la majorité de nos concitoyens et le legs de l’histoire.

Comme l’a indiqué le représentant des écologistes au conseil municipal, il est difficile de concevoir une atteinte aussi violente à la démocratie que de bouleverser le cadre territorial pour plonger le département de Loire-Atlantique dans le néant absolu que représente la région des pays de la Loire et sans jamais consulter sa population. Cette interpellation citoyenne avait au moins le mérite d’accorder la parole au peuple sur la question centrale de son appartenance territoriale.

Le rejet de la municipalité PS nous montre que la création louable de la procédure d’interpellation citoyenne touchait davantage à la volonté de bénéficier d’une image participative qu’à celle de réduire le déficit démocratique de nos institutions.

Les motifs invoqués par la municipalité tiennent au " on fait déjà beaucoup " lorsque l’on sait que le soutien public à la culture bretonne en Loire-Atlantique frôle l’indigence. Mais encore et toujours en raison d’une certaine idée de la République qui voit dans l’identité bretonne une menace. Cette motivation nous éclaire sur la conception de la République chère au PS en Bretagne. C’est la conception rigoriste qui fait de la République une religion qui justifie la négation de notre identité bretonne.

Cette idée de la République ne conçoit pour notre culture que le minimum syndical que l’on doit à la diversité, gage d’une mort lente et inéluctable. Ce rejet de la municipalité nazairienne n’est que la reproduction du refus opposé par le Conseil départemental de soumettre au vote la consultation sollicitée par 105 000 habitants de Loire-Atlantique sur la question lancinante de la réunification de notre territoire historique.

C'est aussi cette défiance qui prévaut peu ou prou chez le président socialiste de la Bretagne administrative, Loïg Chesnais Girard, lorsqu’il parade sur les réseaux sociaux pour masquer la volonté d’émancipation qu’il n’a pas et ne concède à nos langues qu’un budget dérisoire de 8 millions d'euros.

Cette idée étroite de la République qui voit dans l’altérité une menace est à l’opposé de celle que nous aimons et qui repose sur l’émancipation.

Il est symptomatique de devoir rappeler au Parti socialiste en Bretagne que l’émancipation inhérente au principe républicain justifie de permettre au peuple de trancher la question aussi importante que le cadre territorial au sein duquel il souhaite évoluer, afin de réparer les outrages de l’Histoire. Ce même principe d’émancipation justifie l’autonomie politique de la Bretagne enfin dotée de moyens d’action financiers et légaux pour sauver ses langues et défendre ses intérêts fondamentaux face à Paris et aux métropoles.

Le PS n’est plus capable de raisonner en termes de domination et de nourrir une réflexion critique sur le cadre juridico politique en vigueur. S’il se montre opposé à toute émancipation pour la Bretagne et cultive l'identitarisme républicain, c’est qu’il a renoncé sur la question sociale privilégiant les logiques d’adaptation au marché tout puissant.

Le PS est du côté des puissants, des amis, de la bourgeoisie des métropoles, des réseaux parisiens - ceux qui font les carrières - et du côté des clients. Quel crédit lui reste-t-il, quand bien même gagnerait-il encore quelques élections ?

Les vainqueurs dans cette histoire, ce sont les Nazairiens qui ont tracté et signé la pétition. Ils incarnent l’avenir du peuple conscient et agissant. Le PS a perdu toute légitimité. Je pense qu’il n’en a plus pour très longtemps dans un contexte national particulièrement troublé. Et si nous lui trouvions un successeur ouvert à l’émancipation de la Bretagne ?

Yvon Ollivier

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Vos commentaires :
Vendredi 3 mai 2024
«Ne jamais oublier que dans un même élan ultra-jacobin et anti-breton, les Maires de Nantes, Brest, St Nazaire et Rennes ainsi que le Pt de Rennes Métropole, tous PS, soit : Johana ROLLAND, François CUILLANDRE, Nathalie APPÉRÉ, David SAMZUN et Emmanuel COUET se déclarèrent : » favorables à une fusion de la Bretagne et des Pays de la Loire «. (» OF « 26 V 2014) »


Il n'y a que les actes qui comptent. Cela un acte irréfutable puisque des fusions de 2 à 3 Régions ont été imposées en seulement quelques jours par le Parti Socialiste. Dans un moment critique ces Maires se sont légués pour faire disparaitre la Bretagne de la carte politique, de l'histoire tout simplement.
Nous sommes en permanence obligés de rappeler ces évidences, depuis plus de 20 ans car le mouvement «régionaliste» breton collabore sans interruption sur le terrain et idéologiquement avec cette mouvance brittocide via des groupuscules politiques, des «think tank», des associations.

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