Musée de Bretagne : la science et l'ADN au secours des Bretons

Chronique publié le 24/10/22 13:57 dans Identité par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Merlin l'enchanteur, un mythe sorti de l'imaginaire celtique et propagé dans l'inconscient collectif planétaire. (photo Ancien origins)

L'exposition au musée de Bretagne de Rennes est une manipulation de l'histoire dont le but est de discréditer les régionalistes et les nationalistes bretons. Si les Bretons d'aujourd'hui, les Français d'aujourd'hui, les Allemands d'aujourd'hui ont une culture complètement différente des Celtes de l'âge du fer, des Gaulois de Vercingétorix, des Germains de la même époque, cela n'exclut pas une certaine filiation. Les critiques de la filiation celtique des Bretons peuvent facilement démontrer que les Celtes de l'âge du fer avaient une culture différente. Cela leur permet de jeter le bébé avec l'eau du bain en disant : « l'identité celtique en Bretagne est une invention des nationalistes bretons de la fin du 19e siècle à nos jours » - en oubliant à l'occasion, comme l'a montré Ronan le Coadic que ce récit fut d'abord l'oeuvre des chroniqueurs francs puis français et surtout des romanciers du 19e comme Balsac, Flaubert ou Victor Hugo.

Une autre erreur grave est d'exclure la langue de la culture. Si la culture est ce qui est transmis de générations en générations (la définition la plus pertinente à mon avis), la langue bretonne, une langue celtique, fait partie de la culture bretonne depuis des milliers d'années et elle est encore transmise tant bien que mal. Personne ne peut le contester. Le musée l'a à peine évoquée. Comme l'a écrit le linguiste Noam Chomsky «A language is not just words. It’s a culture, a tradition, a unification of a community, a whole history that creates what a community is. It’s all embodied in a language. ». La langue bretonne continue de transmettre l'âme celte et une façon de voir le monde héritée des Celtes d'autrefois.

La filiation ADN complètement ignorée

Des études génétiques récentes, basées sur l'étude des mutations génétiques à la fois de l'ADN mitochondrial transmis par les femmes, et de l'ADN Y transmis par les hommes ont bouleversé certains acquis des archéologues et des historiens tout spécialement sur les migrations. On peut extraire de squelettes, même vieux de milliers d'années, des informations sur l'ADN. Les mutations qui se produisent régulièrement, chez toutes les espèces vivantes, sont donc localisées géographiquement par le lieu de la sépulture . Chaque peuple a ses propres groupes de mutations appelées [[haplogroupe]] . Les études cumulatives ont confirmé la migration massive des Bretons de la Grande Bretagne vers l'Armorique aux Ve et VIe siècles. Elle est plus importante que ce que l'on pensait (voir notre article).

Mais bien avant ces études, les chercheurs avaient remarqué des similitudes entre les Bretons, les Gallois, les Écossais et les Irlandais au niveau biologique, puisque des maladies comme l'hémochromatose sont communes à ces pays

La plupart des Bretons qui ont eu recours aux services de 23andme , une société basée aux États-Unis ou à Ancestry DNA basée en Irlande (les études génétiques son interdites en France) ont montré que les Bretons appartenaient en grande majorité à l'Haplogoupe Irlandais-britannique : le fameux R1b-L21 des Celtes atlantiques. Dernièrement, des chercheurs de l'université de Nantes et de Brest on mis en évidence la singularité des Bretons et ont publié la première carte de France sur le sujet (voir notre article).

L'immatérialité de l'inconscient collectif

Il y a bien sûr d'autres domaines de filiation avec les Celtes de l'âge du fer que l'on partage avec les Britanniques et les Irlandais, au-delà des langues parlées aujourd'hui, et des haplogroupes : la façon de penser, des penchants pour un certain type de musique. Une approche au spirituel indépendante etc, etc., un sens inné de l'injustice. Il y a aussi un légendaire partagé comme celui issu du roi Arthur et de la Table ronde ou de récits transe-Manche comme celui de Tristan et Iseult.

La mer celtique a été un sacré lieu de passage et d'échanges entre les peuples qui la bordaient. Alan Stivell ne s'y trompe pas. Il rappelle « les échanges et croisements incessants depuis plus de 6000 ans entre Bretagne, Galles, Irlande, Ecosse, démontré par l’ADN» et les « multiples preuves dans les pratiques religieuses, le légendaire, la poésie, l’habitat, les arts, et même des tendances sociétales, voire politiques ou juridiques, dans l’environnement géologique hercynien et climatique commun de ce Nord-Ouest européen ». (voir notre article). Il y des tas de choses immatérielles que le psychologue Carl Gustav Jung (1875–1961) a démontré comme spécifiques à tous les peuples et qu'il a appelé «inconscient collectif» et que nous appelons communément l'«imaginaire».

Nous avons donc avec les Celtes de l'âge du fer, une filiation linguistique, biologique et imaginaire que nous partageons avec les Gallois, les Ecossais et les Irlandais.


Vos commentaires :
Penn Kaled
Jeudi 14 novembre 2024
Il y également MyHeritage société israélienne , elle prend en compte l'origine ethnique Bretons gallois irlandais écossais ,séparée de l'origine anglaise complexe qui comprend dix sept sous groupes dont plusieurs celtes .Cette société met en évidence aussi les groupes génétiques ,les Bretons du Finistère en sont un l'autre englobe les autre régions de la Bretagne ,je me pose des questions sur ces différences . Dès la genèse , de cette exposition les spécialistes de la matière bretonne auraient été bien avisés de prendre en compte la thématique celte atlantique différente de l'approche archéologique continentale , ce qui aurait pu peut prendre de revers les historiens commissaires politiques qui ont saisis cette opportunité pour dénigrer la cause bretonne ,mais le fait que des membres de l'extrême droite bretonne , assume les attitudes les plus extrêmes des égarements du mouvement breton durant l'occupation apporte de l'eau au moulin de nos détracteurs .

hepmouezh
Jeudi 14 novembre 2024
Il est intéressant de voir le repli sectaire de l'état français depuis 15 ans, l'absolue recentralisation politique qu’il est en train d'opérer, qui déborde même dans le sujet actuel, par cette drôle de contestation de l'essence celte de la Bretagne, alors que tout la confirme: langue, culture, mentalité, génétique...

Je dis intéressant puisque ce qui risque le plus de faire ressurgir l'inconscient collectif des peuples de France, au delà de la perte de repères induite par la globalisation, c'est justement l’extrémisme jacobin. D'autant plus un extrémisme jacobin de façade, idéologiquement creux, simple objet de contrôle du peuple et qui est complètement soumis aux intérêts de ceux qui financent les campagnes électorales... Il a juste conscience qu'il va perdre la main et durcit le ton. L'aveu de faiblesse qui trahit son destin en somme.


Kristen
Jeudi 14 novembre 2024
«... des membres de l'extrême droite bretonne , assume les attitudes les plus extrêmes des égarements du mouvement breton durant l'occupation apporte de l'eau au moulin de nos détracteurs.» Tous les peuples ont leurs fardeaux, ces erreurs (et d'autres) sont hélas présentes un peu partout et depuis longtemps (suivez mon regard) : il faut bien-sûr agir pour s'en défaire, tout en rassurant les ''anxieux''. Facile à dire, j'en conviens aisément. La justice sociale et le développement de la langue et de la culture bretonne sont néanmoins de bons vecteurs pour un avenir intégrateur dans la liberté. A nous de poursuivre dans cette voie humaniste. Sans complaisances, mais dans la joie et l'unité sur l'essentiel ...

Jiler
Jeudi 14 novembre 2024
Belle synthèse, allant du scientifique (biologique - recherches sur l'ADN) au culturel. Beaucoup de synthèses des faits humains se feront de cette manière, du scientifique au culturel.

On en attendait autant du Musée de Bretagne. Hélas !


herve le bevillon
Jeudi 14 novembre 2024
J'ai fait faire une analyse ADN par Myheritage. résultat 37,17 breton, gallois, irlandais, écossais. 32,6 % scandinave (viking) 22;2% Ibère, 2.2 Anglais, 2 % ouest asiatique (Turquie, iran, pakistan, Inde du nord ouest).
voilà.

Penn Kaled
Jeudi 14 novembre 2024
Moi je suis à 53.4 anglais 34.5 Breton ... 12.1 italien . Voici un lien sur le sujet ,dans la logique de l'exposition les habitants des iles britanniques ne seraient pas davantage celtes que nous . En fait nous avons aussi les m^mes origines pré celtiques ,à ces époques ancestrales les échanges étaient importants du fait du niveau très bas de la mer .
Voir le site

Jean Bulot
Jeudi 14 novembre 2024
L'ADN ne dit à peu près rien de la culture, il permet de tracer un groupe qui, au cours de ses pérégrinations, se frotte à d'autres groupes avec une certaine perméabilité des cultures. Dire qu'il y a «filiation» sans préciser ce que l'on entend par là c'est introduire un flou dans les concepts qui permet de sauter allègrement de l'ADN à «l'âme celtique». La culture bretonne est «occidentale», avec ses variantes françaises et une sous-variante bretonne. Si l'on parle musique, les bretons écoutent de la musique anglo-saxonne beaucoup plus que Denez Prigent. Je finirai par la tarte à la crème des horribles jacobins centralisateurs. Relisez des histoires de la Bretagne, de la Révolution au lieu de débiter les slogans des nationalistes.

Vincent Milion
Jeudi 14 novembre 2024
Même avec des parents identiques,les haplogroupes des enfants peuvent être totalement différents donc l’analyse individuelle n’a pas d’intérêt sans mise en perspective ! Ensuite l’analyse mitochondriale étant exclue, difficile de se faire une idée lors d’un test génétique basé uniquement sur le chromosome Y ! La langue, l’histoire , la culture n’ont rien à voir avec la génétique mais ce sont des éclairages comme certaines maladies ou le type d’hémoglobine ; l’IA permettra peut-être un traçage plus précis de l’individu et d’une fréquence de ce traçage dans une région et un couplage avec les déviances, qualités , performances possibles d’un profil donné ! La gestion de ces données peuvent donner des frissons vu l’expérience du passé mais aussi de grands espoirs d’optimisation des parcours individuels ! Une seule question m’inquiète ; peut-on échapper à un déterminisme imposé par nos ascendants ?? Y aura-t-il alors des médecins pour nous remplacer certains gènes devenus gênants ??

Alain Le Coz
Jeudi 14 novembre 2024
Mr Jean Bulot, tout a fait d'accord avec vous. L'expo de Rennes était très intéressante et a permis de nuancer notre histoire régionale. On peut dire beaucoup de choses avec l'ADN, comme une filiation allant du Maroc à l'Ecosse, passant par le Portugal et l'Espagne, rappelant une vague migratoire du néolithique très ancienne et commune aux peuples de l'Atlantique. Rappelons aussi, en accord avec l'expo, l'importance du peuplement armoricain avant l'arrivée des grands-bretons, les Vénétes, Osismes, Coriosolites, Redones et Namnétes, nos ancêtres, tous gaulois, qui semblent parfois bien oubliés !

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