SPONTUS - « La danse est enivrante »

Chronique publié le 22/10/22 16:18 dans Musique par Gérard SIMON pour Gérard SIMON
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Jaquette du CD SPONTUS "La danse est enivrante".
SPONTUS de l'album La danse est enivrante : Montage "Ar meliner" CD SPONTUS - La danse est enivrante

Lors de l’animation musicale de ses « primes parquets » et pour l’enregistrement de ses trois premiers albums, cette formation bretonne était, alors, complétée par un couple de sonneurs biniou/bombarde, respectivement incarné par Ronan LE BOZEC, issu du BAGAD RONSED MOR, ainsi que par le talabarder Pascal KERMORVANT, voire, pour son 3ème enregistrement de 2006, paru chez An Naer produksion, par Ronan LE DISSEZ.

Suite à cette expérience originelle, ledit sextet SPONTUS que vous avez, déjà, aisément reconnu, est revenu, ensuite, à son cœur de configuration en quartet, réunissant Alan PARANTHOËN, au violon, Yann LE BOZEC, à la contrebasse, Erwan BERENGUER, à la guitare et Youen PARANTHOËN, à l’accordéon.

Si, depuis sa création en 1996, il a gardé, cette centrale stabilité instrumentale et structurelle, si pour ce présent, nouvel et 8ème album, titré « La danse est enivrante », le groupe a choisi de revenir, au plus près, des fondamentaux de la danse de fest-noz, ne croyez, surtout pas, que, depuis un quart de siècle, cette formation majeure animatrice des planchers à danser bretons, hexagonaux, voire étrangers, reste dans un confort conceptuel art artistique bien établi.

Il n‘en est rien. Vous allez, vous-mêmes, le constater, au travers de l’écoute de ses nouvelles compositions qui sont, certes, comme le titrait, son dernier album studio, paru en 2001, un certain Jean-Jacques, des « Chansons pour les pieds »… mais aussi, et plus que jamais, des « Chansons pour les oreilles » !

Mais au fait, nous venons d’évoquer des « Chansons », pour ce groupe, jusqu’alors, uniquement, instrumental !

Eh bien, oui ! Pour ce nouveau disque, sa référence absolue en matière de danse étant, depuis, toujours, le chant à répondre, avec un répertoire de prédilection vannetais pour lequel, hors couple biniou/bombarde, ce sont, aussi, des chanteuses ou chanteurs qui, a capella, font danser les foules, les quatre compères morbihannais ont décidé, cette fois, de se mettre au chant !

De plus, puisant dans les standards du pays vannetais, au cœur de la tradition du chant à répondre, donnant réplique, le plus souvent en chœur, au chant solo de Youen PARANTHOËN, pour cet opus, les protagonistes alternent paroles inédites en français… et en breton !

Il s’agit d’un vrai défi pour le groupe dont les non-bretonnants ont appris la langue et le chant avec l’accompagnement de Solenn DIGUET et l’aide de Nolùen LE BUHE, notamment pour la spécifique prononciation du vannetais.

Gilbert BOURDIN, membre du groupe de musique, essentiellement bretonne, à destination du jeune public, nommé LES OURS DE SCORFF, a distillé, de son côté, ses précieux conseils pour l’interprétation des « airs gallo ».

Et le résultat de ces collaborations est tangible, tant en matière linguistique, que musicale.

C’est ainsi que vous allez pouvoir vous « enivrer » avec ces presque 49 minutes de pièces à danser et à ouïr, allant de l’hanter dro au plinn, en passant, entres autres, par le pilé menu, le laridé, ou le rond de Pluherlin, avec 6 chants, dont 4 interprétés en breton et, marquant la continuité stylistique de la formation… 3 instrumentaux !

La musique est signée Youen PARANTHOËN, les textes sont des traditionnels adaptés par Nolùen LE BUHE, sauf pour 2 textes écrits par Gilbert BOURDIN.

Pour ce qui concerne les textes chantés en breton, pas d’alarme pour les non-locuteurs. Ils sont, tous, traduits dans le livret qui accompagne le CD.

On y retrouve des thèmes, on ne peut plus, traditionnels : fille à marier, danse enivrante à la cour du palais, prétendants des villes et des champs, dix filles et dix lapins, une vie au moulin plus qu’au couvent, père indigne, client trop assidu du bistrot…

Si la base textuelle et musicale est volontairement et, à propos pour la danse, traditionnelle, il y a, de la part de SPONTUS une réelle recherche entreprise pour habiller ce fonds référentiel, grâce à des arrangements originaux, à un son spécifique identifiant le groupe, avec, notamment les incursions marquées d’Erwan, à la guitare électrique. Son très habile jeu projette des couleurs pop, entres autres, dès le premier morceau, « Arousour an diamant » ou, en duo, avec l’indispensable, chaleureuse et acoustique contrebasse de Yann, dans « Ar meliner » en piste 7, voire franchement rock, en 5ème plage, pour « La fille et le lapin ».

A noter, aussi, les agréables échanges instrumentaux ou fusions musicales que nous réserve le quasi-couple violon/accordéon. Délicieusement et notamment pour le deuxième titre éponyme, « La danse est enivrante », les légatos d’Alan répondent aux staccatos de Youen ou, additionnés, comme pour le plinn « les petits pas » de certains délires plus échevelés.

Au fil du programme vous remarquerez, aussi, certains effets vocaux numériques opposant quelques passages de voix de basse à des sonorités approchant des voix de tête, dès le morceau introductif ou, évoluant individuellement dans ces registres, en plage 4 pour « Koubladou avaloù », « Ar meliner ou « ou la valse « An tad dinatur ».

Produit et enregistré par le Collectif Klam, en Morbihan, à l’automne 2021, précisément, au SPOUM de Brec’h (Voir site) et au Studio Corentin, à Kervignac (voir site) nous proposant un espace sonore très agréable, Erwan a assuré la prise de son et le mixage.

Le mastering a été confié à Ronan CLOAREC du MASTERLAB de Nantes - 44-Bzh (Voir site)

« La danse est enivrante » se révèle être un enregistrement fondé sur des bases musicales et rythmiques très solides.

Agrémentées, de temps à autre, par le chant individuel ou collectif a capella, ou par des variations de tonalités vocales, ces fondations musicales parfaitement structurées ci, ne nuisent, en rien, bien au contraire, à la globale légèreté festive e et ensoleillée des mélodies et du propos.

L’énigmatique jaquette, réalisée par le créatif photographe et graphiste Nicolas BOCQUEL - La Photo du mardi (Voir site) , semble corroborer nos dires avec, notamment, en sa façade, un cliché qui « sent bon le sable chaud » et l’azur maritime que scinde graphiquement une sculpturale et surréaliste écume qui semble danser sous une lumière d’or.

Nous ne saurions trop vous recommander l’acquisition de ce nouvel album (1) de SPONTUS, groupe qui, une fois nouvelle, met en lumière sa recherche constante en matière de développement d’un actuel répertoire vannetais de festoù-noz, notamment en axant son jeu sur l’originalité de deux quasi-couples de sonneurs, violon/accordéon et guitare/contrebasse.

Comme le disait, à fort juste titre, Yann LE BOZEC, il y a quelques temps, reçu, au cours de l’émission « The Pure Drop » par Ronald, au micro d’ALTERNANTES FM (Voir site) « La danse est enivrante » est un disque « pour les danseurs qui ont des oreilles ».

Nous ajouterons pour des auditeurs qui, emportés par la musique de SPONTUS ont, soudain, le pas de danse exigeant.

Gérard SIMON

- (1) Notamment à la BOUTIQUE de KLAM-Records (Voir site) .

Illustration sonore de la page : SPONTUS de l'album La danse est enivrante : Montage «Ar meliner» - Extrait de 00:59.

D'autres titres sur Culture et celtie, l'e-MAGazine (Voir site)

Les titres du CD «La danse est enivrante» :

01 - Arousour an diamant (hanter dro) - 06:16.

02 - La danse est enivrante (plié menu) - 03:59.

03 - Les vacances de Mr Joe 3 (cercle circassien) - 04:36.

04 - Kaubladoù avaloù (laridé) - 5:27.

05 - La fille et le lapin (Rond de Pluherlin) - 06:59.

06 - L'Ehpad 7 - 03:34.

07 - Ar meliner (an dro) 6:04.

08 - An tan dinatur - (valse) 05:59.

09 - Les petits pas (plinn) 05:27.

CD «La danse est enivrante» - SPONTUS.

Parution : 20 juillet 2022.

Réf : KR 14.

Production : Collectif KLAM (Voir site)

Distribution : L'autre distribution (Voir site)

La page de SPONTUS : (Voir page)

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