Elections nationales ? Le pire nous attend !

Chronique publié le 4/05/22 8:15 dans Politique par Yvon Ollivier pour ABP
t:1
https://abp.bzh/thumbs/55/55027/55027_1.jpg
gwenn ha du

Sans qu’il soit besoin d’attendre le résultat des législatives , qui devrait logiquement conforter la macronie, certains enseignements peuvent d’ores et déjà être tirés de ces élections.

L’avenir ne va pas être facile pour tous ceux qui souhaitent l’émancipation de la Bretagne.

La macronie, qui défend les intérêts de la classe dominante et du système jacobin, restera un frein à toute évolution significative. Les élites se rejoignent dans la volonté d’éviter toute dérive à la catalane : « Apprenez la langue et l’histoire du pays aux enfants et vous verrez que dans vingt ans le peuple relèvera la tête ». Ils feront tout pour maintenir le statu quo mortifère.

Demandons-nous pour quelles raisons rien n’avance en Bretagne depuis si longtemps. Si nous sommes les plus mauvais sur le terrain de l’enseignement des langues que l’on dit « régionales », c’est par manque d’intelligence collective mais encore parce que nous sommes certainement les plus craints. Les enseignants de l’Education nationale font bloc autour du système dont ils sont les piliers.

Le mieux que l’on puisse attendre de la macronie, c’est le maintien des acquis. Mais encore nous faudra-t-il être méfiants car la circulaire prise pour limiter les effets de la décision du Conseil constitutionnel du 21 mai 2021 rejetant l’immersion est illégale et pourrait fort bien être rapportée. Fort d’une nouvelle légitimité, je vois mal ce qui pourrait dissuader le pouvoir de se résoudre à appliquer l’état de droit et refuser de prolonger la contractualisation des écoles Diwan avec le traitement des enseignants. Diwan ne s’en relèverait pas.

Je vois mal ce qui pourrait dissuader le pouvoir macroniste de réformer, en début de mandat, la carte judiciaire pour mettre un terme à mille ans d’unité judiciaire de la Bretagne. C’est dans leurs cartons.

Face à la macronie, nous avons l’opposition formée principalement des deux extrêmes, droite et gauche, réunis dans la volonté de faire disparaître le moindre fait identitaire breton. Et si l’un de ces extrêmes, par exemple sous la direction de Mélenchon, prenait le pouvoir, fort de l’union de la gauche, nous serions en crise ouverte. Ce pouvoir abusera d’autant plus de sa force en matière culturelle qu’il rencontrera l’échec sur le terrain économique. Nous n’aurons plus d’autre alternative que de résister ou de voir disparaître tout ce que nous avons construit. Il me semble que la sagesse commanderait alors de constituer un comité breton de vigilance susceptible de réunir toutes les forces bretonnes. Dans tous les cas, nous devrons rester sur nos gardes.

L’autre enseignement, c’est l’erreur fondamentale qui consista à faire exploser « oui la bretagne », amorce d’une plateforme bretonne susceptible de prendre un jour le pouvoir en Bretagne.

L’alliance avec les partis parisiens ne portera jamais de fruits, tant leur lecture est avant tout nationale. L’exemple de EELV qui rompt ses tièdes engagements décentralisateurs pour rejoindre le parti robespierriste LFI suffirait à nous vacciner à jamais. Mais nous le savions déjà. Pour ma part, je n’arrive pas à comprendre que des militants bretons convaincus adhèrent aux idées de Mélenchon ou se félicitent de l’accord LFI/EELV. Il y a là une contradiction flagrante d’engagement.

La prochaine législature risque d’être formée de députés parisiens parachutés chez nous, incapables de défendre les intérêts bretons faute de les connaître.

Nous ne devons rien attendre du PS qui porte sur ses épaules le poids de toutes les trahisons historiques. Il ne repose que sur le clientélisme et plus pour longtemps j’espère. Les rats quittent le navire en perdition. Les socialistes ne sont capables que de fausses promesses, comme ce vœu au soutien de l’autonomie de la Bretagne qui rejoindra tant d’autres déclarations aux oubliettes.

Rien n’avancera tant que nous persisterons à nous jeter en masse dans les bras du moins pire des partis parisiens tels les insectes vers la lumière. L’important n’est pas d’obtenir quelques élus au Conseil régional, mais d’en prendre la direction pour faire bouger enfin les lignes et marquer le retour de la Bretagne en ce siècle.

Ce manque d’ambition politique puise à la source de notre regard sur nous-mêmes, marqué par des décennies de déconsidération.

Après la résilience culturelle, le chemin de la résilience politique est ouvert. Il nous suffit de l’emprunter.

Yvon Ollivier

auteur


Vos commentaires :
Vendredi 3 mai 2024
On n'y est pas obligé. Mais si l'on veut que ce pays n'aille pas très vite tout droit dans le mur ;
Si l'on souhaite : Faire cesser l'actuelle grave confusion entre État et gouvernement ; Assurer la stabilité du gouvernement soutenu par une Majorité parlementaire représentative de la réalité du pays ; Rendre inutiles les Extrêmes des deux bords en imposant que le débat politique, le choix des projets et programmes, des candidats ait lieu dans les partis et non plus dans des coteries et autres écuries présidentielles ; Etablir un véritable système parlementaire bicaméral représentant le peuple souverain sur son Territoire ; Faire cesser la suprématie de l'Exécutif (et de la fonction publique) sur le Législatif et même le Judiciaire ; Appliquer réellement la Constitution : elle stipule que «Le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation» ; Mais absolument tout et le reste se décident à l'Élysée ; ... Alors, quelques réformes simples, rapides, lisibles pour le grand public, modernes et peu coûteuses sont indispensables et attendues :
- Rétablir le régime parlementaire qui est indépassable (sauf à instituer un régime présidentiel dans une fédération) ;
- Supprimer l'élection du Pt au suffrage universel direct et élire pour sept ans non renouvelables un Pt de la république non exécutif en Congrès à Versailles parmi les parlementaires ou anciens parlementaires (Ainsi, on en fini avec la pantalonnade des 500 signatures ! ) de moins de soixante-dix ans ;
- Établir le système majoritaire à un seul tour pour les élections législatives en assurant à la fois : l'union de la Gauche, l'union de la Droite et l'alternance ; Et renforcer les incompatibilités (tel Conseiller d'État ne pouvant plus devenir parlementaire, tel fonctionnaire d'État non plus )
- Confier à la Justice le découpage des circonscriptions électorales ;
- Réduire drastiquement le pouvoir des lobbies auprès des décideurs publics ;
- Nommer au Conseil Constitutionnel un nombre significatif de hauts professionnels du Droit ;
- Élire le Sénat au suffrage universel direct dans chaque région (la Bretagne étant préalablement réunifiée), sinon le transformer en une sorte de Bundesrat après une vaste réforme des collectivités locales (fusion des départements et régions ; redéfinition des compétences, pouvoirs et de la fiscalité) ; C-a-d : Créer d'un véritable pouvoir régional selon les divers modèles de nos voisins ;
- Décider que la Justice n'est plus une autorité mais un pouvoir égal aux deux autres dans la Constitution ;
- Appliquer de manière générale le principe de subsidiarité, soit : ne faire intervenir un pouvoir supérieur préalablement défini que si et seulement si le pouvoir le plus près du problème à résoudre le demande et n'y est pas parvenu avec ses moyens légaux ;
AV
0

Écrire un commentaire :

Cette fonctionnalité est indisponible en ce moment, mais existe sur votre ordinateur.

Combien font 8 multiplié par 7 ?
Note : Ce lieu est un lieu de débat. Les attaques personnelles ne sont pas autorisées. Le trolling est interdit. Les lois contre le racisme, le sexisme, et la diffamation doivent être respectées. LES COMMENTAIRES ÉCRITS DANS UNE LANGUE AUTRE QUE CELLE DE L'ARTICLE NE SERONT PAS MIS EN LIGNE.