Accord Mélénchon-EELV, l’UDB le bec dans l’eau ?

Chronique publié le 7/05/22 17:43 dans Politique par Philippe Argouarch pour ABP
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Mélenchon (photo Genevieve ENGEL European Union)

Aux dernières élections régionales en juin 2021, l’UDB avait fait liste commune avec EELV au sein de la liste Bretagne d’avenir. EELV-région Bretagne avait accepté l’autonomisme et le fédéralisme de l’UDB et même la défense de la langue bretonne. Le mot « autonomie » figurait sous Bretagne d’Avenir à côté « d’écologie » et « solidarité ». La tête de liste était la Bretonne de coeur Claire Desmares-Poirrier de EELV.

Tout aurait pu se passer pour le mieux sauf que La France insoumise et Europe Ecologie - Les Verts ont conclu un accord historique dans la nuit de dimanche à lundi en vue des élections législatives des 12 et 19 juin prochains. Un accord dans lequel le centralisme jacobin de Mélenchon s’est imposé suite à ses 22% au premier tour des présidentielles. Le fédéralisme et le choix de l’Europe de EELV sont passés à la trappe.

En échange de ces reniements, EELV aurait obtenu une centaine de circonscriptions dans lesquelles LFI et le PS (aussi membre de ce Front de gauche) ne présenteraient pas de candidats. Une trentaine seulement de ces circonscriptions seraient gagnables par EELV selon France Bleu, mais pas en Bretagne, principalement dans les grandes villes comme Lyon, Bordeaux et Paris.

Jacobins et Girondins dans le même sac ?

Mélenchon est un grand défenseur de la république pure et dure. Il avait déclaré en 2009 que DIWAN était une secte (voir notre article) déclarant que le breton moderne « était la langue de la collaboration » (faisant allusion au grammairien Roparz Hemon ayant unifié la langue pendant la guerre) et que, lui, « "était fier d'être jacobin, ne parlant que la langue française... ». Des positions à l’opposé des convictions udébistes.

En 2021, ce sont les députés de la France Insoumise qui se sont le plus illustrés par le rejet de la loi Molac, avec 12 députés qui ont voté contre, soit les trois-quarts de leur groupe parlementaire.

L’UDB comme EELV sont pour plus d’Europe alors qu’en 2017, Jean-Luc Mélenchon envisageait bien une «sortie de l’Union européenne».

L’UDB n’en est pas à sa première déconvenue avec des alliances avec des partis « nationaux ». Au siècle dernier, ce parti appelait régulièrement à voter pour le PS aux seconds tours des élections et avait fait partie de la majorité Le Drian au Conseil régional. Cette stratégie d’alliances qui, certes, ont pu apporter des élus a toujours laissé les autres partis bretons sur la touche. Joannic Martin du Parti breton exprime son amertume « Un choix qui n'avait anticipé ni la débâcle de Jadot et d'Hidalgo à la Présidentielle, ni le rassemblement de la gauche autour de La France Insoumise, un parti jacobin. Un choix stratégique hasardeux qui ne s'avère pas payant puisqu'au final, les autres mouvements de gauche s'entendent autour d'une conception centralisée de la France, l'UDB se retrouve isolée. Il n'y aura pas d'accord entre le PB et l'UDB. Nous serons donc face à face en juin». Le PB présentera 33 candidats et l’UDB 25.

Pour Gael Briand, élu UDB du groupe Breizh a-gleiz au Conseil régional « LFI a fait une OPA sur la gauche et ‘cède’ des circonscriptions qu'elle n'avait de toute façon pas gagnées. Cela va à l'encontre du combat de l'UDB pour l'autonomie... L'UDB reste sur sa ligne de gauche bretonne et cela me convient parfaitement. Nous sommes cohérents et portons des sujets que cette alliance ne porte pas ». Pour Nil Caouissin aussi de Breizh a-gleiz « On ne s'y retrouve pas. Maintenant c'est à chacun de faire campagne et de défendre son projet. »

Pour Christian Guyonvarc’h, il n’y a pas de danger tant que EELV en Bretagne reste fidèle à ses engagements : «  Que le choix d'alliance d'EELV au second tour des législatives.au côté de LFI soit en contradiction avec le programme des régionales, c'est une évidence, mais tant que EELV confirmera au Conseil régional de Bretagne son engagement en faveur du fédéralisme et de l'autonomie de la Bretagne, la coopération pourra se poursuivre.

De son côté Claire Desmares-Poirrier, élue EELV au Conseil régional, a déclaré : « Avec Breizh a-gleiz, on a été élu sur un mandat commun de défense des langues de Bretagne et de réunification » ... « Je tiendrai ce mandat. Et l’accord EELV-LFI ne change rien à ce que je fais au Conseil régional. Je continuerai de défendre le fédéralisme et l’Europe ».

Le communiqué d’EELV-les Verts


Vos commentaires :
Samedi 4 mai 2024
Et sous Fañch Mitt? En jolis pantalons couleur «tannée» ( Le rouge c'est parisien, touriste), de marin pêcheurs. Mar plij!
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