En novembre 2011, Alphonse Samson avait envoyé à ABP son témoignage sur la guerre d’Algérie. A l’occasion de sa disparition, nous avons décidé de publier ici ces 50 pages dont certaines sont dures à lire mais qui ne sont que le reflet de cette « sale guerre » qui fut totalement inutile, voire absurde - en tout cas contraire aux valeurs de cette République. Cette guerre, non déclarée, ne fut que le reflet de l’arrogance d’une république, qui, depuis sa création, n’arrive pas à se remettre en cause, ou à voir les contradictions majeurs entre les principes qu’elle proclame à la face du monde, les valeurs sur lesquelles elle dit être fondée, et sa politique agressive d’assimilation tous azimuts, autrefois de ses colonies, et aujourd’hui de ses territoires d’outre-mer ou même au sein de l’hexagone. La République française conduit depuis le début des politiques, voire des guerres, envers les cultures qui ne sont pas la sienne.
Le drame de l’Algérie, né du colonialisme et du système centralisateur français, n’aurait pas dû voir le jour si un minimum de bon sens démocratique avait un tant soit peu prévalu. En tout cas, il aurait dû être stoppé dès le départ. Guy Mollet ne qualifiait-il pas les évènements d’Algérie de « Guerre imbécile et sans issue » ? C’était en 1956, année où il était possible de ramener la paix alors qu’était décidé d’envoyer le contingent accentuer cette « guerre imbécile ». -Alphonse Samson
L’usage, régulier et banalisé, de la gégène y est mentionné, ainsi que d’autres infractions aux conventions de Genève comme la non assistance à des civils blessés. Il reste que l’infraction la plus grave est celle envers le droit fondamental des peuples à disposer de leur destinée et à être encadrés par des institutions librement choisies par eux-mêmes.
■Les responsables de l’Armée nous mettaient en garde contre les velléités que nous aurions à divulguer des faits qui tendraient à discréditer l’Armée. Nous serions vigoureusement sanctionnés si nous transgressions cette directive. Le courrier que nous adressions était surveillé, ouvert même. Alors, par précaution, il était préférable de ne rien dire de ce que nous pouvions savoir et de ce que nous avions vu. Même bien des années après notre retour, par précaution toujours, il valait mieux garder le silence.
Il s’est agi finalement pour tout le monde de se donner bonne conscience face à ce drame algérien. Un traumatisme, a-t-il été dit. Quel traumatisme ? Plutôt un ressassement d’évènements plus ou moins imaginés, amplifiés par une mémoire approximative. La manipulation intellectuelle est bien connue : faire « porter le chapeau ». Faire croire aux intéressés qu’ils sont responsables de ce qui est arrivé, qu’ils affabulent même, de manière à ce qu’ils se dévaluent et culpabilisent. A partir de ce moment, les gouvernants n’ont plus à craindre de devoir rendre des comptes. - Alphonse Samson
«totale indifférence des citoyens ? ».
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Non.
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Je ne sais à quelle génération vous appartenez. J’étais trop jeune pour être concerné ou comprendre quoi que ce soit. Mais…
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Fin cinquante, début soixante, « La guerre », la seule, c’était évidemment « la guerre », sans précision, quoi ! Celle qui avait bousculé la vie des gens, du pays, de la société, en rajoutant une couche sur celle de « quatorze » dont les survivants (les grands-pères) étaient encore là. «La guerre » c’était celle que l’on appelle dans les livres d’histoire « la seconde guerre mondiale ».
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Ces deux guerres, européennes, mondiales, quelles furent-elles ?
. celle de quatorze, la « grande guerre », a marqué la véritable rupture sociétale
. celle de « quarante » a fait moins de morts (je parle de la société bretonne). Il faudra du temps (des décennies ?) pour comprendre ce que l’on sait aujourd’hui : l’ampleur de son impact idéologique, avec la Shoah. Et je suis convaincu que beaucoup aujourd’hui encore n’en perçoivent pas la dimension diabolique ou foncièrement païenne.
Après ces deux guerres, il y en a eu deux autres où il était question d’autre chose : la décolonisation. « Colonie » ? Je ne connaissais ni le terme ni la chose, mais je suis né avec ce vocabulaire: la « décolonisation ». Un vocabulaire qui ne se raccrochait à rien, sinon à des leçons de géographie à l’école primaire. Les cartes d’Afrique, à faire rêver, l’album « Tintin au Congo » - dont je sentais confusément que le regard parfois fantaisiste de l’auteur était en décalage avec la probable réalité. Désolé pour ceux qui s’offusquent, aujourd’hui de cette BD, mais ma part de rêve aventureux était là…inaccessible, lointain…Exotique ? Différent !
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Deux autres guerres, liées à la fin des colonies lointaines, forcément lointaines – nous ne sommes pas encore dans l’ère du tourisme aérien - : l’Indochine… et l’Algérie. Pourquoi l’Algérie, pourquoi pas le Maroc ou la Tunisie. ? Pourquoi une guerre ici quand elle a été évitée ailleurs ? Comment la population à l’époque aurait-elle pu répondre à cette question ?
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D’ailleurs ne parlait-on pas plutôt d’ «événements» en Algérie ?. Le fils d’untel était « en » Algérie. Le terme de « guerre d’Algérie », que je sache, est d’abord d’origine populaire. Il n’a aucune origine officielle (la France n’était pas en état de « guerre » déclarée). Ce qui veut dire que le peuple, face à cette nouveauté conceptuelle qu’était un conflit de décolonisation, a été le premier à appeler les choses par leur nom, quand le politique, comme souvent, usait de circonlocution, de non-dit. Personnellement, en ces toutes jeunes années, j’ai très bien senti ce dilemme langagier: s’agissait-il d’une vraie guerre ou pas ? Pensez aussi : pas de TV, « la radio», quelques journaux. Un outil médiatique qui ne peut en rien se comparer à aujourd’hui.
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Décidément votre post m’indique que vous êtes d’une génération trop éloignée dans le temps par rapport à l’événement, pour rendre compte de la perception du moment. Vous semblez en juger avec des critères d’aujourd’hui.
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Pour essayer de placer mon propos en perspective...j’imagine que demain nombre de nos descendants, évoquant la montée du réchauffement climatique, se diront, éberlués ou courroucés à notre encontre: ils savaient et n’ont rien fait. Ils ont attendu passivement. Voilà ce qu’ils diront de nous. Que leur diriez-vous par avance ?
Neuze : « Brezel » pe get ? Aes eo hirio da implij ar ger « Brezel ». Hirio ! Mes d’ar mare-mañ ne oa ket ken sklaer…hervez ma eñvorennoù a baotrig…
Je ne sais pas trop si vous aviez la réponse à votre question, mais la différence est évidente et ne pouvait que sauter aux yeux à l'époque, bien plus qu'aujourd'hui !
L'Algérie était divisée en départements, sans la moindre Région, comme le Calvados, l'Orne etc Alors que le Maroc et la Tunisie étaient ds protectorats.
Surtout il y avait non seulement une colonisation politico-administrative, mais aussi une colonisation humaine et organisée en Algérie. En même pas un siècle on est passé de 0 % d'européens à 10 % d'européens. 1 million sur 10 millions d'habitants. Ces européens avaient les mêmes droits que les autres européens français, mais en plus avaient une supériorité juridique par rapport aux musulmans en Algérie (on va dire les autochtones à quelques exceptions minimes près comme des juifs installés de longue date) en terme de représentation (vote, élus), de Droits etc
Cela n'existait pas au Maroc et en Tunisie.
C'est ce qui explique que la France a mené une répression féroce en Algérie et c'est ce qui explique qu'il y a eu une Guerre. Notons que les USA et l'URSS étaient favorables à l'indépendance. Sans cela, à coup sûr l'Algérie serait une sorte de Corse des temps modernes, sans compter qu'aujourd'hui la Corse ne serait peut-être pas ce qu'elle est politiquement si l'Algérie n'était pas devenue indépendante.
Tiern e peb Amzer
Toujours la même chose, cette chose qui est contradictoire avec tout mouvement d'émancipation de la Bretagne : le catholicisme rance.
Celui qui amène à chaque fois à toutes les compromissions (compromission de l'aristocratie bretonne, d'une partie du mouvement breton en 40-44, les mêmes aujourd'hui qui nous écrivent des articles pour le nucléaire en Bretagne, ou pour faire l'apologie de Zemmour en breton ou pour nous inventer des convergences entre l'autonomisme breton et les nationalistes français identitaires du Bas-Poitou)...