Il y a 12 ans Jean-Yves Le Drian, alors dans l’opposition, accusait le gouvernement de ne rien faire pour la réunification de la Bretagne, mais qu'a-t-il fait aujourd'hui ?

Chronique publié le 15/01/22 16:06 dans La réunification par Philippe Argouarch pour ABP
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Patrick Maréchal et Jean-Yves Le Drian interrogés sur la réunification en juin 2009 à Châteaubriant ( Photo archives ABP).

Alors que s’achève la présidence d’Emmanuel Macron où Jean-Yves Le Drian a été un ministre de poids, il est devenu inévitable de constater que le ministre breton, très longtemps président du Conseil régional de la Bretagne administrative, arrivé en 2012 dans les sphères du pouvoir à Paris, n’a pas levé le petit doigt en faveur de la réunification de la Bretagne.

Pourtant en juin 2009 à Châteaubriant, Jean-Yves le Drian, alors dans l’opposition, affirmait que c’était à l'État de réunifier la Bretagne ou du moins d’organiser une consultation selon l’article 72_1 de la constitution . ABP a conservé la vidéo des déclarations du futur ministre réalisée lors de cette conférence de presse (voir notre article). Peu de temps après, Jean-Yves Le Drian devenait un des rouages les plus puissants de cet État. Une fois dans l’autre camp, qu’a-t-il fait pour la Bretagne ?

Ministre de la Défense sous la présidence de François Hollande, numéro 3 du gouvernement, Le Drian n’a rien tenté, sinon le refus clair et net de sa part d’un projet de création d’un Grand-Ouest englobant les régions Bretagne et Pays-de-la-Loire lors de la réforme territoriale de 2014. On avait cru comprendre alors que le premier ministre Jean-Marc Ayrault, un socialiste comme lui pourtant, bloquait toute réunification. De toutes façons François Hollande à Brest en 2012 lors de sa campagne présidentielle avait été très clair. En réponse à un journaliste, il avait déclaré : « Il n’y aura rien de spécial pour la Bretagne ».

Ayrault parti, une nouvelle donne se met en place sous la présidence d’Emmanuel Macron que Le Drian a rejoint en conservant son poste comme ministre de la Défense puis devenant ministre des Affaires étrangères. Que ce soit sous les gouvernements Edouard Philippe ou Jean Castex, des Premiers ministres provenant pour l’un, d’une Normandie réunifiée, et pour l’autre, d’une Occitanie recréée mais englobant la Catalogne française d’où il est issu (il parle même catalan), on aurait pu penser qu’une opportunité se serait présentée. Mais non : encore rien, sauf quelques promesses pour l’Alsace englobée contre son gré dans un Grand-Est. Rien n’a été fait non plus pour se débarrasser de l’infâme réforme territoriale de François Hollande.

On a assisté à une présidence-réaction qui n’a fait que réagir aux crises qui se sont succédées : des gilets jaunes à la pandémie... Alors la réunification de la Bretagne est tombée comme un cheveu sur la soupe. L’État a eu d’autres chats à fouetter. Le pouvoir est d’ailleurs de moins en moins un lieu d’action, un lieu où on envisage le futur, la démocratisation, la justice sociale ou la prospérité, mais bien de plus en plus un lieu de réactions face à la rue, aux scandales et face aux crises. C’est un gouvernement du quotidien qui fait face à un peuple et a des peuples de plus en plus rebelles et de plus en plus rétifs. Dans ce contexte, Le Drian a fait ce qu’on lui demandait de faire : vendre des armes. Il l’a même fait avec un certain succès. Certes des chasseurs-bombardiers Rafales, mais aussi des chars Leclerc de 70 tonnes, un des meilleurs chars au monde. L’Arabie Saoudite utilise ces chars ainsi que d’autres armes de fabrication française dans sa guerre au Yémen où tant d’innocents sont tués. Désolé M. Le Drian, ça fait aussi partie de votre bilan.

Conséquence d’une immigration débridée, les courants les plus conservateurs, les plus jacobins, sont en passe d’arriver au pouvoir en France. L’armée sera alors envoyée dans les banlieues, mais pas que. Elle sera aussi envoyée en Corse, aux Antilles, et en Nouvelle Calédonie où, après le dernier référendum qui fut une farce grotesque digne des élections en Russie, la violence sera inévitablement de retour.

Une fois au pouvoir, les ultras jacobins interdiront bien plus que le tilde, bien plus que les prénoms bretons. Les régions administratives seront tout simplement supprimées pour un retour pur et simple aux départements au titre de la réduction du millefeuille territoriale. Le gwenn-ha-du et les drapeaux autres que le tricolore seront interdits. La réunification administrative n’aura plus alors aucun sens car il n’y aura plus rien à réunifier.

M. Le Drian, jamais un Breton n’a été aussi haut placé, et de plus au sein de quatre gouvernements successifs de la République, jamais un Breton n’a eu autant de pouvoir à Paris (sauf pour Alain Poher si je ne me trompe) et qu’avez-vous fait pour faire avancer la réunification ? Pour bloquer les basses manoeuvres du ministre de l’Education nationale concernant les langues régionales ? Ou pour faire avancer la dévolution du pouvoir ? L’histoire bretonne retiendra que vous avez loupé, disons sacrifié, une occasion historique unique de réparer pacifiquement un aléa du passé totalement loufoque et injuste concernant la partition du pays d’où vous venez et que vous prétendez aimer.


Vos commentaires :
Mardi 30 avril 2024
Intéressant d'entendre ces vidéos de 2009.
On constate que la confusion entre consultation et référendum existait déjà.
Autre constante, l'organisation de la consultation est demandée à l'Etat central, alors que le CD 44 peut consulter son électorat au sujet de sa propre consultation par le Parlement.
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