La triste nouvelle m’est parvenue par son fils Philippe, au nom de sa famille : la poète Jeanine Baude est décédée le 27 décembre. Grande marcheuse, auteure d’une trentaine de livres (poésie, récits, essais) principalement publiés par les éditions Rougerie, Seghers, Tertium éditions, Voix d’encre, Les Vanneaux, La Rumeur libre, lauréate du Prix Antonin-Artaud 1993, Jeanine Baude était une voix marquante de la poésie d’aujourd’hui.
Très active pour la poésie, elle présidait l’association des « Amis de Louis Guillaume » et le jury du « Prix du poème en prose ». Elle dirigeait également la collection «Pierres Ecrites» aux éditions Pétra. Née en 1946 dans les Alpilles, elle avait un lien très fort avec la Bretagne et surtout avec l’île d’Ouessant découverte en 1976. Elle y vivait une partie de l’année quand elle quittait Paris. Elle a participé au beau livre « Empreintes, mémoire d'île » (CEMO & CRAF éditeurs) du poète-archéologue quimpérois Jean-Paul Le Bihan et du peintre Henri Girard, consacré à Ouessant.
C’est par la prose narrative et méditative de ses déambulations urbaines de «New York is New York» publié par Tertium éditions, notre éditeur commun, que j’ai connu l’univers de Jeanine Baude. Je l’avais peu après retrouvée en poésie dans l’«Anthologie subjective» de Guy Allix sur son site. Invitées par les éditions de la Lune bleue qui venaient de publier nos livres, nous nous sommes rencontrées en 2014, au festival « Trouées poétiques » de Port-Louis. Nous avions gardé contact par la suite. Appréciant ses qualités humaines et sa discrétion, je lui ai consacré le dossier central du n°24 de la revue annuelle « Spered Gouez / l’esprit sauvage » en 2018. Dans l’entretien, elle évoquait son attrait pour Ouessant et sa rencontre avec Jean-Paul Le Bihan et l’archéologie. Entre-temps, je consacrai des articles à ses livres «Soudain» (Tipiza) et «Oui» (La Rumeur libre). Attentive à la voix des autres, elle ne manquait pas de m’adresser un petit mot à chacune des informations que je lui adressais.
Un dernier hommage lui sera rendu mercredi 5 janvier à 14 h 30 au crématorium du père-Lachaise, Paris 20ème.
Chaleureuses pensées et sincères condoléances à ses enfants Philippe et Emmanuelle, à sa famille, à ses proches et amis.
Marie-Josée Christien & la rédaction de la revue Spered Gouez / l’esprit sauvage
Les commentaires de cet article sont ouverts, afin que ses amis et ses lecteurs puissent apporter leurs témoignages, dire leur chagrin, offrir leurs condoléances à la famille Baude.
Bibliographie sur wikipédia
La Rumeur libre a publié ses Œuvres complètes en deux tomes
Jeanine Baude dans l'Anthologie subjective de Guy Allix
A propos d’Ouessant, elle cite dans l’entretien publié dans le n°24 de la revue «Spered Gouez / l'esprit sauvage» en 2018 : « Une fois le pied posé sur l’île est venu le temps du poème. Ici l’on ne raconte pas. On ressent. On est pris par la force de la lumière. Son aveu. Sa ferveur. La route miroitante court vers le village, désigne, au loin, le clocher aérien, trois étages de dentelles fondus dans le bleu. Par grappes les voyageurs s’étirent vers ce centre cherché, cousu aux landes, au rivage, à l’océan. Cela tangue encore par ce bruit qui entête, celui de la mer partout présent. On dérive. Sommes-nous venus jusqu’ici ? Ou bien est-ce l’île qui nous a appelés ? » Ouessant, l’île baguée de ses cinq phares. Éditions des Vanneaux. 2016.
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