La plan Marshall pour nos langues, vite !

Chronique publié le 20/12/21 13:47 dans Langues de Bretagne par Yvon Ollivier pour Yvon Ollivier
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couverture du livre "chroniques d'un peuple oublié"

Depuis quelques années déjà, s’est imposée dans le débat public l’idée d’un véritable changement de politique linguistique de la région Bretagne, laquelle ne porte pas ses fruits. Il suffit de regarder le faible taux de progression annuel du nombre d’élèves scolarisés -alors que l’on créé des filières- et le nombre ridicule de bacheliers capables de maîtriser le breton. Ces données sont objectives et ne sauraient être contestées. Lorsqu’une politique publique ne fonctionne pas, il faut savoir en changer. Il faut évaluer la Convention spécifique, expérimenter largement le plurilinguisme qui seul nous permettra de contrecarrer la progression exponentielle des classes bilingues français-anglais, mettre le paquet sur la formation des enseignants, ouvrir la voie du statut particulier qui nous permettra de décider enfin des choses qui nous concernent, avec de vrais moyens budgétaires, refuser de signer toute convention avec l’Etat qui ne comporterait pas des engagement chiffrés et ambitieux.

Avec Bretagne majeure et Breizh-ImPacte, nous avons largement contribué à ouvrir les yeux de nos compatriotes sur la particularité bretonne dans l’échec alors que ça marche bien au Pays basque nord et en Alsace.

Je me réjouis de voir que, récemment, la plupart des associations bretonnes, dont Kevre Breizh, ont appelé à un véritable changement de braquet ainsi qu’à la mise en œuvre d’un plan Marshall pour nos langues.

Ce sont toutes les énergies bretonnes qui doivent aujourd’hui converger pour pousser la région Bretagne à aller dans ce sens. Le plan Marshall des langues a été avancé par la liste Bretagne ma vie, menée par Daniel Cueff, aux dernières élections régionales. S’il est marqué politiquement, je forme le vœu que toutes les formations politiques soucieuses de défendre nos langues en fassent le symbole d’un renouveau. La tentation politicienne est forte, même chez ceux dont la conscience bretonne ne saurait être mise en doute, et il serait regrettable que ces derniers ne le poussent pas au seul motif qu’il fut promu par un autre parti.

Il s’agit d’un document extrêmement ambitieux sur de nombreux points. Mais l’ambition est une obligation, désormais, si nous voulons sauver nos langues, notre culture et restaurer la capacité à défendre nos intérêts fondamentaux.

Le plan Marshall figure dans l’accord de campagne -Cueff-Chesnais-Girard mais qu’en sortira-t-il au juste ?

Nous connaissons trop les pesanteurs, le double discours qui permet à ceux qui n’ignorent pas que nos langues sont condamnées à politique et moyens constants, de donner le change.

A cette heure, nous ignorons tout de la volonté politique de la majorité en place. Les raisons de ne rien faire de plus sont légion : ce n’est pas une priorité pour les cadors du Parti socialiste ; la pression financière est si forte sur les collectivités locales et les autres -département d’Ille-et-Vilaine notamment- donnent si peu ; la présence de régionalistes convaincus à la région pourrait être jugée suffisante et dispenser de vouloir bousculer l’ordre établi.

Et pourtant, Loïg Chesnais-Girard pourrait rester dans l’Histoire comme le sauveur de nos langues, le premier qui aura su inverser le cours des choses. Pour en juger, il faudra regarder certains marqueurs :

-Le niveau d’engagement budgétaire -doublement ? Triplement comme demandé par le plan Marshall ?

- La mise en place d’un groupe de travail afin de dessiner les contours du futur statut particulier pour la Bretagne, destiné à être voté par l’assemblée régionale avant d’être présenté à l’Etat.

- L’opération coup de poing pour recruter de futurs enseignants dans nos langues avec des aides financières très attractives.

- La mise en œuvre plurilinguisme.

- La création d’un grand centre patrimonial et culturel de Bretagne.

Il y a parfois des moments clés où l’on entend souffler le vent de l’Histoire. Je forme le vœu que la mandature de ce Conseil régional trouve la force d’inverser le cours mortifère que nous suivons depuis trop longtemps.

Yvon Ollivier

auteur


Vos commentaires :
Yann Menez Are
Vendredi 15 novembre 2024
C'est là que l’on va voir la sincérité de Daniel Cueff... Il a bien négocié pour un poste de vice-président, on va voir la réalité des actes et à quel niveau se situe réellement son engagement pour la langue bretonne! Que va-t-il peser réellement face au président ? Au delà du cas de Daniel Cueff il n’y a jamais eu autant d’élus régionaliste ou autonomistes à la région. On va voir quelle est leur réelle influence. Des Mollac ou Troadec peuvent avoir une réelle influence. Ils me paraissent plus fiables qu’un Cueff...

Jean-Luc Laquittant
Vendredi 15 novembre 2024
Pour répondre à Yann Menez Are . Je ne sais pas si Molac ou Troadec peuvent plus influencer Loîg Chesnais-gérard que Daniej Cueff, mais ce que je sais , c'est qu'il ya deux langues en Bretagne.
.

penn kaled
Vendredi 15 novembre 2024
Troadec est vice président pour la langue bretonne ,sauf erreur de ma part ,depuis un moment il est silencieux dans ce domaine ,tout comme dans d'autres ,cela contraste avec sa fougue habituelle .

Alter Écho & Ego machin
Vendredi 15 novembre 2024
C'est peut-être sa «fougue habituelle» qui doit contraster avec la nature profonde de ses convictions réelles. L'ancienneté dans le métier qui fait baisser la garde, qui laisse voir qu'une raquette n'est pas faite d'une toile tendue, mais qu'elle est pleine de trous!

Mais ce n'est assurément pas un cas isolé chez les politiciens ayant atteint un type de «maturité», et un certain degré qui va ensuite crescendo jusqu'à atteindre, en fin ce que décrit le Principe de Peter! N'est-ce-pas? La maturité comme chacun le sait, ça gonfle, s'éclate, et nous impacte..

Il lui est sans doute difficile de rester constamment en mode «suractif», et ça se remarque évidemment! :))


Yvon ollivier
Vendredi 15 novembre 2024
Christian troadec a toujours été clair dans la défense des intérêts bretons. Il fera le maximum.

penn kaled
Vendredi 15 novembre 2024
Trugarez si vous l'affirmer ,je pense que l'on peut vous faire confiance ....

Gilles Bretagne
Vendredi 15 novembre 2024
Yvon Olivier
Permettez aux Bonnets Rouges ayant milité sur la base des onze revendications du mouvement, d’avoir un sérieux doute quand à la clarté de Monsieur Troadec dans la défense de tous les intérêts Bretons.

Alter Écho & Ego machin
Vendredi 15 novembre 2024
Aah, je pensais qu'il l'avais déjà fait...son maximum? Encore de «l'espoir» alors Yvon Ollivier :))

Jean-Paul Touzalin
Vendredi 15 novembre 2024
Est-ce que le terme «Plan Marshall» appliqué à la langue bretonnes est bien pertinent?
Si on se réfère à son origine: «European Recovery Program » (1947),ses conditions ( priorité aux produits US ) son application réelle (dons, prêts remboursables ) ainsi qu'à son influence économique et culturelle ( cinéma, musique, implantation de centres culturels US ) je ne comprends pas l'utilisation de ce mot d'ordre au niveau du sauvetage d'urgence de la langue bretonne pouvant conduire à son hypothétique guérison ( «recovery» ) .

Sten
Vendredi 15 novembre 2024
Daniel Cueff a hacké une partie du mouvement breton avec son arnaque et ses arrières-pensées. Il a fini par discuter tout seul avec Loïc Chesnais-Girard, sans même en parler à ses compagnons de route, ceux qui ont bossé pour lui. Personne ne sauvera nos langues, sauf nous, il faut faire des actions et recueillir le plus de suffrages possibles et ne pas lâcher celui qui tient les rênes de la région. Ceux qui ont été élus, manœuvrent pour garder ou gagner des postes. Le combat demande des milliers de façons et de l'imagination. C'est un combat à plusieurs facettes, explorons-les. On peut partir du texte premier -- peu importe comment il s'appelle -- et se faire un nouvelle plateforme informatique de communication, de design, de marketing, parler stratégies, réseaux sociaux, voir comment gagner les cœurs et séduire. Cristalliser les attentes et les transformer en une plateforme fédératrice.

P. Argouarch
Vendredi 15 novembre 2024
Vous rêvez ou quoi ? les mots « langues régionales » ne sont pas du tout dans les orientations du budget discutées le 16 et 17 décembre lors de la session du Conseil régional. Daniel Cueff dans son introduction a bien prononcé les mots « plan Marshall » en mentionnant que le sujet avait été retiré de l’agenda sans en préciser par qui. Voir Voir le site

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