Les 18 et 19 septembre 2021, un hommage a été rendu à Conlie près du Mans afin de commémorer le souvenir d’une armée de Bretagne rassemblée en toute urgence dans un camp, dans des conditions ignominieuses, pour soi-disant y défendre la France, après la défaite de l’armée impériale contre les Prussiens et la capture de Napoléon III à Sedan le 2 septembre 1870. L’hommage qui devait avoir lieu l’année dernière à l’occasion du 150e anniversaire avait été repoussé d’un an à cause du confinement.
Si le Conseil régional de la région Bretagne a participé à la préparation de cet évènement, aucun élu n’avait fait le déplacement. C’est d’autant plus surprenant que le conseil régional de la région Bretagne avait pris en charge, en plus de l’envoie de gwenn-ha-du, la remise en état d’une superbe plaque commémorative en fonte placée au pied du Monument des Bretons ,au centre du cimetière.
Le maire du Mans, l’ex-ministre Stéphane Le Foll, dont les deux parents sont nés en Bretagne était présent comme le maire de Conlie. Le Foll a confié qu’un de ses ancêtres était au camp de Conlie.
De nombreux Bretons avaient toutefois fait le déplacement, en particulier Michel Chauvin qui représentait Koun Breizh et l’Institut culturel de Bretagne - Skol Uhel ar Vro. Un chaleureux [[Bro gozh ma zadoù]] fut entonné à la fin de la cérémonie avec l’aide du Bagad de Theix (56).
C’était en 1870. Pour combattre et repousser l’armée prussienne, Léon Gambetta, Ministre de l’Intérieur du Gouvernement de Défense Nationale décide de lever des Troupes en Bretagne. Le Général Emile de Kératry est chargé de rassembler une armée de volontaires bretons et choisit Conlie, près du Mans, comme site de rassemblement.
D’octobre 1870 à janvier 1871, ce gigantesque campement accueillera entre 50 000 et 80 000 Bretons (selon les sources) des cinq départements. Ces mobilisés en sabots pataugent dans la boue, la gadoue et le froid. Beaucoup meurent de faim ou de maladies. L’armée dite « de Bretagne » ne recevra, ni armes correctes, ni instruction militaire.
Les seuls fusils distribués furent des surplus de l’armée américaine (des Springfields, des Remingtons) avec les mauvaises munitions alors que la France possédait et avait en stock dans le sud de la France le fameux fusil Chassepot, le meilleur fusil en service en Europe, un fusil à percussion à chargement par la culasse. Il est aujourd’hui prouvé que Gambetta a eu peur d’une armée bretonne bien armée qui aurait pu menacer Paris et la jeune République proclamée le 4 septembre 1870, juste un mois avant l’arrivée des premiers Bretons à Conlie. Conlie n’est qu’à 200 km de Paris (1).
C’est pour s’en débarrasser qu’ils ont été parqués là ; et ils y resteront, dussent-ils tous en mourir--Message de Gambetta au préfet de Rennes Ange Blaize de Maisonneuve.
Sans formation militaire et sans avoir été équipés, 20 000 de ces Bretons furent envoyés pour défendre Le Mans. Oui, la cavalerie française reçut l’ordre de les sabrer s’ils reculaient (voir notre article). Selon The Franco-Prussian War, écrite par le professeur d'Histoire Moderne de l'Université d'Oxford, Michael Howard : « Une grande partie d'entre eux arriva seulement armée de fusils américains de la Guerre de Sécession qui se chargeaient par le canon. Les munitions étaient trempées par la pluie, elles étaient du mauvais calibre, et les soldats ne savaient pas comment les charger. Même s'ils avaient pu les charger, le système de mise à feu était défectueux. Aucun équipement d'entretien ne fut fourni, mais on doute que quelque chose aurait pu effleurer l'épaisse couche de rouille qui s'était accumulée en six ans depuis la fin de la Guerre de Sécession ».
[..]Les fugitifs se sont retrouvés devant les sabres de leur propre cavalerie, les canons implacables de leur commandant, et l'eau glacée de l'Huisne - Michael Howard.
C’est dans ces conditions que le général Chanzy osa accuser les Bretons d’être responsables de la défaite du Mans le 12 et 13 Janvier 1871.
L’histoire est aussi écrite par les vaincus. Elle n’est pas forcement plus près de la vérité que celle écrite par les vainqueurs.
De Arthur Le Moyne de La Borderie. Sur Google books
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Même remarque pour les cultureux bretons qui s’étaient déplacés, personnalités et bagad de Theix, une fois de plus bien conscients de l’importance de marquer une présence bretonne à cette cérémonie du souvenir.
Je passerai vite sur lavisite du maire du Mans Le Foll, breton élu des PdL qui emboîta en 2015 le pas à son collègue Le Drian, élu de Bretagne, pour plaider conjointement devant la presse régionale les beautés d’une Grande Région impliquant la fusion Bretagne/PdL.
Une solution de facilité, pour ne pas dire de Ponce Pilate, qui bien entendu escamotait la corvée de devoir positionner le 44 dans l’une ou l’autre Région. En 1870 pourtant, les recrues de la Loire-Inférieure étaient bien dirigés vers l’armée de Bretagne comme tous ceux des cinq départements bretons.
Pour conclure, si le Conseil Régional de B4 a, nous dit-on, effectivement participé à la préparation de cette manifestation (sans plus de précisions) on se demande quand même par quel empêchement majeur aucun de ses 83 membres n’a pu se trouver sur place à cette occasion concernant pourtant directement leur assemblée.
Comment interpréter cette attitude irrespectueuse et désinvolte ? Est-ce le fruit d’une politique délibérée de la chaise vide ou avaient-ils tous fourni un mot d’excuse valable et signé des parents, comme à l’école ?