Le Scottish National Party a gagné haut la main les élections du 6 mai pour former le nouveau Parlement d’Ecosse à « Holyrood », siège de l’autonomie écossaise situé à Edimbourg, l’équivalent écossais de « Westminster ». Dans la foulée de cette victoire, la demande d’indépendance de l’Ecosse est officiellement relancée.
La majorité absolue est de 65 sièges sur 129. Le SNP en a gagné 64 à lui seul. Son allié dans la démarche vers l’indépendance, le Scottish Green Party, affilié aux Verts européens, a obtenu de son côté 8 sièges, installant au Parlement écossais une majorité absolue indépendantiste de 72 sièges. La troisième formation indépendantiste, Alba, n’a pas obtenu de siège mais son apport en voix situe le camp indépendantiste au-delà de 50% des voix.
Le scrutin écossais est mixte entre proportionnelle et vote par circonscription. Un électeur émet deux votes séparés : un pour élire le représentant de sa circonscription, l’autre pour décider d’une préférence politique générale pour l’Ecosse. Sur 129 sièges, 73 sont désignés dans les circonscriptions, et 56 le sont à la proportionnelle du second vote.
Le SNP emporte 62 circonscriptions sur 73 avec 47% des voix dans ces scrutins territorialisés, mais il compte 40% des suffrages pour le scrutin proportionnel du second collège. Cette différence s’explique par le « vote utile » de nombreux électeurs comme ceux des Verts qui votent SNP dans leur circonscription pour assurer la victoire du représentant indépendantiste le mieux placé, puis exprime sa préférence écologiste pour son vote dans le second collège.
La distribution des sièges de ce second collège se fait en respectant la proportionnelle générale des deux votes, dans 8 régions électorales, de façon à ce que la proportionnelle soit respectée dans la composition finale de l’hémicycle. De la sorte, le SNP, déjà pourvu de nombreux sièges en circonscriptions, n’obtient que deux sièges supplémentaires, passant de 62 à 64, à un siège seulement de la majorité absolue, tandis que les Verts récupèrent 8 sièges dans ce second collège alors que leurs candidats ont tous échoué à se faire élire dans les circonscriptions.
C’est la quatrième mandature d’affilée pour le SNP à la tête de l’Ecosse. Il est arrivé au pouvoir avec une très courte majorité relative en 2007, 31 sièges dont 26 issus de la répartition proportionnelle. En 2011, la « vague jaune » du SNP a déferlé sur toute l’Ecosse, apportant 69 sièges, ce qui lui a donné la majorité absolue à Holyrood. Dans la foulée de ce triomphe électoral, le dirigeant de l’époque, Alex Salmond, a obtenu de David Cameron que soit organisé le premier referendum sur l’indépendance de l’Ecosse en 2014.
Parti d’à peine 22% dans les sondages, le « yes » a fortement progressé durant la campagne jusqu’à obtenir 45% des voix. Au lendemain du referendum, en 2016, le SNP est resté majoritaire avec 63 sièges assurant le soutien nécessaire, avec l’appoint de 5 sièges des écologistes, à sa nouvelle dirigeante Nicola Sturgeon pour gouverner l’Ecosse. Nicola Sturgeon s’est imposée comme une leader très populaire, particulièrement dans la gestion de la crise sanitaire, et aussi en menant une politique sociale avancée, très loin des accents conservateurs qui dominent à Londres. Pour le SNP, enchaîner une quatrième mandature d’affilée avec un tel résultat électoral est la démonstration de sa capacité à diriger le pays dans sa volonté d’indépendance et de retour au sein de l’Union Européenne.
Avec ce dernier scrutin, la majorité de Nicola Sturgeon est passée de 68 à 72 sièges. Cette progression lui donne toute la légitimité nécessaire pour revendiquer un nouveau référendum sur l’autodétermination de l’Ecosse.
Car, depuis 2014, le sentiment indépendantiste n’a fait que se renforcer, notamment lors du Brexit qui a entraîné le peuple écossais hors de l’Union Européenne alors qu’il souhaitait très majoritairement (62% des voix) rester européen.
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Cette chronique est parue sur Le blog de François Alfonsi
■Le mode de scrutin par ailleurs favorise une sur-représentation du Parti arrivé en tête en terme de sièges. Attention donc, à réclamer un nouveau référendum aussi rapidement, il y a le risque réel si celui-ci avait lieu que ce soit le dernier et que l'Ecosse ne devienne un Québec Bis (mais protestant et anglophone...)
L'argument européen qui a supplanté la question nationale écossaise ces dernières années est un très mauvais argument. C'est un argument défaitiste qui décrédibilise in fine l'idée de peuple, de Nation, d'auto-détermination.
Par ailleurs le lien entre le vote indépendantiste (45 % en 20143) et le vote anti-Brexit d'une majorité d'écossais en 2016 (60 % contre 40 % pour le Brexit) n'est absolument pas avéré...