Une journée historique : la loi Molac sur les langues régionales adoptée par l’Assemblée nationale (vidéos)

Dépêche publié le 8/04/21 19:45 dans Langues de Bretagne par Philippe Argouarch pour ABP
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La photo historique du vote
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La carte du vote ( A. Vigié)
La présentation de la loi par Paul Molac (1237 vues)
Le vote (659 vues)
Les députés bretons entonnent le Bro Goz devant l’Assemblée nationale (2837 vues)

Après avoir défait les amendements flibustiers, en particulier celui du ministre de l’Éducation nationale, et après avoir rétabli les articles supprimés en commission, une large majorité à l’Assemblée nationale a voté la Loi Molac en seconde lecture.

Nombre de votants :342

Suffrages exprimés : 323

Majorité absolue : 162

Pour : 247

Contre : 76

Résultat des votes des 37 député(e)s breton(ne)s

Les sources de l’analyse du scrutin

POUR : Annaïg Le Meur 29, Anne-France Brunet 44, Aude Amadou 44, Audrey Dufeu 44, Christine Cloarec-Le Nabour 35, Claudia Rouaux 35, Didier Le Gac 29, Éric Bothorel 22, Erwan Balanant 29, Florian Bachelier 35, François de Rugy 44, Gaël Le Bohec 35, Graziella Melchior 29, Gwendal Rouillard 56, Hervé Berville 22, Hervé Pellois 56, Jean-Charles Larsonneur 29, Jean-Luc Bourgeaux 35, Jean-Michel Jacques 56, Jimmy Pahun 56, Laurence Maillart-Méhaignerie 35, Liliana Tanguy 29, Marc Le Fur 22, Nicole Le Peih 56, Paul Molac 56, Sandrine Josso 44, Sandrine Le Feur 29, Thierry Benoit 35, Yannick Haury 44, Yannick Kerlogot 22, Yves Daniel 44

.

NON VOTANT : Richard Ferrand 29

ABSENTS : Bruno Joncour 22, Mustapha Laabid 35, Luc Geismar 44, Sophie Errante 44, Valérie Oppelt 44

.AUCUN CONTRE

Selon Paul Molac, cette loi a pour but de rehausser la protection, l’accessibilité et la visibilité des langues régionales dans trois domaines :

– Dans le patrimoine tout d’abord, en reconnaissant l’appartenance des langues régionales au patrimoine immatériel de la France pour mieux pouvoir les protéger.

– Dans la vie publique ensuite, en sécurisant juridiquement l’affichage de traductions en langue régionale sur les inscriptions et les signalétiques publiques, ainsi que l’utilisation des signes diacritiques des langues régionales dans les actes d’état civil. On se rappelle tous de l’histoire de ce bébé breton prénommé Fañch, qui a dû aller jusqu’à la Cour de cassation pour avoir le droit de garder son tildé sur la lettre N.

– Enfin, dans l’enseignement, où nous avons aujourd’hui obtenu des avancées importantes, et notamment pour la reconnaissance de l’enseignement par immersion en langue régionale à l’école publique, ainsi que pour rendre effectif le versement du forfait scolaire pour les écoles associatives telles que Diwan. De même, cette loi permettra l’extension des possibilités d’offre d’enseignement des langues régionales à l’école publique, pour que le plus grand nombre d’établissements puisse proposer cet enseignement.


Vos commentaires :
Jeudi 2 mai 2024
Mais comment-a-t-il fait ? Mais comment-a-t-il fait ? Une semaine après ce vote HISTORIQUE – le mot n’est pas trop fort - sur les langues régionales, je reste stupéfait de ce résultat inespéré.

Certes, Paul Molac connait parfaitement le sujet, les acteurs de terrain, les rouages du système politique France, certes il a fait preuve d’une patience et d’une persévérance exemplaires, certes, il n’est pas tout seul dans ce combat titanesque et de très longue haleine. Mais il a réussi là ou d’autres essayaient en vain depuis de nombreuses décennies.

Ceci me fait penser à une phrase célèbre dans l’histoire de l’industrie aéronautique, à propos d’ingénieurs: « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ! ». Cela ne nous dit pas comment. La réponse est peut-être dans l’article en breton du Télégramme de ce jour. Que l’on me permette de citer, dans le texte, ce court paragraphe-clé :

« Q.
Ul labour hollek eo bet a-benn ar fin ?

R.
Ya, gwir eo. Ur bern labour zo bet graet gant ar c’hevredigezhioù en o bro. Ar re-mañ zo bet o kendrec’hiñ o c’hannaded, pep hini en e diriad.

Me, deus ma zu, zo bet o welet ar re a oa e-penn pep strollad. Pep hini en doa da gendrec’hiñ e strollad, da zisplegañ petra ‘oa en danvez-lezenn ».

Voilà donc la méthode : aborder la question par le bas, aborder la question par le haut. Si l’on veut, d’un côté, montrer l’ampleur et la nature de l’attente, de l’autre côté expliciter le contenu de la loi à ceux qui la voteront, la contextualiser, de telle sorte qu’ils agissent en connaissance de cause.

Nul doute qu’il aura fallu outre un travail acharné, une union sacrée de la part des porteurs de projet, et aussi – c’est peut-être la part la plus originale de Paul Molac - on la devine dans la vidéo de son intervention finale à l’Assemblée, mais il ne le dira pas -, une capacité d’empathie vis-à-vis de toutes les parties. La victoire était à ce prix. Et avec quel score !

Reste à voir les éléments d’application (décrets et délais). La lutte continue.

Dans une période pandémique particulièrement adverse et qui dure, la lumière vient des langues régionales. Ainsi, elles sont premières à ouvrir des portes d’avenir. Et cela vient de loin et du plus profond de l’âme. Bravo et encore merci, Paul.

Evel kalz-kalz a Vretoned, ul lorc’h dianavezet betek-henn a zo deuet em c’halon. Hag a chomo ! Trugarez vraz d’an holl re o deus stourmet a-unan gant kannad ar Morbihan. N’eo ket echu a lavarfen, mes ur pazennad ISTOREL omp aet en-tu all dezhañ. Ur pazennad hag a vo ul leurenn evit mont pelloc’h gant hent an demokratelezh, gant hent ar brezhoneg. Biskoazh kemend all !

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