Pour sauver le breton de la disparition, une seule solution, une seule !

Chronique publié le 24/03/21 18:46 dans Langues de Bretagne par Rémy PENNEG pour NHU Bretagne
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Des chiffres qui parlent
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Pour sauver le breton, une seule direction

Il y a actuellement environ 200 000 personnes à parler le breton/brezhoneg en Bretagne surtout, et ailleurs dans le monde. Il s’agit majoritairement d’une population âgée de plus de cinquante, soixante ans. Et personne n’est éternel sur cette terre. Chaque année, entre les brittophones qui décèdent et ceux qui apprennent leur langue originelle, c’est un disparition nette d’environ cinq mille locuteurs.

A vos calculettes !

Dans quarante ans, la langue bretonne aura totalement et définitivement disparu en Bretagne.

Dans les années 50, il y avait environ un demi million de brittophones en Bretagne. Autant qu’il y avait de personnes à parler gallois au Pays de Galles. Soixante dix ans plus tard, en ce moment même, les Gallois sont plus de 750 000 à parler leur langue, et nous seulement environ 200 000.

Que s’est-il passé ?

Il y a plusieurs raisons à cet écart entre les deux nations et leurs langues soeurs.

L’une d’elles est la moindre volonté du gouvernement central de London d’éradiquer le gallois, quand ici dans l’Hexagone, la disparition des langues originelles est une volonté parfaitement assumée et organisée depuis longtemps.

Mais la raison principale tient au fait que chez nos cousins et voisins gallois, leur langue est obligatoire à l’école.

En 1891, 50% des Gallois parlaient leur langue. Ils n’étaient plus que 19% en 1981.

Puis il y eut les Welsh Language Act en 1993 et le Government of Wales Act en 1998.

Le gallois est obligatoire à l’école jusqu’à seize ans et possède les mêmes droits que la langue anglaise. Dès 2004, 21,7% de la population galloise parlait la langue originelle. Depuis la croissance est continue.

Jusqu’à 20% des élèves choisissent le gallois en première langue.

Depuis 2011, le gallois est langue officielle au même titre que l’anglais.

On sait donc quoi faire pour sauver le breton de la disparition

Tant que le breton ne sera pas obligatoire à l’école, il continuera, lentement mais sûrement, à disparaître. C’est la seule et unique solution pour que notre langue reste vivante pour les générations futures. Tout le reste n’est, et ne sera, que bricolages et soins palliatifs.

Tout brittophone, tout militant culturel, tout homme ou femme politique, tout amoureux de la Bretagne… qui ne prône pas l’enseignement obligatoire du breton devient plus ou moins complice de sa disparition programmée.

D’un côté, l’Etat central veut éradiquer notre langue. De l’autre côté, la région Bretagne administrative et son Président ne consacrent en 2021 que 0,47% du budget global de la Région aux soins palliatifs prodigués. Évidemment impossible de sauver la langue bretonne dans cet étau destructeur.

La plupart des politiques exerçant en Bretagne sont complices du pouvoir central dans cette volonté d’éradication

Les maintenir au pouvoir, même en échange de subventions et autres verroteries, c’est participer à la disparition du breton. Il est temps que nombre de militants d’associations culturelles bretonnes se posent la question clairement en ces termes.

Par ailleurs, et le passé nous le démontre, nous devons retrouver un statut de très large autonomie pour sauver notre langue. Aucune langue n’est sauvée si son peuple n’est pas, ou largement autonome, ou indépendant. Aucun. Nous devons, impérativement, prendre certaines distances avec cet état central qui, de Paris, organise ce génocide linguistique. C’est à nous, Bretonnes et Bretons, de prendre en mains le sort de notre langue. Aujourd’hui on le laisse entre les mains de ses meurtriers. Sans leur autonomie vis-à-vis de London, le gallois aurait très certainement continué à péricliter.

Tout brittophone ou gallésant, tout militant culturel, tout homme ou femme politique, tout amoureux de la Bretagne … qui ne prône pas l’autonomie de la Bretagne, voire son indépendance, devient complice de la disparition programmée du breton/brezhoneg.

Pensez-y … il n’y a aucune autre solution : enseignement obligatoire.

Si vous en avez une autre, faites-moi signe

Remy Penneg

Cette chronique est apparue en premier sur le site NHU.BZH


Vos commentaires :
Jeudi 2 mai 2024
@Alain E. VALLÉE

On dit « Mamm gozh » à sa grand’mère et « Tad kozh » à son grand-père, quand on les interpelle. La langue bretonne marque sa sensibilité au féminin par la mutation douce, au singulier.

Avec l’article, on dira donc : Ar vamm gozh, mais an tad kozh.

Petite indication: l’article ne porte ni le genre ni le nombre. L’article « Ar » , avec ses adaptations phonologiques « an » et « al », signifie indifféremment « le/la » et aussi « les » selon le genre du nom, ou selon le nombre (pluriel).

La langue bretonne reconnaît ces catégories, bien évidemment, mais use d’autres moyens pour les distinguer. D’où l’importance de la phonologie (rendue par les mutations).

Tadoù kozh signifie « grands-pères » ou « des grands-pères ». « Tadoù-kozh zo e Breizh-Izel ha ne ouiont ket ar yezh ». Il y a des grands-pères en Bretagne qui ne connaissent pas (= ne parlent pas) la langue.

Le pluriel du féminin n’induit pas la mutation. On dira donc « Mammoù kozh ».

Sans doute faut-il voir de certains choix linguistiques – c’est mon interprétation – le fruit d’une expérience humaine multi-séculaire et d’une sagesse civilisationnelle…La langue est un voyage. Ur veaj eo ar yezh.

A galon / cordialement

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