L’association culturelle Ar Falz, dont la raison d’être est la défense et la promotion des langues et des cultures de Bretagne, partage le point de vue exprimé par Yvon Ollivier et Yannig Baron dans la tribune parue dans le Télégramme du 02/12/2020, où ils réclament « un plan Marshall pour sauver nos langues ».
La langue bretonne (environ 200 000 locuteurs aujourd’hui, dont 80% sont âgés de plus de 60 ans) est menacée de disparition à court terme, malgré l’existence des classes bilingues (environ 19 000 élèves), qui scolarisent entre 3 et 4 % des enfants de Bretagne.
Quelle stratégie faut-il mettre en œuvre pour assurer la survie du breton et du gallo -dont la situation est encore pire-, qui sont des marqueurs essentiels de notre identité ?
Seuls les Bretons et leurs représentants élus peuvent encore inverser la tendance, avant qu’il ne soit trop tard. Les Corses ont obtenu que l’enseignement de leur langue soit proposé à l’ensemble des enfants de leur île ; un plan de formation de 700 enseignants sur 5 ans a même été mis sur pied par le Rectorat et la Région. Pourquoi ce qui est possible pour les Corses ne le serait-il pas pour les Bretons ?
Bec’h dezhi eta, evid ma chomo bew hon yezhoù ! Au travail donc, pour que nos langues restent en vie !
Pour le Bureau d’Ar Falz, Paolig Combot, président
■Sur le plan culturel et politique, nous sommes les Ouïghours ou Tibétains de la France.
- éradication de notre culture dans l'espace public et dans la sphère privée. La langue bretonne a été rendu impraticable par les actions négatives et répétés de l'État français.
- découpages administratifs volontairement mal fait et servis par une administration zélée qui brouillent le territoire de cette culture d’Armorique.
- Privation de nos assemblées historiques protectrices : Parlement + État de Bretagne.
Comme pour le climat et la biodiversité, les 10 prochaines années sont cruciales pour les 2 langues tradi de Bretagne.
Https://languesdebretagne.bzh
Bien à vous. A wir galon.
Ça n'empêche que si la société bretonne avait voulu conserver et transmettre ce patrimoine, elle y serait parvenue... Mais comme d'habitude, il eu fallu que l'exemple viennent d'en haut !
Le constat d'Yvon est sans appel à ce sujet.
Personnellement, je constate quotidiennement le peu d'intérêt de la majorité des jeunes élèves montre à notre langue et notre culture... Même parfois en classe bilingue et pas seulement en option.
Ils ne s'intéressent pas à la signification de leur propre nom de famille et encore moins aux toponymes les entourant... La majorité n'a plus de locuteurs dans son entourage proche, de ce fait la langue leur semble quasi étrangère ou tout du moins lointaine... Même dans les milieux ruraux, la culture maistream est la dominante, ils ont toujours vécus à l'ère de l'Internet, ils peuvent être curieux mais pas forcément de local !
La tâche est rude pour leurs faire changer de point de vue, leurs ouvrir l'esprit à une culture non dominante même celle qu'ils ont en héritage !
Première remarque.
Dans la vidéo présentée par ABP, tout comme dans l’article du Télégramme mentionné, un grand absent : l’Ofis Ar Brezhoneg (www.fr.brezhoneg.bzh ou www.brezhoneg.bzh). La structure (Etablissement public de coopération culturelle) est pérenne affirme l’OAB, et un hommage est manifestement rendu au travail de Lena Louarn (« les personnes en charge de la politique linguistique à la Région sont des gens reconnus pour leur dévouement » Le Télégramme) et à ses équipes. Tout est transparent et disponible en ligne.
Cette absence de l’OAB dans la présentation indique une divergence fondamentale de choix stratégique. Peut-être que si les acteurs se mettaient d’accord, ils auraient l’oreille du Président de Région ? La situation est-elle ainsi clivée au Pays Basque, en Corse ? Yvon Ollivier ne dit rien sur ce point.
Deuxième remarque
Le choix stratégique signalé s’inscrit aussi dans l’Histoire de la lutte pour la langue bretonne, tout au long du XX° siècle.
Du côté de l’OAB, n’est on pas dans la filiation d’un Roparz Hemon ? Ce dernier, on le sait, envisageait la position du breton à côté du seul français (et/ou en opposition avec ce dernier). Conception linguistique, défendable dans l’entre-deux guerres.
La situation a changé. Aujourd’hui, sur le plan anthropologique et pédagogique, tous les acteurs savent qu’apprendre très tôt non pas une, non pas deux – c’est la stratégie actuelle -, mais plusieurs langues – c’est la stratégie proposée de longue date par Yannig Baron et aujourd’hui par Yvon Ollivier - est possible (et souhaitable). En période d’acquisition linguistique initiale, c’est-à-dire avant-même l’école primaire.
La crainte des tenants de la stratégie actuelle (breton/français) est de voir graduellement (ou vite?) s’effacer le breton dans le cadre d’une hypothétique stratégie à trois langues (breton/anglais/français).
Le camp alternatif, dont Yvon Ollivier se fait le porte-parole, entend démontrer le contraire en faisant valoir le succès dans d’autres territoires (Pays Basque, Corse, Alsace,…) exposés à la même réglementation régalienne (ou peu s’en faut).
Ajoutons que demain d’autres revendications surgiront très certainement. En lien avec le panachage de populations (multiculturalisme), lié aux migrations massives observées et soutenues par l’Union Européenne. C’est donc le moment pour le breton de s’inscrire dans ce monde futur qui s’annonce. Et arrive vite.
Troisième remarque.
Elle est technique et linguistique. La phrase « evid ma chomo bew hon yezhoù ! » est transcrite en graphie « etrerannyezhel » (inter-dialectale), une amélioration récente, et à la marge, de la graphie « peurunvan » (sur-unifiée) actuellement en usage dans l’édition et l’enseignement. En graphie peurunvan, l’on écrirait « evit ma chomo bev hon yezhoù ! ».
Ces retouches peuvent paraître mineures mais Jean-Claude Le Ruyet, ancien enseignant et inspecteur, qui a beaucoup travaillé dessus se montre convainquant sur leur pertinence. Il ne faudrait pas que des postures linguistiques historiques rendent encore plus difficile l’adoption d’une position commune entre les acteurs, qui sur le fond sont tous d’ardents défenseurs de la langue bretonne.
Neuze, « evid ma chomo bew », pe « evit ma chomo bev. » ar brezhoneg...Mes un dazont evit hon yezh, da gentañ! Da viken !