La réunion organisée à Nantes le 11 octobre par le «Breizh Civic Lab» et «A La Bretonne» avait une triple ambition.
– Faire avancer le processus du retour* de la Loire Atlantique dans l'ensemble breton.
– Souligner le rôle moteur des métropoles pour l'économie bretonne en privilégiant la vision d'une «Bretagne civique» aux dires des organisateurs de cette journée.
– Sensibiliser autour des ces deux enjeux un nombre conséquent d'élus.
Avec une centaine de présents, il est incontestable que cette journée relance le débat politique sur la réunification de la Bretagne. La récente élection au Conseil municipal de Nantes de personnes clairement engagées sur cet objectif vient conforter nos attentes. Mais notre satisfaction s'arrêtera là pour les raisons qui suivent.
Première objection, la voie du référendum. Comme l'a clairement démontré notre ami Jean OLLIVRO, cette voie relève de l'imposture parce que cadenassée par autant d'obstacles, qui, au mieux aboutissent à reculer la décision dans un avenir improbable, ou au pire, enterrera définitivement la question. Il existe pourtant un mode législatif tout simple pour régler élégamment le problème : le décret. N'est ce pas par un simple décret que les Pyrénées Orientales ont été incluses dans la région Languedoc et que les Pyrénées Atlantiques l'ont été dans l'Aquitaine (décret du 12.03.1960) ? Autre exemple tout récent, Haute et Basse Normandie ont été réunifiées toujours par décret en 2016. Plus actuel encore, l'Alsace s'apprête à retrouver son entière singularité en début 2021 sous l'étiquette de Communauté Européenne d'Alsace. Il est vrai que, dans la majorité des cas précédents, les élus de ces territoires ont énergiquement manifesté leurs souhaits auprès de l’État central.
Alors faut-il que la réunification bretonne pose problème à ce point pour devoir choisir la voie la plus tortueuse pour résoudre la question ? (déjà posée à de multiples reprises par pétitions et sondages organisés par Bretagne Réunie et dont la réponse à chaque fois a été positive à plus de 70%).
Les élus bretons (tous n'étaient pas à Nantes) sauront-ils enfin faire preuve de courage et de pugnacité pour relayer suffisamment fort auprès de la Présidence une demande que leurs électeurs font depuis cinquante ans ? Y-a-t-il encore besoin de financer par les contribuables de Loire-Atlantique une étude «pour les éclairer sur la question» ? Pour nous une seule modalité s'impose : le décret.
Nous ne pouvons, par ailleurs, que regretter l'occultation du débat, pourtant annoncé pour cette journée, sur la métropolisation.
Métropolisation à laquelle nous nous opposons frontalement. Ce modèle d'aménagement officialisé en 2014 en réponse à la crise de 2008, entendait intégrer les territoires dans l'économie mondialisée. Était-il pertinent pour l'espace breton ? Comme l'a clairement démontré l'éminent géographe Yves LEBAHY** cette vision de l'organisation territoriale altère gravement la spécificité bretonne caractérisée par un réseau harmonieux et équilibré de villes-pays et de villes-ports.
A contrario la métropolisation entraîne une sur-consommation de l'espace naturel avec ses communes dortoir, la multiplication des ronds points, ses aires bétonnées consacrées aux grandes surfaces et aux services. Elle éloigne par ailleurs la décision de proximité et le mouvement de grogne des élus locaux en est un signe. Sous peu, l'Est de notre péninsule regroupera sur un axe Saint-Malo, Nantes près d'un million d'habitants tandis qu'à l'extrême ouest la sous-métropole de Brest se vaudra le pôle de référence pour 800 000 personnes. Le reste constituera un espace vidé de sa substance où deux à trois pôles urbains tenteront de freiner leur déclin.
Mais depuis quelques mois cette belle marche vers la métropolisation vient de buter sur un obstacle inattendu : la pandémie mondiale Covid 19. Ce sont les grandes agglomérations où s'entassent les populations, favorisant promiscuité et désordres sociaux, qui se trouvent en première ligne pour les taux d'infection et de mortalité avec de graves répercussions sur l'activité économique et sociale.
A l'opposé l'habitat dispersé a relativement épargné la population bretonne, des départements comme le Finistère ou les Côtes d'Armor rejoignant les bas niveaux épidémiques de la Norvège.
Encore une bonne raison pour préconiser le retour vers le polycentrisme maillé en perfectionnant le réseau relationnel entre ces villes-pays et ces villes-ports.
On voit donc que, aux côtés de toutes celles et de tout ceux qui s'opposent à la politique des métropoles en Bretagne, l'Alliance Fédéraliste Bretonne- Emglev Kevredel Breizh ne se situe dans le camp ni des ringards, ni des nostalgiques.
Les Bretons entendent être considérés, non plus comme de simples sujets manipulables à merci, mais comme les acteurs de leur destin pour une Bretagne intégrale en harmonie avec un cadre naturel équilibré.
Nul besoin de référendum, stop à la métropolisation.
Application du principe de libre association. Réorganisation de l'Espace Breton.
Voilà le message que nous adressons à tous nos élus.
«Tiern e bep Amzer»
Pour l'AFB-EKB,
Le président :
Docteur Jean Louis Le Mée
*Et non pas le rattachement comme écrit si souvent
**Défis pour la Bretagne – édition Skol Vreizh
■etc...
Cela en avançant l'argument éculé de l'intérêt publique et collectif de plus en plus vide de sens réel qui est régurgité régulièrement par des «représentants du peuple», souvent indignes de l'être !
Alors lorsque vous dites, écrivez que l'On ne peut pas modifier quoi que ce soit dans ce pays, même le plus merdique, ça aurait pu me faire sourire! Il suffit de le leur imposer! Simple non?