Ce serait une excellente chose que la tour de Bretagne à Nantes disparaisse

Chronique publié le 17/06/20 9:20 dans Patrimoine par Yann Choucq pour YC
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Photo France 3

Ce phallus (*), n’est aucunement symbolique de l’affirmation bretonne de la cité, et son édification dans les années 1970 pour clore l’espace fermant la Place de Bretagne (oeuvre de la reconstruction à la suite des bombardements de 1943) a eu pour conséquence d’écraser la ville dont le monument dominant était la cathédrale. Elle a engendré des dégradations graves voire la destruction de certains anciens hôtels du 18ème siècle qui bordaient les anciens quai d’Erdre comblés, devenus le Cours des 50 otages. Il n’a fait recevoir que le nom préexistant de la place qu’il bordait et qui symbolise bien plus l’appartenance bretonne de Nantes que cet édifice qui a coûté une fortune d’argent public. Dès lors que rapidement, les surfaces commerciales prévues à sa base n’ont jamais prospéré, que les copropriétaires privés des surfaces de bureaux ont rapidement pris la fuite compte tenu des charges prohibitives, que pendant des années elle n’a été occupée que pour moins de la moitié, et que l’essentiel des surfaces encore en service, sont occupées par des services publics, aux frais du contribuable, évidemment.

Sa destruction serait à mes yeux une oeuvre de salubrité publique, restaurant à la ville sa véritable image. Son seul intérêt aura été la vue depuis le dernier étage, car cette position était la seule d’où on le la voyait pas. Cette fonction de belvédère ne valait pas les fortunes qu’elle a coûté en construction, en entretien, étant précisé en indemnisations, et sa disparition engloutira encore une belle somme, ne serait-ce que pour le désamiantage, comme cela a été le cas lors de la destruction de son « petit frère » le Tripode de l’Ile Beaulieu, qui abritait une annexe du Ministère des Affaires Etrangères.

Si sa disparition provoque chez moi des larmes, elles seront de joie et non de chagrin. Il restera la Place de Bretagne au coeur de la Nantes reconstruite. Transformer la surface laissée vacante par un espace vert, et nous ferons oeuvre écologique utile. L’inauguration sera une belle fête bretonne !Les folies d’un promoteur qui auront été une gabegie aux frais du citoyen, nous pourrons l’évacuer sans peine de notre mémoire.

Yann Choucq

(*) le terme de « phallus » vient du Juge (au demeurant breton) qui présidait le Tribunal qui a eu à traiter de tous les procès en dédommagement causés par la construction. La salle où il siégeait avait une fenêtre qui donnait sur la Tour, et, lors d’une audience où venait plaider sa cause l’avocat parisien du promoteur, lorsque, selon l’usage, ce dernier s’est présenté au Juge, celui-ci a ostensiblement porté son regard vers cette fenêtre en disant : « Ah, Maître, c’est vous qui venez plaider pour ce phallus ! ». Le sobriquet est longtemps resté dans le monde judiciaire nantais.


Vos commentaires :
Mardi 7 mai 2024
@ à Madame Le Douarin :
Je crois que l'on ne parle pas du même sujet, vous me parlez «sanitaire» (et sur cette question nous sommes évidemment bien d'accord) et moi je vous parle d'architecture et d'appropriation d'un bâtiment dans l'inconscient collectif d'une population. Par ailleurs votre ton est assez gratuitement agressif.
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