Ne cachez plus la Bretagne, une lettre ouverte à France 2

Lettre ouverte publié le 14/04/20 10:53 dans Media et Internet par Marie-Josée Christien pour Spered Gouez / L\'esprit sauvage
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Spered Gouez a reçu cette lettre ouverte destinée à France 2, écrite avec beaucoup d'humour par Henri L’Helgoualc’h habitant à Plonévez-Porzay dans le Finistère. Nous la partageons bien volontiers.

Lettre à France 2, service météo (13/04/20)

Madame, Monsieur,

Aujourd’hui, le Covid-19 est l’ennemi numéro un. Cet adversaire impitoyable a pourtant quelques vertus, en particulier pour les Bretons. En effet, depuis que ce virus oblige au confinement, nos chères présentatrices-météo ont disparu de nos écrans. Auparavant, elles se tenaient à gauche de la carte de France, agitant élégamment les bras, en pointant le doigt sur les 12° de température à Strasbourg (car nos Alsaciens ignorent peut-être où ils logent sur l’hexagone), ou balayant de la main les nuages signalant d’abondantes chutes de neige sur les Alpes (puisque nos montagnards ne connaissent sans doute pas leur situation géographique). Et cette chorégraphie instructive, mais à mon avis superflue, avait pour conséquence de rendre invisible la péninsule armoricaine, obligeant les téléspectateurs du Penn ar bed (Bout du monde) à se tordre le cou, en espérant une accalmie au cours de cette gestuelle éducative afin d’entrevoir les prévisions atmosphériques sur notre région.

Je ne voudrais pas jeter la pierre à nos gracieuses informatrices dont les explications sont toujours suffisamment claires pour être comprises, comme à la radio, par un malvoyant. Et je reconnais qu’il n’est pas facile d’évoluer devant le petit écran. Permettez-moi quand même de leur donner quelques conseils pratiques afin de ne pas léser ces Bretons qui payent leur redevance comme tout le monde. Je n’irai pas jusqu’à leur demander de se rendre invisible et réduire ainsi leur intervention à l’usage de leurs cordes vocales, lorsqu’elles reprendront du service après la pandémie. Leur présence sur scène, si elle n’est pas indispensable, n’en est pas moins esthétiquement agréable. Alors, voici quelques pistes, au choix :

1- Rester constamment en dehors des limites du territoire car les Français n’ont pas besoin qu’on leur indique où ils habitent.

2- Se placer, un jour à gauche et le jour suivant à droite de la carte-météo, si vraiment il leur est impossible de ne pas bouger. Mais attention à nos amis Corses qui ne seront peut-être pas aussi patients et conciliants que nous.

3- Reprendre la vieille méthode qui a fait ses preuves chez les enseignants, à savoir la traditionnelle baguette qui permet de montrer aux élèves les lieux dont on parle tout en conservant intact, dans un but pédagogique, le référentiel national.

4- Utiliser les technologies qui permettent d’allumer l’un après l’autre les endroits nommés par les présentatrices, rendant ainsi caduques les gestes qui masquent.

Sachez que je ne suis pas le seul à me plaindre de ces problèmes, bénins mais agaçants. Les mouvements, instinctifs et compréhensibles mais inutiles, de ces dames gênent bon nombre de mes concitoyens qui, comme moi, ont déjà du mal à suivre la demi-douzaine de visuels-météo qui se succèdent à l’écran. C’est donc aussi en leur nom que je m’adresse à vous. Profitez de cette crise pour changer les habitudes et, s’il vous plaît, NE CACHEZ PLUS LA BRETAGNE !

Merci.

Henri L'Helgoualc'h


Vos commentaires :
Jeudi 2 mai 2024
Ah moi!! je n'ai pas ce problème... D'un accord tacite et avec un grand éclat de rire, ma compagne et moi-même avons décidé au même moment sans concertation ( car chacun dans sa petite tête semblait avoir la même idée salvatrice) d'éjecter la télé française...Qu'a t-on gagné à la Bretonne des jeux... Hé bien 900 euros déjà au bout de 6 ans ça compte... POUR ???? investir sur des livres en langue Bretonne mar plij!!! Et puis quoi encore... Une sorte de plénitude qui s'est petit à petit réinstallé dans nos cerveaux respectif , gwir eo bep a dammig eo deuet deomp ur blaz a frankiz en dro avec en ce qui me concerne un petit regard attendri sur mon adolescence libre et si heureuse à courir les champs, bois et rivières...je pouvais et je peux encore lire un nuage... sentir le vent frais... les ciels bas que l'on devine dans l'amoncellement de sirus mal dégrossi... le soleil rouge le matin... une carte météo sur papier...Et puis... le silence, pe mat! sans ces voix lancinantes qui rengainent la même litanie de l'excellence française... Et puis quoi? j'ai mis dehors les radiologues du cerveau ; tous ces animateurs des grandes ondes qui parlent pour nos amis parisiens mais qui connaissent si peu le plaisir de la terre ou celui de l'odeur pourri du goémon qui fait fuir nos touristes préférés... Et puis quoi? j'ai coupé court aux journaux français ... donneurs de leçons pour porter mon regard sur la culture de mon père... C'ui ci y's repli sur lui-même... Ne ran ket foutr gant-se! Da gentañ mais surtout je m'informe, vraiment... je vais voir mes voisins, je demande l'avis aux gens...à ceux qui non pas d'antenne j'entends. Vous savez, ces humains à qui l'on tente de donner des numéros et de fourguer des linky...Ceux qui savent la vie quoi!
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