Encore un jamais content pour refroidir l’atmosphère ? Je suis heureux du succès que remporte l’opération émojibzh, bien préparée et bien menée, qu’elle aboutisse à la victoire ou pas. On peut penser que c’est bien parti. Moi aussi j’y suis allé de mon émojibzh. Ce succès révèle l’étendue du désir de Bretagne dans cette société française marquée par une tendance lourde et dangereuse au nivellement qu’accentue encore la mondialisation. Toujours à l’affût de ce qui se passe dans la société civile, la région Bretagne y vu l’occasion de s’investir à peu de frais.
A la lumière de cette opération médiatique, je m’interroge sur le sens de notre identité bretonne, sur ce que nous voulons y mettre.
Hier encore, l’identité bretonne était toute imprégnée de religion, tellement imprégnée de catholicisme que ses partisans -de droite -la subordonnaient à la parole christique. Puis, la Bretagne s’est dégagée de l’emprise de la religion pour investir la modernité, les idées émancipatrices, et le socialisme. Mais on doit constater que la Bretagne a fini par se perdre encore. Elle a été réduite à un vulgaire moyen d’accès et de maintien au pouvoir au service des socialistes. Aujourd’hui, plus rien ne bouge en Bretagne tant les forces qui pourraient se mobiliser, se retrouvent noyautées par le PS. Là est notre triste réalité.
Toujours inféodée à d’autres finalités, notre vieille Bretagne en paye le prix lourd, le décrochage constant au niveau des fondamentaux de son identité -ce qui compte vraiment - : les langues en perdition faute de véritable politique linguistique, l’absence de transmission de l’histoire de notre peuple, l’incapacité juridique de décider d’elle-même, et la partition de son territoire.
Mais heureusement, nous aurons l’émoji ! je twitte mais avec mauvaise grâce. Car je sais que ceux qui devraient être les premiers défenseurs de la Bretagne en profitent pour se refaire une santé bretonne. Belle opération de communication pour ceux qui ont renoncé à la Bretagne et nous disent que tout va pour le mieux, que nous sommes sur le bon chemin pour sauver nos langues, lorsqu’un gamin de dix ans, chiffres en mains, leur rirait au nez.
Celui qui a renoncé à la cause qu’il est censé défendre, n’a plus qu’à divertir les esprits.
De quelle Bretagne voulons-nous ? D’une Bretagne qui voit voler en éclat sa société singulière, faite d’un socle culturel unifiant, d’un esprit d’entraide, de solidarité et de valeurs communes ? La Bretagne que l’on nous promet est celle du renoncement, de la désintégration progressive, des fractures françaises qui s’aggravent et menacent de tout emporter, d’un modèle d’intégration qui n’intègre plus personne et nous conduit au fond du précipice.
Alors twittons ! oui twittons ! Mais n’oublions pas l’essentiel et la responsabilité des hommes. Viendra le temps, je l’espère, où la Bretagne ne sera plus inféodée à d’autres fins, qu’elle existera enfin pour elle-même, en accord avec ses propres valeurs et pour le bonheur de ses habitants.
Yvon OLLIVIER
auteur
■Dr LE MEE
Dans un livre précédent (Où en sommes-nous ? - Une esquisse de l'histoire humaine, Seuil, 2017), l’auteur comme démographe fit part d’une belle découverte: une bonne part de la spécificité bretonne est une conséquence anthropologique des structures familiales, héritées du temps long (et même très lointain).
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Et bien c'est terminé, selon lui. Sur ce plan aussi, la Bretagne, même s'il ne la citait pas ce matin, rejoint la norme commune décelée dans la majeure partie de l’hexagone.
Ouzhpenn ar yezh, ar feiz, al ledenez, hag all zo. Dont a ra da vezañ frammoù ar familh e Breizh...boutin ivez!