L214 épingle à nouveau une porcherie dans le Finistère, des images choquantes

Chronique publié le 21/11/19 0:00 dans Agriculture par La rédaction pour ABP
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L'association 214 s'est à nouveau introduite (illégalement) en septembre 2019 dans un élevage de porcs du Finistère sur la commune de Dirinon et a produit des images choquantes des conditions dans cet élevage ansi qu'un rapport détaillé des infractions à la législation en cours.

L'élevage comporte plus de 5 000 cochons. Les images montrent des conditions de détention sordides : truies en cage, mutilations systématiques, animaux non soignés, cannibalisme, porcelets écrasés ou morts-nés, cadavres non ramassés. L'élevage de porcs en question est affilié à la coopérative agricole Triskalia, la première coopérative agricole en région Bretagne qui comprend 650 éleveurs de porcs produisant 1,5 million de porcs.

[[L214]], ou de son nom complet L214 éthique et animaux, est une association de défense des animaux, fondée en 2008. Elle enquête sur les conditions de vie des animaux dans les élevages (y compris transport et abattage) et la pêche. Opposée à l'élevage industriel, elle préconise un changement des habitudes de consommation, notamment alimentaire, vers une consommation moindre de produits animaux, voire une alimentation végane.

Un enfer concentrationnaire

Les truies vivent dans des cages d'un mètre carré chacune. Elles se blessent, se dévorent entre elles quand elles sortent de leurs cages. Elles mettent bas dans des conditions cruelles avec une mortalité des petits très élevée si l'on s'en tient aux photos rapportées par L214. Certaines truies adoptent des comportements bizarres et mordent les barreaux d'aciers un peu comme des humains enfermés qui se cogneraient la tête contre les murs. On voit des porcelets morts un peu partout dans le reportage et ils semblent sortir du bâtiment par brouettées entières. À la naissance les petits se prennent souvent les pattes dans les interstices du plancher appelé le caillebotis. Ils sont souvent écrasés pas les truies qui ne peuvent même pas voir leurs petits car elles ne peuvent pas se retourner.

Selon les militants de L214 qui ont pénétré dans les bâtiments, "Les locaux de l’élevage sont dans un état d’hygiène déplorable : enclos crasseux, accumulation de déjections, profusion de mouches, eau stagnante... Des cadavres jonchent le sol de l’élevage : des cochons de tout âge, adultes ou porcelets. Certains sont en état avancé de putréfaction, laissés dans les couloirs et même dans les enclos des cochons, au milieu des animaux vivants.".

L214 a observé la présence de nombreux antibiotiques utilisés apparemment pour soigner les plaies ouvertes et contre les maladies infectieuses et des produits contre les inflammations et pour la désinfection. Des hormones de croissance seraient également utilisées (voir les photos).

L214 indique vouloir porter plainte pour mauvais traitement et sévices graves sur animaux auprès du procureur de la République de Brest.

Alors que les truies reproductrices « produisaient » 16 porcelets par an en 1970, elles en donnent aujourd’hui 29. Pour parvenir à de tels chiffres, les porcelets sont sevrés toujours plus tôt et l’intervalle entre le sevrage et la nouvelle saillie est sans cesse réduit. Les truies, épuisées, sont envoyées à l’abattoir à l’âge de 33 mois. Les cochons à l’engraissement grossissent eux aussi toujours plus vite : ils mettent aujourd’hui 165 jours pour atteindre le poids de 100 kg, alors qu’il en fallait 200 en 1970._voir l'enquête de L214

Un appel de Yann Arthus-Bertrand

Si 95% des élevages de porcs en France sont des élevages industriels de ce type, tous heureusement ne présentent pas de telles conditions de maltraitance. L214 a mis le doigt sur un élevage particulièrement mal géré. Il a pu s'agir d'un manque de personnel car beaucoup refusent de travailler dans ces élevages à cause des vapeurs d'ammoniac, des mouches, et d'un air irrespirable sans parler du confinement et des lumières artificielles.

Des actions sont prévues à la faveur des élections municipales en mars 2020. [[Yann Arthus-Bertrand]] a accepté d'être le porte-parole d'un appel qui demande aux candidats des prochaines élections municipales de s’engager à écarter la viande et autres produits animaux issus des élevages intensifs de la commande publique, notamment des cantines scolaires, et à augmenter la fréquence des repas sans viande.

L214 rappelle que dans un sondage mené les 12 et 13 novembre 2019 par l’IFOP à la demande de L214, 73 % des Français sont favorables à ce que la viande, les œufs, les laitages et le poisson issus de l’élevage intensif soient exclus de la commande publique (cantines scolaires, restauration collective…).

Espoirs et menaces

Dans la vidéo produite par L214, Yann Arthus Bertrand dénonce aussi la situation des éleveurs dont un tiers ne toucheraient que 350 euros par mois. Ces chiffres de 2017 ne reflètent pas la situation de 2019 car le prix de vente du kilo de porc a fortement augmenté suite à la peste porcine qui sévit en Chine. Le prix de vente pour l'éleveur était de 1,370 euro en 2017 alors qu'il est aujourd'hui à 1,68 euro le kilo (voir notre article). On ne peut qu'espérer qu'avec ces revenus plus substantiels, les éleveurs vont pouvoir rembourser leurs dettes et moderniser les installations, voire passer à 1,5m2 par animal en litière d'allaitement comme il est aujourd'hui recommandé.

La question que tout le mode se pose après avoir vu certaines de ces images : si on ne sort pas certaines porcheries de cette situation, l'apparition de la [[peste porcine]] en Bretagne est-elle quasi inévitable ? Un désastre en perspective ! et qui ira bien au-delà du bien-être animal puisqu'il faudra abattre 18 millions de porcs rien qu'en Bretagne. Pour rappel on a abattu 12 millions de porcs en 1997 en Allemagne et en Hollande à cause de la peste porcine.


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Mardi 7 mai 2024
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