Catalogne/Espagne Du blocage au blocus : il faut rétablir le dialogue Entre le 28 avril et le 10

Chronique publié le 12/11/19 15:54 dans par pour
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Dans les rues de Barcelone

Entre le 28 avril et le 10 novembre, deux élections législatives ont eu lieu dans une Espagne devenue ingouvernable, qui paye ainsi les conséquences de son aveuglement étatique dans le dossier catalan. La crise ne peut que s’aggraver, et l’Europe devra obligatoirement s’en mêler !

Le blocage politique s’est manifesté après les élections du 28 avril par l’impossibilité de former un gouvernement. La gauche espagnole, PSOE et Podemos, auraient pu gouverner ensemble, mais cela mettait les élus nationalistes catalans et basques en situation d’arbitres, tandis que Podemos restait sur sa position en faveur de l’organisation d’un referendum officiel pour sortir de la crise politique qui secoue la Catalogne.

Pedro Sanchez, poussé par une opinion espagnole chauffée à blanc par le procès politique de Madrid, a refusé cette option. Il a préféré convoquer de nouvelles élections et rechercher un autre scénario pour des alliances, notamment avec les « macronistes » de Ciutadanos. Mais l’opération lui a échappé, le parti d’extrême droite Vox a pris les voix de Ciutadanos qui a divisé le nombre de ses députés par cinq, et il se retrouve dans une situation encore plus bloquée politiquement.

Car en Catalogne, la situation reste la même. Les partis indépendantistes ont même gagné un député avec l’entrée de la CUP dans la répartition des sièges : 13 députés ERC, 8 JxCat et 2 CUP désormais, contre 15 ERC et 7 JxCat dans le précédent Parlement. La droite espagnoliste tombe à 6 sièges (2 PP, 2 Vox et 2 Ciutadan’s)

Le pôle « autonomisto-indépendantiste » a aussi gagné deux sièges au Pays Basque : PNV 7 (+1) et EH-Bildu 5 (+1) ; et un siège en Galice où BNG obtient un député, confirmant son retour après avoir été affaibli par des scissions internes. Ce pôle d’une quarantaine de députés (sur 353) empêche la droite comme la gauche d’avoir une majorité absolue.

Pour la gauche espagnole, l’hypothèse d’une « grande coalition » à l’allemande avec le Partido Popular se heurte à l’obstacle de la nature très franquiste de ce parti, dérive qui s’est manifestée ces dernières semaines dans l’affaire de la fermeture du mausolée de Franco construit sous la dictature. Et le Partido Popular, concurrencé par l’extrême-droite de Vox, ne pourra rien lâcher sur ce plan.

Aussi, Pedro Sanchez a d’ores et déjà rejeté cette option. Il recherche une majorité avec Podemos et une partie du pôle « autonomiste », ce qui apparaît impossible sans initier un dialogue sur la Catalogne.

Car, en consolidant ses résultats électoraux en Catalogne, le mouvement indépendantiste a fait l’essentiel. Il a montré que la répression démesurée de l’Etat espagnol, désormais symbolisée par les condamnations extravagantes jusqu’à 13 années de prison des dirigeants élus catalans, n’avait pas affecté son poids politique. D’autant qu’en Catalogne les forces de la droite espagnoliste régressent, Vox échoue dans son implantation, tandis que Ciutadan’s perd plus de la moitié de ses voix.

A l’annonce des résultats, la mobilisation catalane a repris de plus belle avec le blocage à la frontière organisé en quelques heures via internet par une sorte d’« organisation démocratique secrète », Tsunamidemocratic de l’autoroute qui relie l’Espagne au reste de l’Europe. Ces actions « coup de poing » vont se multiplier. Elles mettent la pression sur l’économie espagnole et généralisent le mouvement de désobéissance civile prôné par les puissantes associations catalanes qui ont fait de la demande de libération des prisonniers politiques catalans leur revendication centrale.

Blocage politique en Espagne, blocus économique en Catalogne, on ne pourra sortir de cette impasse sans rétablir un dialogue auquel l’Europe devra contribuer.

Ce communiqué est paru sur Le blog de François Alfonsi


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