11 NOVEMBRE : RECHERCHE MAIRES BRETONS ICONOCLASTES
Depuis quelques années, en Alsace-Moselle, certains maires - ils sont très peu nombreux - organisent, le 11 novembre, les traditionnelles commémorations de l'armistice mettant fin à la guerre de 14-18. Ce jour-là, ces maires rendent hommage aux 50 000 soldats alsaciens et mosellans tombés en défendant leur patrie d'alors, l'Allemagne. Soucieuse d'amplifier ce très timide mouvement, une association vient d'envoyer une lettre aux maires des trois départements concernés, leur demandant «d'organiser dans leurs communes respectives une commémoration du 11 novembre digne, honnête et respectueuse de l'histoire.» Demande courageuse, qui irait complètement à l'encontre de la doxa rabâchée depuis un siècle par l'histoire officielle à la française, à savoir que les Alsaciens-Mosellans auraient été rétifs à servir dans l'armée allemande. Des études historiques sérieuses seraient peut-être à mener de ce côté-là. En Bretagne, bien sûr, la question ne s'est même pas posée en août 1914. La Bretagne étant territoire français, les Bretons étaient priés d'aller se faire hacher menu au nom de la défense de la patrie. Et pourtant... Combien se sont fait tuer stupidement parce qu'ils ne comprenaient pas les ordres qu'on leur donnait, puisqu'ils ne parlaient que le breton ? Et quel mépris à leur encontre, à l'image du général Robert Georges Nivelle, commandant en chef des armées françaises en 1916-1917, lequel déclarait, aux soirs des assauts au Chemin des Dames, «mais qu'est que j'en ai consommé (sic), des Bretons aujourd'hui!» Alors, messieurs les maires de Bretagne, peut-être, en lieu et place des "Madelon, viens nous servir à boire!' chanté en ce jour du 11 novembre, peut-être un mot, un petit mot, pour remettre certaines choses en place, en vous éloignant un peu des discours officiels et bien cadrés que vous êtes priés de prononcer ce jour-là.
Michel LE TALLEC
■Où l'on pourra notamment lire : «Sur le plan linguistique, l’Alsace-Lorraine de 1914 était germanophone à 87%. On parlait surtout les dialectes alémanique ou francique, à l’instar de nos voisins badois, palatins ou sarrois. On lisait et on priait en allemand standard (Hochdeutsch), ce qui était déjà le cas dans l’Alsace française d’avant 1871. Les francophones vivaient surtout en Lorraine, ainsi que dans des vallées alsaciennes et quelques communes du Sundgau. Des liens avec la France existaient, dans la bourgeoisie ou dans des familles pourvoyeuses de bonnes, mais quasiment aucun Alsacien-Lorrain ne se sentait Français en 1914.»
Cordialement,
Dr Eric Ettwiller
agrégé d'histoire
président d'Unsri Gschìcht