C'est sous un soleil radieux, plus de 25°, une mer bleue azur, et une immense plage de sable fin à marée basse dénommée Traez Bellec, que se sont rassemblées à Terruc / Telgruc environ 500 personnes venues pour marquer leur désapprobation devant la francisation des noms de lieux et de rues dans la partie historiquement brittophone de Bretagne.
Pique-nique, ambiance festive, familiale même, assis sur les galets ou directement sur le sable, les manifestants, presque tous bretonnants, mais pas que, répondaient à l'appel lancé par l'association Kevre Breizh, l'association EOST de Telgruc, et le collectif des artistes et universitaires opposés à la destruction d'un héritage toponymique précieux, faisant partie de l'identité bretonne (voir notre article).
Beaucoup des défenseurs de longue date de la langue bretonne comme Yann-Ber Kemener, Nolwenn Korbell, Lena et Tangi Louarn, Paolig Combot, Alan Ar Gal , Yvon Ollivier, André Lavanant, Patrig An Habask, Jacques-Yves Le Touze, Gweltaz Ar Fur, Rozenn Milin ou Yann Choucq, pour n'en citer que quelques-uns, avaient fait le déplacement pour se mêler aux familles de cette commune du Finistère d'un peu plus de 2100 habitants, eux aussi concernés par l'abandon de la toponymie bretonne.
Pour Nolwenn Korbell, vivre sur cette terre bretonne baignée de ces noms bretons de champs, de rivières, de lieux-dits, c'est côtoyer nos ancêtres, c'est continuer de vivre avec eux : «quand je vois tous ces noms écrits, je ne vois pas que des mots écrits sur des panneaux, mais je vois aussi des gens derrière, je vois ces gens là et ils sont là à côté de moi, avec moi et c'est une autre manière de les faire continuer à vivre. Si on enlève ça, si on détruit ça, ces mots-là, ces appellations-là, on leur inflige une deuxième mort à ces gens et ça nous inflige à nous une première mort avant notre mort corporelle, qui est la mort de notre identité, de notre langue et de notre culture», a-t-elle déclaré lors de sa prise de parole.
M. le Maire, Dominique Pennec, n'avait certainement pas imaginé ce tumulte quand, lui et son conseil municipal, décidèrent de baptiser une vingtaine de rues d'un nouveau quartier résidentiel de «noms d'oiseaux» genre «rue des Pélicans», ou «rue de l'Albatros», en ignorant totalement le cadastre et une toponymie bretonne qui peut dans certains cas être vieille de 1500 ans ! Lui-même a fait depuis l'objet de noms d'oiseaux, et des tags ont été postés sur les murs de la mairie. Le maire n'aurait pas écouté les conseils de l'association EOST menée par Yann-Ber Kemener, un collectif qui demande depuis 20 ans le respect de la toponymie bretonne. Lors de sa prise de parole cet après-midi, ironiquement, Paolig Combot, a suggéré au maire de nommer une des rues Yann-Ber Kemener pour tout le travail qu'il a accompli en défense de la langue bretonne !
Le maire aurait invité Tangi Louarn de Kevre Breizh et Yann-Ber Kemener pour une franche discussion, a-t-on appris.
Il faut que les maires comprennent qu'ils sont des élus, qu'ils ont une légitimité, que les conseils municipaux ont un pouvoir, et qu'ils ne sont pas au garde-à-vous devant l'autorité administrative qui leur donnerait tel ou tel bon conseil ou telle ou telle injonction. C'est la liberté des citoyens qui doit être affirmée par cette démarche de dire arrêtons la débretonnisation__Yann Choucq
La PQR a publié plusieurs articles sur le sujet. TF1 est venu interviewver le maire pour le JT de 13 heures de vendredi. France-Culture arrive en début de semaine prochaine, le reportage serait diffusé mercredi matin à 7:24.
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