Le MoDem souhaite rappeler ses convictions profondes de soutien des langues régionales et sa volonté de faire progresser leur usage dans la vie publique d'aujourd'hui.
Suite à la récente polémique sur les dénominations des rues de certaines communes en Bretagne, le MoDem tient à rappeler que toutes les communes qui le souhaitent de Ouessant à Guérande peuvent affirmer la spécificité de la toponymie bretonne, le bilinguisme breton-français ou gallo-français-breton.
Pour préciser les faits, contrairement à ce que laisse entendre la controverse, il est utile de noter que la commune de Telgruc-sur-mer n’a pas supprimé des noms bretons pour les remplacer par des noms français mais a simplement créé de nouvelles rues avec des dénominations unilingues. Cette démarche à Telgruc-sur-mer et dans d’autres communes, hors des engagements du Parc naturel d’Armorique dans lequel elles se situent, ne répond cependant pas à la philosophie du Mouvement Démocrate du Finistère.
Nous souhaitons rappeler notre attachement profond et permanent à la défense des spécificités des territoires et en premier lieu à la culture bretonne. Le Mouvement démocrate est également favorable à une grande décentralisation dans le respect des identités régionales et à une relation de confiance entre les collectivités locales et les citoyens.
S’engager pour la langue bretonne
En premier lieu, nous invitons les élus à intégrer les différents niveaux de la charte Ya d’ar brezhoneg proposé par l’Office de la langue bretonne dans les démarches de leurs communes à l'occasion de ces prochaines élections municipales de 2020 et à s’appuyer sur celle-ci pour travailler au quotidien sur la valorisation de notre patrimoine.
La concertation avec la population, les services et les élus est la clé du succès. Nous conseillons la mise en place de commissions extra-communales et intercommunales pour travailler sur la toponymie locale.
Pour la création de nouvelles rues ou de nouveaux équipements publics, nous recommandons le respect de la toponymie, la mise en valeur de personnalités locales, et affirmons que les plaques de rues mettant en avant un bilinguisme apportent de la valeur ajoutée à la commune et de la fierté à ses habitants.
Le Maire de Telgruc-sur-mer a par ailleurs signalé qu’il proposera au Conseil municipal de sa commune, l'installation de plaques bilingues.
Il est essentiel de noter que les nouvelles normes d’adressage ne remettent pas en cause la spécificité de notre territoire et doivent s’appliquer avec finesse. Sur les noms existants, tout en respectant la nouvelle norme, le breton doit être défendu et conservé.
Se rassembler pour un combat collectif
Les élu.e.s ont aujourd’hui un travail difficile avec le respect des normes nationales et européennes et une surcharge de missions transférées par l’État. Ils ont très souvent besoin d’être soutenus et conseillés avec l'aide des associations et les citoyens pour mener à bien leurs missions.
Nous regrettons les manifestations violentes sur cette question et espérons que l'apaisement soit au prochain rendez-vous de Telgruc-sur-mer dans l'intérêt de tous.
La Bretagne dispose d'un patrimoine linguistique qui s'appuie sur trois langues pratiquées : le breton, le gallo et le français dont l'expression est garantie par l'article 75 de la Constitution de la Ve République. La langue bretonne mérite un soutien plus appuyé de la part des mairies et intercommunalités car sa disparition de la sphère publique serait un très mauvais symbole pour l'avenir.
Afnor : L’Association française de normalisation est l'organisation française qui représente la France auprès de l'Organisation internationale de normalisation (ISO) et du Comité européen de normalisation (CEN).
■Il ne s'agit plus d'intentions ou de discours creux mais d'une action délibérée , la région Bretagne administrative et le département de la Loire-Atlantique doivent s'y coller . Nous ne demandons pas l'aumone mais un plan structuré et un temps long permettant à ceux qui le veulent d'apprendre , d'étudier sans obstacle la langue et assurer son développement . Par contre il est du devoir des communes de maintenir le patrimoine linguistique en tout lieu . Les Breton(ne)s ne doivent faire aucune concession sur le sujet . NON à la débretonnisation ! Aman ez eus koll-sont!
Ce sont les seuls noms de lieu en breton que nous voulons, ceux qui ont été légués par les générations précédentes. Et écrits dans une orthographe respectueuse par-dessus le marché. Le français n'a pas sa place là, pas question de «bilinguisme».
Si le maire veut faire encore plus moderne qu'il traduise «Impasse» par la version UK beaucoup plus ouverte sur le monde.
«Cul-de-sac des Pélicans»
Profitons en pour jeter un coup d’œil au dictionnaire (teurel ur sell ouzh ar geriadur). Ce sera très instructif sur la capacité du breton, aussi méthodique que géniale, à créer du vocabulaire à partir d’un mot-racine (et donc à aider la pensée à s’exprimer) :
. « broen » (substantif , terme collectif) : jonc, joncs D’où « broenn » : un jonc (tous les termes avec suffixe «-enn » sont féminins). Facile dans ce cas de figure de connaitre le genre du mot !
. « broena » (verbe) : ramasser du jonc. Verbe construit sur la racine « broen » (ci-dessus). La finale « -a » permet de construire le verbe exprimant une action de ramassage. La syntaxe bretonne ouvre ainsi la porte à la créativité, s’il se trouvait besoin de créer de nouveaux verbes, par analogie.
. « broeneg » (substantif) : jonchère. Substantif (reconnaissable au suffixe «-eg »), construit sur la racine « broen » (ci-dessus). Attention , «g » dur en finale (prononcé comme un « k », mais qui prépare d’autres possibilités… dans ce jeu de meccano du vocabulaire breton).
. « broenek » (adjectif) : plein de joncs. Adjectif (reconnaissable au suffixe «-ek »), construit sur la racine « broen » (ci-dessus).
Et encore :
. « broen-mor » (substantif, terme collectif) : jonc marin. D’où « broenn-vor », un jonc marin (le substantif avec terminaison en «-enn », donc féminin, provoque une mutation douce à sa suite : « mor » devient « vor »). Où l’on voit que, dans sa syntaxe, la langue bretonne associe féminité et douceur. Pas mal, non ?
Et voilà pourquoi en breton, il n’est pas difficile de créer du vocabulaire. Le diffuser est autre chose, mais c’est aussi un autre sujet.
Ha n’eo ket ur blijadur ober gant ar brezhoneg?
Notenn : hervez geriadur Al Liamm (2014), pajennad 119
Nous sommes très favorables pour développer des actions dans ce sens. Il serait judicieux d'organiser une convention sur le sujet qui rassemblerait tous les acteurs associatifs et politiques de Bretagne pour définir un plan d'actions pour l'avenir. Nous allons avancer dans ce sens avec mes collègues et notamment Isabelle Le Bal.