En principe, tout était ficelé (inscription d’Hennebont comme pôle bilingue par le rectorat dès 2017, décisions et avis du printemps 2019 : janvier et 25 juin) pour la rentrée de septembre 2019 .une filière bilingue ouvrirait au collège Paul Langevin, de la ville, permettant d’assurer la continuité pour les élèves issus de la filière bilingue du primaire. Au programme : une (petite) partie de l’enseignement en breton à hauteur de 8 heures hebdo. Pas la mer à boire ! Et pourtant, le 5 juillet 2019 changement de posture de l’administration ! Neuze, petra zo c’hoarvezet ? Que s’est-il passé ?
Le maire d’Hennebont et Vice-Président de Lorient Agglomération, André Hartereau, soutenu par la société civile (associations), la sphère politique (Paul Molac, député bien connu en Morbihan pour son engagement en faveur de la filière bilingue, et bretonnant lui-même, mais également d’autres personnalités politiques : sénateurs, député, maire), et bien sûr l'Office de la Langue Bretonne / Ofis ar Brezhoneg, vient d’écrire au Rectorat (lettre en date du 9 juillet) pour demander que soit maintenue l’ouverture en septembre 2019, pour les cinq élèves concernés pour cette première année.
Rappelons qu’Hennebont - e brezhoneg: Henbont ou encore an Henbont (comme sur les panneaux de la gare SNCF) - , située dans le fond de la rade de Lorient, possède une culture très enracinée. Certainement l’une des plus anciennes villes de Bretagne, ainsi qu’en atteste le nom de la ville: « henn » en vieux-breton signifie « ancien », la position de l'adjectif en avant du nom, rare en breton, renforce l'importance du qualificatif. C’est donc à un pont ou passage très ancien sur le Blavet, véritable obstacle naturel, sur la voie côtière entre Nantes et Quimper, que la ville doit son nom.
Le Blavet, l’un des principaux fleuves côtiers en Bretagne, qui borde la commune et traverse le centre-ville, possède un double visage, la césure se faisant à l’écluse de Polvern (sans doute, Poull Wern): eau douce à l’amont (intérieur des terres), eau salée et marée à l’aval (zone d’estran). Autant dire que la topographie, mais aussi l’histoire, à plusieurs reprises tumultueuse et douloureuse (épisode de Jehanne La Flamme en 1342, grande peste en 1514 avec la construction d’une église devenue Basilique « N-D du Paradis » / Bazilikenn « I-V ar Baradoz », affrontements blindés en 1944, autour de la poche de Lorient : la ville est détruite à 70%), font d’Hennebont une ville de passage, de limite, de résistance et d’initiative. Ici, les siècles et le territoire ont appris ce que signifie avoir les pieds dans deux environnements différents.
Une filière breton / français est donc parfaitement emblématique de ce qu’est la ville, et en pleine cohérence avec son futur. Un futur enraciné. La langue bretonne n’est pas seulement un très bel outil intellectuel, permettant d’exprimer la pensée différemment (de la langue dominante), c’est aussi un incomparable moyen de reconstruire le chaînage du temps, si souvent abîmé.
Da heul ar skolidi e vo ret kinnig un hentenn zivyezhek d’ar skolajidi. Les écoliers du primaire ont à la fois le droit et le besoin de poursuivre en scolarité bilingue à l’échelon du collège.
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Evit gouzout hirroc’h /pour en savoir plus :
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. Le Télégramme : (article 11 juillet 2019)
. également un article dans OF, mais en accès limité (hélas !)
. Hennebont.bzh: (site de la ville)
. Jehanne La Flamme : (article OF)
. Basilique ND Paradis (histoire)
. Août 1944 : (histoire)
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MAJ 14/07/2019 et 15/07/2019 quelques retouches
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