Musée de la pêche de Concarneau : innovations, transmissions et non-transmissions

Chronique publié le 30/06/19 9:45 dans Culture par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Affiche
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La salle découverte

L'historien et mythologue Jean-Pierre le Mat expliquait lors d'une conférence sur l'éducation que nos enfants connaissaient les types de requins, les lions et les éléphants mais ne connaissaient pas la difference entre une mouette et un goéland, entre un genêt et un ajonc, ou entre une sole et une limande. Le problème de l'éducation aujourd'hui n'est pas tant dans les méthodes mais dans les contenus. Sous couvert d'universalisme, elle a perdu sa dimension locale, on pourrait presque dire : sa dimension humaine. On n'enseigne plus la flore, la faune et la langue du pays, de l'espace immédiat de l'enfant.

Les «circuits courts» de l'éducation doivent être réinventés

Si un enfant est né à Concarneau, ses grands-parents ont probablement pratiqué la pêche à la sardine ou la pêche hauturière et ceux-ci connaissaient la mer comme leurs poches. Une autre culture mais pas moindre que les autres. Les anciens connaissaient une vingtaine de noms différents pour ce qu'un enfant d'aujourd'hui appelle une ficelle. Ils savaient faire en moins de deux une vingtaine de noeuds alors que son petit-fils ou arrière petit-fils ne connait que celui pour lacer ses chaussures. Ils savaient prédire le temps sans météo juste en regardant la direction du vent à la tombée de la nuit. Ils savaient par exemple qu'un suroît à la tombée du jour c'était une dépression qui arrivait, et ils ne prévoyaient pas de sortir en mer le lendemain. Tout un savoir oral souvent sous forme de dictons en voie de disparition.

Le carré des mousses

C'est dans cet esprit que le musée de la pêche de Concarneau a inauguré une «Salle découverte» destinée aux enfants. Oui, les méthodes sont aussi là innovatives car il s'agit de modules interactifs afin que les enfants puissent mettre la main à la pâte, se mouiller en quelque sorte. Tout le contraire des autres salles ou tout est en vitrine avec ce sentiment d'inaccessibilité que l'enfant perçoit aussi devant un magasin de jouets.

Ce «carré des mousses» comprend sept modules autour des activités de pêche en mer et à terre. Les modules abordent aussi la problématique de la préservation des ressources.« Cap sur le port » est une activité qui initie aux éléments de signalisation : feux, balises, amers, car dans un port, ils sont indispensables à l’orientation des marins-pêcheurs. « Qui pêche quoi ? » est un jeu de correspondances entre le bateau, le poisson et l’outil dont l’objectif est de faire découvrir la diversité des pêches actuelles à Concarneau. « De l’océan à l’assiette » permet aux plus jeunes de découvrir le parcours du poisson depuis l’océan jusqu’à sa consommation. Les modules abordent aussi la problématique de la préservation des ressources. Un autre stand plus pratique avec video permet aux jeunes de s'initier au matelotage : noeud de chaise, noeud de jambes de chien ou noeud de huit. Les «bouts» sont là à portée des mains...

Pas de place pour le breton

Les explications sont en français et en anglais et on regrettera l'absence du breton qui aurait été tellement approprié pour les enfants en écoles bilingues dont les grands-parents parlaient justement breton entre-eux au travail sur le pont des bateaux. La réponse de la responsable est désarmante: «nous n'avions pas assez de place». Le message est toujours le même: «il n'y a plus de place pour la langue bretonne». Tout espoir n'est cependant pas perdu puisque le musée de Pont-Aven a introduit des casques audio guides en breton, et ces deux musées sont sous la même direction de la communauté d'agglomérations de Concarneau.

Le Marche Avec

Une autre innovation du musée est une collaboration de plus en plus visible avec l'ancien sardinier toilé Le Marche Avec . Un cotre qui date de 1920, propriété de la ville de Concarneau, mais qui est entretenu et équipé par l'association des Amis du Marche Avec et son président Pascal Tocquec. L'asso offre des sorties en mer participatives par tirage au sort dans le cadre de la visite du musée. Le cotre pourrait bientôt trouver sa place d'amarrage à côté de l'Hémérica, le chalutier qui fait partie de la visite du musée.

Pratique

Musée de la Pêche – 3, rue Vauban en Ville-close de Concarneau Tél : 02.98.97.10.20 / Fax : 02.98.50.79.78 / E-mail : museepeche at cca.bzh – Le site Web


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