Le 1er CD d' O' TRIDAL - "Karrdi Sessions

Chronique publié le 8/05/19 10:05 dans musique par Gérard Simon pour Gérard Simon
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Jaquette du CD d' O' TRIDAL - Karrdi sessions
O' TRIDAL - "Maskl an Davarn" - Extrait du CD "Karrdi Sessions" de 01:01. CD O' TRIDAL - Karrdi sessions

Ils sont, tous trois, quimpérois.

Ils sont, tous trois, membres de bagadoù… quimpérois !

Ils ont, tous trois, formé, il y a plus de deux ans… O’TRIDAL et mis à profit cette période d’épanouissement pour concevoir et peaufiner ce premier album, dénommé « Karrdi Sessions », enregistré, bien évidemment… à Quimper !

Issus du Bagad Penhars, nous avons le plaisir de vous présenter :

- Aux guitares, bouzouki, lap steel, basse, Thibault NIOBE,

- Aux percussions du monde et à la batterie, Kentin JUILLARD.

Sonnant au sein du Bagad Kemper, ici,

- A la flûte traversière en bois, cornemuse écossaise, duduk, synthétiseur FX, Yeltaz GUENNEAU.

C’est sous le renommé et découvreur label concarnois, PAKER Prod, distribué par COOP BREIZH, que vous seront révélés les 11 titres qui composent ce prime opus, avec des compositions et des airs traditionnels enracinés en Bretagne, mais emmenés de mains de maîtres dans les sphères de la World Music par des arrangements originaux aux couleurs exotiques, tous, collectivement signés : O’TRIDAL !

Au travers d’andro, circassien, reels, valse, ronds de Saint-Vincent, polka, ce programme, de plus de 57 minutes, vous propose, vous le constatez par ses appellations, un répertoire de fest-noz, mais, aussi, par le truchement de balade, mélodie, chants, des pièces à écouter, l’ensemble, judicieusement épicé de sonorités de rock, de blues, de jazz, de funk qui, pour ce qui est de la danse, respectent, pleinement, ses codes.

Figurant, à deux reprises, parmi les majoritaires instrumentaux, nous venons d évoquer, aussi, le chant, cette expression vocale incarnée, ici, par Lors LANDAT avec qui O’TRIDAL partage, souvent, la scène et le répertoire, par le jeu d'une formation élargie, dénommée, O'TRIDAL Braz Band, de surcroît renforcée par deux sonneurs de cornemuses et d’un bassiste issus du Bagad KEMER.

C’est ainsi que, dans les invités, nous retrouvons Guillaume LE BOURC’H, à la guitare basse, puis Florent BERGERON et Davy MENGEARD, à la cornemuse écossaise.

Les toutes premières notes du disque vous interpellent, immédiatement.

Un virulent coup électrisé de guitare et cymbale, des frappes martelées en frénétiques roulement de percussions, une cristalline guitare qui se fraye un chemin parmi les effets Fx et les cris déchirés de la flûte traversière en bois, voici une entrée en matière bien contemporaine. Un court suspens… puis la transe de la danse prend le pas avec un andro que le groupe a nommé : « Temple Tuk (10-10) » et sous, titré « Errance d’un tuk tuk dans la nuit dublinoise ».

D’entrée, le son « O’TRIDAL » s’expose, s’impose, explose !

Le second titre, le cercle circassien « Mask an Davarn » confirme, de plus belle, le côté indiscutablement dansant que le trio veut insufler à sa musique !

Les percussions se déchaînent, la flûte, comme un fascinant reptile s’enroule dans leur solide et effréné tempo, la guitare, amplifie l’infernale chevauchée qui redouble jusqu’au final.

Cela fait, déjà dix minutes que vous êtes entraînés dans un tourbillon où rythmes et mélodies s’épousent en plein accord. C’est, assez époustouflant… et le mot est juste !

Il est, déjà, temps que la tension retombe, un peu !

C’est l’autre facette stylistique décrite dans les premières lignes de notre chronique, puisque mélodie et balade se font, à présent, entendre.

En plage 4, dans sa partie « mélodie », « Bag Pondaen », propose une superbe association, fusion, cornemuses et guitare électrique, sur une rythmique bien claquante servies par une belle mise en place dans l’espace sonore assortie d’un excellent mixage qui permettent de conjuguer puissance, subtilité et parfaite distinction des plans. C’est rock, mais suffisamment apaisé, retenu, pour que l’on se laisse envahir, porter, avant qu’une franche césure, marque le début de la partie reel du morceau.

La guitare électro-acoustique reprend, alors, ses droits et la cornemuse virevolte avec une experte vélocité, le tout, dans un crescendo, ô combien rythmé !

La pause, précédemment, annoncée, aura été de courte durée, mais les deux pans de cette proposition musicale sont, vraiment très réussis et démontrent les multiples talents des musiciens en présence.

C’est le 4ème titre « Iskiss » qui… esquissera, véritablement, un instant plus planant avec une bien jolie mélodie silhouettée par un très beau motif introductif de guitare électroacoustique, puis dessinée, en pleins et déliés, à la flûte traversière, sur une trame de percussions, bien que fort présentes, plus mesurées. Le groove jazzy s’empare du morceau, lorsque la guitare électrique rejoint la flûte improvisatrice.

Mais, déjà, la danse reprend ses droits avec la valse « Vefa-Liza qui « s’enjazze », progressivement.

En piste 6, sur « Hent ar C’halon », une mélodie chantée, Lors LANDAT vient poser sa tonique voix qui valorise un texte écrit de sa main sur un thème d’origine Yeniche, groupe ethnique semi-nomade d'Europe.

La flûte de Yeltaz, vient, quasiment, répondre au chanteur.

Les effets de chœurs apportent une volumique présence à cette très esthétique séquence.

Puis les guitares électriques grondent, rugissent, vrombissent sur « Tatanka », ronds de Saint-Vincent, la flûte gardant, magnifiquement la prédominance. Un pont rythmique, agrémenté d’effets, maintient la transe jusqu’à son éclat final.

Les trois musiciens invités, susnommés en début de chronique, interviennent, alors, sur « Pibhakerdenn », suite de jig et reel. Quelle énergie !

La guitare électrique « riffe à fond », la flûte hausse le ton. Là, encore, l’excellent mixage, permet de tout entendre.

Piste 9, suit une nouvelle pause, dans cette « caDANSE » omniprésente, avec une très jolie plage « Blue Lagaon Meloya ». Flûte et guitare « bluesent » un instant magique. Une nouvelle fois, en deux tableaux, O’TRIDAL fait voir l’étendue de sa palette expressive.

A écouter et réécouter… C’est, pour notre part, ce que nous avons fait, avec un croissant plaisir de découverte.

« Kemperceili » apparaît, en 10ème position, presque comme la conclusion du programme à danser, sous les traits d’une polka galopante, frétillante, pétillante, peut-être, le morceau le plus, évidemment, festif du CD. Mais avec l’arrivée, en deuxième partie, des guitares, celles-ci donnent du corps, de l’épaisseur à l’apparente prime légèreté.

Après ce qui pourrait être le quasi terme musical de ces sessions, vient, en fait, comme un envoi, le dernier morceau :

« Genius Loci III ».

Sur le livret associé à la jaquette, O’TRIDAL précise : « Final de ces Karrdi Sessions où, avec tous nos invités, nous célébrons le lieu, l’instant… la vie quoi ! »

C’est ainsi que nous pouvons écouter, une dernière fois pour ce programme, ce remarquable et attrayant trio au style bien particulier, accompagné de ses invités sonneurs de cornemuse écossaise Florent BERGERON, Davy MENGEARD et, à le bassiste Guillaume Le BOURC’H.

Tous les musiciens s’unissent pour accompagner un texte dit, en français, par son auteur, Lors LANDAT apparaissant simultanément, au cours du dernier tiers de la pièce, grâce au re-recording, en seconde ligne vocale, cette fois, exprimée en breton.

Le thème musical, en volutes récurrentes, éclairées par un magnifique duo cornemuses et flûte traversière, soutient des propos oniriques déclamés, un peu, à la manière d’un slam.

« Croire enfin,

Comme le poète

Que la grande main qui nous cloue au sol.

La grande main pourrira.

Et que nous pourrons nous lever, pour aller ailleurs ».

Ce dernier et poétique tableau contemporain, urbain, qui flirte, parfois, avec une certaine abstraction philosophique, est très esthétique.

Nous vous conseillons, vivement, d’acquérir cet excellent et original opus, fort bien enregistré, mixé et masterisé, respectivement par Thibault NIOBE, Ludovic MESNIL et Jean-Claude NORMANT.

Pour l’anecdote, assortie d’une explication du titre de l’opus, les sessions de l’album ont été enregistrées dans le garage quimpérois de Thibault, transformé, pour l’occasion, en studio. Garage se disant Karrdi, en breton… vous nous suivez ?

De l’énergique folk-rock électrisé aux multiples influences du monde, dont irlandaises, comme le suggère le nom du groupe, un programme à danser et/ou à écouter, de fort solides percussions, une allègre et puissante flûte, des lignes de guitares aux riffs convaincants, « Karrdi Sessions » se révèle être une page atypique dans le paysage de la musique armoricaine actuelle s’inspirant des mélodies de l’ailleurs...

Gérard SIMON

Illustration sonore de la page : O' TRIDAL - «Maskl an Davarn» - Extrait de 01:01.

Le site Internet officiel du groupe O' TRIDAL :

D'autres extraits sonores sur Culture et celtie,, l'e-MAGazine :

Les titres du CD de O' TRIDAL - «Karrdi Sessions»

01 - Temple Tuk (10-10) | andro - 05’41.

02 - Maskl an Davarn | circassien - 05’04.

03 - Bag Pondaen 58 | mélodie/reel - 04’55.

04 - Iskiss | ballade - 05’04.

05 - Vefa-Liza | valse - 05’27.

06 - Hent ar C’halon | chanson - 05’09.

07 - Tatanka | ronds de St-Vincent - 05’51.

08 - Pibhakerdenn | jig/reel - 05’34.

09 - Blue Lagoon Meloya | mélodie - 05’43.

10 - Kemperceili | polka - 04’19.

11 - Genius Loci III - 04’50.

Durée totale : 57’44.

CD de O'TRIDAL - «Karrdi Sessions».

Parution : Avril 2019.

Production : Paker prod. :

Distribution : COOP BREIZH :

Réf : 4016302.

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