Yann-Fañch Kemener, passeur de poésie né sous le signe d’Armand Robin

Présentation de livre publié le 17/03/19 19:00 dans Nécrologie par Marie-Josée Christien pour Marie-Josée Christien
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Yann-Fanch Kemener à la chapelle Ste Catherine à Plounévézel
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Les anciennes souches, Armand Robin (Maison de la Culture de Rennes)
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Spectacle sur Armand Robin (Y-F. Kemener)
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Yann-Fanch Kemener : spectacle sur Armand Robin
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Jean Bescond et Y-F. Kemener à l'Ecole des Filles, Huelgoat : lecture d'Armand Robin.

Jean Bescond, collaborateur et chroniqueur de la revue Spered Gouez / l'esprit sauvage, rend ici hommage à son ami Yann-Fañch Kemener :

De toute l’œuvre de Yann Fañch Kemener, le public retiendra évidemment sa musique, ou plutôt ses musiques. Mais il y avait en lui d’origine une face moins médiatique et qu’il aimait rappeler : il était né à Sainte-Tréphine, c’est-à-dire à moins de 10 km de Plouguernével, lieu de naissance d’Armand Robin. Et Armand Robin, justement, c’était sa terre nourricière.

En 1981, alors qu’il est déjà un jeune chanteur connu et prometteur de fest-noz, il est objecteur de conscience à la Maison de la Culture de Rennes. C’est là qu’il publie Les Anciennes Souches, du nom d’un des brouillons d’Armand Robin, un premier livre au contenu et au titre déjà symboliques. Son nom ne figurant pas au générique, il est temps de lui rendre justice : il en a été la cheville ouvrière.

Son rêve secret aura été de construire un vrai grand spectacle Armand Robin, et nous nous rencontrions – trop irrégulièrement, il est vrai - pour réfléchir à cela. En 2000, il pose une première pierre : one man show sur une mise en scène de Madeleine Louarn.

Mais son vrai rêve, c’est de réaliser un spectacle à partir du Temps qu’il Fait, ce roman mythique d’Armand Robin. L’entreprise est complexe, et il sait que la maladie est en train de le rattraper.

Il aimait beaucoup l’improvisation, et il s’y donnait à fond lorsque l’occasion se présentait. Me reviennent deux événements qu’il a su créer en dehors de toute norme. En 2007, à l’initiative du club anarchiste Liberterre de Pontivy il est la cheville ouvrière d’un week-end Robin en trois phases : Samedi soir, repas poétique à Guéméné / Scorff où il improvise des lectures en symbiose complète avec le comédien Nicolas Mourer, on en oublie de dîner, et lui aussi ; Dimanche matin, causerie avec Jean Balcou autour de Robin à ND de Campostal à Rostrenen ; Puis après-midi poétique à la chapelle Sainte-Catherine à Plounévézel : lectures de Robin et gwerz du pays suivis du spectacle Je viens de la solitude avec Nicolas Mourer. Il fait un froid de canard, mais la chapelle est pleine, et le public ravi.

http://mairie.plounevezel.free.fr/plounevezel_site/www.plounevezel.org/spip6e3b.html?article511

En septembre 2012, nous sommes les invités de Françoise Livinec à L’école des Filles à Huelgoat : Malade, il n’a pas pu préparer comme nous l’aurions voulu. Et donc officiellement sa participation doit se limiter à improviser la lecture de quelques textes de Robin que je lui ai préparés. Mais très vite, par des commentaires improvisés, il mêle ses racines à celles d’Armand Robin pour le plus grand bonheur du public, qui en redemande. Il termine ravi, mais sur les rotules. Le public, lui, n’a rien su.

https://www.letelegramme.fr/local/finistere-sud/chateaulin-carhaix/huelgoat/huelgoat/ecole-des-filles-hommage-a-armand-robin-12-09-2012-1835216.php

Son dernier CD, février 2019, Roudennou / Traces (hommage à la poésie bretonne), est son testament : il est consacré aux écrivains qu’il aimait, il sonne comme un adieu (cf Les Marins de Xavier Grall, etc, ). Il contient bien évidemment un clin d’œil à Armand Robin : Lettre à mon père. Ce choix n’est pas anodin : c’est le dernier poème d’Armand Robin avant son renoncement à son écriture poétique.

Jean Bescond

Armand Robin, site


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