Un peu plus de 150 personnes présentes dans ce grand débat organisé par Bretagne Réunie sur le parvis des Nefs, à Nantes. Au-delà d'une participation qui peut paraître faible, il faut noter la qualité des débats, celle des intervenants, et la diversité du public : tout ce qui compte dans le milieu associatif, politique, militant était présent Des cinq coins de Bretagne.
Ce fut assurément une journée mobilisatrice et les participants en sont sortis ragaillardis malgré le froid.
A la tribune se sont succédé :
- Alain Peigné, co-président de Bretagne Réunie, fière de sa pétition à 105.000 signatures qui marquera l'histoire du mouvement breton. Il note qu'il y a eu véritable déni de démocratie de la part du Conseil départemental de L-A «depuis hier, le Droit d'option, c'est fini» et que l'objet de ce grand débat est de réfléchir à la suite à donner à ces plus de 10 % de la population de Loire-Atlantique qui ont signé cette pétition ;
- Sylvie Boisnard, présidente de l'Agence culturelle bretonne de Loire-Atlantique, membre du Conseil culturel de Bretagne : originalité en France que la présence d'une 3e assemblée régionale en Bretagne administrative. Ses avis ne sont que consultatifs, mais souvent écoutés, dans lesquels la Loire-Atlantique n'est pas oubliée ;
Tieri Jamet, le fameux éditeur de An Amzer, qui rappelle que le répondeur de l'office de tourisme à Pornic, en Anglais, annonce la bienvenue à Pornic, en Brittany : «Welcome to Pornic in Brittany» ;
Yvon Ollivier juriste et écrivain, porte-parole de la coordination des juristes de Bretagne, qui demande un statut particulier pour la Bretagne, en cohérence avec l'article 72-1 de la Constitution (1), et dont les frontières peuvent en être modifiées ;
Jean-Pierre Coic, délégué départemental de Produit en Bretagne, qui précise que la Loire-Atlantique est un des départements de Bretagne où la marque Produit en Bretagne est des plus dynamiques ;
Maxime Chéneau, vigneron, rappelant que le Muscadet est un vin breton, que de plus en plus de vignerons mettent en exergue sur leurs bouteilles la bretonnité de leurs productions, n'en déplaise à InterLoire ;
Yves La Bahy, géographe (voir interview ci-dessous) ;
Yann Choucq, avocat, Chancelier de l'Hermine, qui bondit à la question «quelle sera la capitale de la Bretagne». «Cessons avec cette vision jacobine de la nécessité d'une capitale, qui remonte au temps des chars à crottins» ;
Yves Lainé, ex-directeur commercial du Port Autonome de Nantes Saint-Nazaire, puis directeur commercial de la Brittany Ferries qui note que les activités portuaires à Nantes se meurent, par des choix ou des postures parisiennes.
L'ensemble des échanges a été animé par Maelig, administratrice de Bretagne Réunie, qui a lu, avec Yves Averty, coordinateur de l'ACB44, la charte de respect mutuel à suivre pour l'ensemble des débattants.
On peut noter que Bretagne Réunie a fait le choix d'alerter les autorités françaises des conclusions de ce débat, entièrement enregistré, par un autre biais que le circuit officiel «granddebat.fr» voulu par le Président et le Gouvernement.
témoignage de Céline, rencontrée par hasard. «Je viens pour la démocratie», «Oui, je suis née Nantaise et Bretonne» et encore «Nier la réalité, c'est affreux». Tout est dit.
Agence Bretagne Presse : Yves Le Bahy : la Réunification, pourquoi ?
Yves Le Bahy : Il y a trois points :
- la réparation d'une mesure géopolitique injuste. Le peuple breton a été fractionné. Il faut revenir sur cette mesure qui montre la défiance envers la Bretagne. La Réunification est une mesure qui n'a pas à être justifiée. Elle se doit d'être. La Loire-Atlantique, c'est un membre de la famille Bretagne. Elle est vouée à revenir. Il faut par ailleurs respecter le souhait de la population ;
- derrière ce fractionnement se cache la question de la métropolisation. La Réunification va à l'encontre de la métropolisation, nocive. Ce n'est qu'une vision marchande des flux. Une métropole de 500.000 ou 600.000 habitants, c'est peanuts (2) à l'échelle planétaire. Tandis que Bretagne qui serait entièrement métropole, elle aurait du poids. Il n'y a que trois choses en France connues dans le monde : Paris, la Côte d'Azur, et la Bretagne. Profitons-en.
La métropolisation est par ailleurs destructrice pour la Bretagne. Rennes et Nantes deviennent une grande banlieue de Paris, une coopération Rennes-Nantes, ou un arc Bretagne-Sud isole la pointe de la Bretagne. La métropole, c'est la négation de la solidarité, pas seulement entre urbain et rural.
- la vocation maritime de la Bretagne est à l'abandon. Les ports bretons, dont Nantes, ont une logique de projection vers le monde, pas d'hinterland, faute de rivière suffisamment navigable. La métropolisation nie ce fait ;
ABP : Que dit la géographie ?
YLB ! La Bretagne s'arrête clairement sur le seuil qui rompt l'estuaire, à Saint-Florent le Vieil. On retrouve aussi ici le fait qu'il n'y a pas d'hinterland, faute de grands fleuves navigables en amont de Nantes.
Agence Bretagne Presse : Gaël Fleurent, pourquoi le Parti Breton est-il présent ?
Gaël Fleurent : La Réunification, c'est un débat d'avenir culturel, économique. C'est donc un des premiers combats que l'on doit avoir, en tant que parti politique. Je suis pour la démocratie. La séparation de la Bretagne, c'est comme un hold-up. C'est un combat pour le droit universel de l'Homme. En France, il n'est pas respecté.
ABP : Des échéances électorales approchent. Quel sera votre positionnement ?
GF : Le Parti Breton a fait ses preuves quant à l'ouverture vers les autres mouvements. Il ne faut jamais renoncer. Au-delà de la politique au niveau électoral, il faut arriver à une gouvernance qui associe les associations, la société civile. Je crois à la notion de coopérative, qui n'empêche pas les positionnements, à l'image de la coopérative qui a mené à une liste bretonne unique en 2015. Il faut allier la richesse de la diversité bretonne à la nécessité de la coopération.
Agence Bretagne Presse : Pierre-Emmanuel Marais, pourquoi l'UDB est-elle est-elle présente ?
Pierre-Emmanuel Marais : Notre espace politique, c'est la Bretagne à cinq départements. Nous tâchons d'être présents partout, notre seule limite c'est la présence de l'extrême droite. La réussite de cette pétition, où nous avons pris notre part, c'est un moment extraordinaire. La demande du Département d'organiser un (vrai) référendum, ce n'est pas impossible.
ABP : Des échéances électorales approchent. Quel sera votre positionnement ?
P-EM : Nous travaillons actuellement sur les municipales. Pour les régionales, 2015 avait été décevante, je parle bien entendu des résultats, pas de la dynamique. Mais nous ne nous sommes pas encore positionnés. Ce n'est pas à l'agenda.
(1) Article 72-1 de la Constitution
Les collectivités territoriales de la République sont les communes, les départements, les régions, les collectivités à statut particulier et les collectivités d'outre-mer régies par l'article 74. Toute autre collectivité territoriale est créée par la loi, le cas échéant en lieu et place d'une ou de plusieurs collectivités mentionnées au présent alinéa.
(2) explication : peanuts : cacahuètes expression anglaise équivalente de des clous
■Pour les futures élections:
Plus d'alliances avec les partis français qui« sont morts politiquement» dixit le Pr Loic Blondieaux en Sciences politiquesà l'université de Panthéon/Sorbonne à St Nazer le 6 Mars et ce devant les élus et cadres du PS du paus Nazairien.
Des listes d'unions en Bretagne sur la base de la Plate forme de Carhaix et en ouvrant aux nouveaux acteurs sociaux locaux.
Soyons nous même.
Fini la collaboration.
Mais s'agissant de cet exemple précis de «déni de démocratie» qui nous est imposé en quelque sorte «en laboratoire» par ceux-là mêmes qui sont en place pour la faire respecter : n'y a-t-il pas de suites juridictionnelles à engager ?
Possible ou pas ? Quand ? Comment ? Devant quel type d'instance ? Française ou, les choses étant ce qu'elles sont : Européenne ?
Je pose la question à tous les férus en droit, à commencer par nos juristes.
Notre combat est démocratique et les partis républicains français sont des jacobins à l'idéologie malsaine.
Que le mouvement breton et les bretons dans leurs ensembles se le disent pour les prochaines élections.
Il nous faut une alliance «partis bretons + écologiste» qui est la seule alternative au «gauche-droite» qui nous confisque nos droits et le pouvoir.
Je note d'ailleurs que Saint-Florent-Le-Viel (44), aux confins orientaux de la Bretagne, résonne encore d'un cri fameux - «Grâce aux prisonniers!» - qui a fait date dans l'histoire des guerres de chouannerie et de la Vendée militaire,et qui donne à celles-ci un caractère moderne et civilisationnel. L'exact contraire de la barbarie (attentats, califats et groupuscules en tous genres) à laquelle on assiste ces dernières années.
La revendication bretonne s'appuie aussi, il me semble et en tout cas je l'espère, sur ce prestigieux passé de lutte pour la liberté et la dignité humaine. En ce sens, elle est profondément actuelle et futuriste.
Dre ma teu Breizh eus donder an istor ha gant ma viro he ene, e yelo-hi pelloc'h c'hoazh!
je pense que des outils de veille juridictionnelle avec des avocats en appui,devraient être mis en place.
Une trésorerie de financements sera à mettre en place avec l'application de la plate forme.
Il y a urgence à construire l'union pour les élections municipales de 2020 et appeler les acteurs de la vie culturelle sportive,syndicale bretonne à se positionner.
La tribune de Ph Grosvalet Pdt du CT 44 sur OF /Pas de droit de réponse obtenu,des organisations bretonnes?L'ont elles demandé ?
Le floutage des photographies,le gommage des expressions pro bretonnes dans les actions ,posent un grave problème d'expression ,avec une situation de monopole de la presse écrite,et télévisuelle.
Je pensais que samedi à Nantes des actions annoncées et des expressions fermes auraient été faites.
RIEN?
Des démarches doivent être programmées pour rencontrer les directions de ces médias qui nous boycottent.
Des démarches vers les «sociétés secrètes» seraient aussi à entrependre.Sociétés d'entente républicaine multi courant politique.
Il n'empêche, la petite bourgade, haut-lieu historique plantée au milieu d'un environnement paisible, aujourd'hui noyée dans un redécoupage communal, mérite la visite. Voir notamment la statue dite du «pardon de Bonchamps», par David d'Angers, excellent sculpteur s'il en est, dont l'existence est placée en dépendance même de cette fameuse injonction, au goût d'éternité, qui a traversé la grande Histoire. Voir la page Wikipedia consacrée au général Bonchamps: Voir le site
Visiter Saint-Florent aujourd'hui, c'est se présenter, comme sur un balcon, à la porte de la Bretagne historique: il suffit…de passer le pont. Et cela reste impressionnant pour quiconque n'a pas la mémoire courte. Impressionnant eu égard à la Bretagne, impressionnant eu égard à ceux qui se sont levés face au bain de sang et aux ravages révolutionnaires. Pour leur liberté et la nôtre!
Certes, ce constat ne plaira pas à la bien-pensance athée, colorée «bobo». Une visite sur place, et dans les alentours sur la trace des «colonnes infernales» (républicaines), s'impose comme un exercice de mémoire et d'intelligence historique. Les Blancs (insurgés, défenseurs en haillons de valeurs parmi lesquelles le droit de « croire »), en luttant contre les Bleus (soldats adossés aux canons d’un ordre nouveau), ont empêché que la Révolution française n'aille aux extrêmes d'autres révolutions pas si lointaines (la soviétique, par exemple).Il me semble que Soljenitsyne a dit quelque chose là-dessus.
Il vaut la peine d'en évaluer la conséquence sociétale jusqu'à aujourd'hui, spécialement dans un temps où la «bête», toujours avide de pouvoir et de mort, ressort ses griffes.
A-wechou e teu din lorc'h ha resped e-keñver an dud-se (ar re wenn) ha fiziañs en dazont war o lec'h. Gant ma vevo Breizh!
Effectivement, sur la rive gauche, l'Anjou s'ouvre sur Champtoceaux, Liré puis Saint-Florent. Du Bellay nous affirme que le secteur est bien angevin. « Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,Plus mon petit Liré, que le mont Palatin. Et plus que l’air marin la douceur angevine » Angevine Saint-Florent. Mais perchée sur un piton rocheux du massif armoricain, dominant la Loire et l'île Batailleuse- ancien campement de vikings--, Saint-Florent fait face à Varades en Bretagne..
Peu après le Pardon de Bonchamps en octobre 1793, la situation s'inverse. En décembre 93. Puis en mars 94, 2 000 « vendéens » hommes, femmes et enfants sont enfermés dans l'abbatiale. Les Républicains les font sortir et les abattent dans le champ situé à 1km et appelé depuis le « champ des Martyrs » Bien vite oubliée, la grâce de Bonchamps !(« vendéen »dans le sens de révoltés de la « Vendée militaire »)
Bonchamps n'était pas un inconscient mais un héros : aux paysans qui sont venus le chercher, il leur a prédit : « allons-y mais nos habitations nos fermes seront brûlées... »
Un autre chef vendéen le général Cathelineau est aussi enterré dans une chapelle à Saint-Florent. Après avoir été tué place Viarme à Nantes. Au même moment de nombreux « vendéens » sont envoyés à Nantes pour y être noyés dans la Loire par Carrier. »
Ajoutons qu'à Saint Florent se trouve encore la tour de la Gabelle rappelant le commerce du sel avec la Bretagne. ( l'Anjou elle, renvoyait la chaux, le sable). Saint Florent est aussi la patrie de Julien Gracq qui a vécu à Nantes et est l'auteur de « La forme d'une Ville » Nantes évidemment.
Alexandre Soljenitsyne a participé et prononcé un discours à l'inauguration du Mémorial des guerres de Vendée établi sur un autre site martyr : Les Lucs sur Boulogne.